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Par le cherche midi éditeur, publié le 29/09/2023

Jonathan Santlofer « Ce que je préfère, c'est inventer des scénarios et des histoires qui auraient pu être vrais. »

Artiste-peintre à New-York, Jonathan Santlofer s'est lancé dans une aventure folle : écrire des thrillers basés dans le monde de l'art et inspirés de faits connus. Dans cette première enquête de son héros Luke Perrone, il s'inspire du vol de La Joconde et développe une hypothèse étonnante autour du tableau de Léonard de Vinci, qui passionnera les amateurs d’histoire et d’intrigues. Rencontre passionnante avec Jonathan Santlofer.

 

Comment avez-vous entendu parler du vol de La Joconde par Vincent Peruggia ?

Je lisais une brochure sur l’histoire du musée du Louvre, et le vol n’y était que brièvement mentionné, mais cette histoire m’est restée et a titillé mon imagination : l’idée que quelqu’un puisse dérober La Joconde en plein milieu du musée !

Pensez-vous que votre interprétation des événements puisse être la réalité ?

Je me suis basé autant que possible sur des faits – des articles de journaux concernant le vol et les nombreuses théories des historiens de l’art –, mais au bout du compte, ce que je préfère, c’est inventer des scénarios et des histoires qui auraient pu être vrais.

Luke et Smith forment un duo peu ordinaire. Y a-t-il quelque chose en particulier qui vous a inspiré ce rapport de confiance prudente et de dépendance l’un envers l’autre ?

Au départ, leur relation est basée sur le besoin : chacun ne peut pas obtenir ce qu’il veut seul. Au bout d’un moment, ils commencent à respecter l’intelligence et l’implication de l’autre. J’ai beaucoup pensé à ces deux hommes, qui viennent de milieux difficiles et qui ont dû se forger seuls, devenir de nouvelles personnes, ce que bon nombre d’entre nous font pour avancer, parfois même pour survivre. J’ai vu ça comme un lien entre eux, car chacun voit un peu de lui dans l’autre. Pour moi, c’est l’une des qualités humaines les plus importantes : la capacité à comprendre les autres.

Vous êtes vous-même artiste et copiste. Comment votre expérience dans ce domaine a-t-elle façonné le livre ?

Le fait d’être allé dans une école d’art et d’être peintre m’a aidé à comprendre Luke et ses désirs, mais aussi ceux du faussaire du livre, Yves Chaudron.

Je peins des copies d’œuvres célèbres pour des collectionneurs d’art depuis plus de deux décennies. Je ne les fais jamais passer pour des originaux, mais je fais de mon mieux pour réaliser des copies exactes tout en respectant les recommandations légales en matière de reproduction d’œuvres : je change le format ou le support, j’utilise du matériel moderne qui apparaîtrait comme tel en cas d’inspection scientifique, et je signe toujours MON nom au dos. Créer des « faux » m’a permis de mieux comprendre le monde de la contrefaçon, comment on se glisse en quelque sorte dans la peau de l’artiste dont on copie le travail, et à quel point c’est excitant de se retrouver avec un tableau qui ressemble précisément à un Picasso ou à un Manet, mais qu’on a fait soi-même.

Quand ma fille avait une dizaine d’années, elle m’a demandé pourquoi je ne vendais pas mes reproductions comme des originaux. Je lui ai expliqué pourquoi il était illégal de reproduire les œuvres de quelqu’un d’autre et les faire passer pour les siennes. Elle a compris, mais elle trouvait quand même que j’aurais dû les vendre comme si c’étaient des vraies !

Quelles sont les idées reçues les plus répandues au sujet de la contrefaçon et de la reproduction de chefs-d’œuvre célèbres ?

Je crois que la plupart des gens pensent que les contrefaçons sont faciles à détecter, mais ce n’est pas vrai. Beaucoup de faussaires sont passés entre les mailles du filet pendant des décennies et ont réussi à tromper des musées, des maisons de ventes aux enchères et des experts. En général, ils finissent par commettre une erreur (comme utiliser un pigment qui n’a été inventé que quelques années après le tableau qu’ils copient), et voilà : ils se font attraper. Il existe de nombreuses contrefaçons dans des collections d’art et des musées célèbres du monde entier qui n’attendent qu’à être détectées.

Comment construisez-vous vos personnages ? Est-ce que certains de vos amis ou de vos connaissances se retrouvent dans votre livre ?

Pour moi, les personnages prennent vie sur le papier. J’ai une idée de personnage, mais je ne sais pas vraiment qui il est avant de commencer à écrire. Ensuite, je dois penser à son apparence, sa façon de parler, ses motivations. Et ça change tout le temps. Je réécris en permanence en me disant : Untel ou untel ne dirait jamais ça. Certains de mes amis et leurs caractéristiques se glissent parfois dans mon écriture, mais la plupart du temps, mes personnages deviennent des gens à part entière, et j’ai tendance à penser à eux comme à de vraies personnes. En fait, ils ont peut-être tous un peu de moi en eux, car en fin de compte c’est moi qui les écris/crée.

Dans quel personnage vous reconnaissez-vous le plus ? Sur lequel avez-vous préféré écrire ?

Dans ce livre, je me sens plus proche de Luke. C’est moi en plus jeune, plus grand, plus beau, plus intelligent et plus talentueux. Mais mon personnage préféré, c’est souvent celui sur lequel j’écris au moment où je l’écris. J’adore inventer des méchants et des psychopathes parce que je cherche toujours à voir ce qui les fait vriller. Les gens horribles sont très amusants sur le papier, mais si horribles dans la vraie vie !

Smith décrit les collectionneurs privés comme des voleurs qui privent le reste du monde de certaines œuvres d’art. Êtes-vous d’accord avec lui ?

Non. C’est logique pour un personnage qui travaille à INTERPOL de penser comme ça, mais la plupart des collectionneurs d’art que je connais sont des gens qui aiment l’art et veulent vivre cette passion. Si je pouvais me le permettre, je le ferais aussi.

Comment faire pour que les œuvres d’art soient partagées équitablement ?

Les musées sont des lieux d’équité, des espaces ouverts au public qui gèrent des chefs-d’œuvre de toutes envergures. Récemment, j’étais au Metropolitan Museum of Art de New York, et c’est l’un des meilleurs endroits au monde. On peut passer la journée à s’imaginer porter une armure ancienne, parcourir le temple égyptien de Dendour, ou admirer des tableaux impressionnistes – on y trouve toutes les formes d’art que l’on veut.

Mais il existe de nombreuses formes d’« art ». On peut par exemple encadrer un carnet de timbres (comme je l’ai fait récemment avec un timbre à l’effigie de Marvin Gaye) et l’accrocher au mur : c’est très joli et ça ne coûte que le prix des timbres.

Les différentes strates de surveillance ajoutent une dose d’angoisse à l’intrigue, même quand Luke prend son temps pour avancer dans ses recherches. Comment trouvez-vous le bon équilibre entre suspens et frustration dans le rythme du roman ? 

La frustration d’un personnage n’a rien à voir avec le rythme du livre, qui est un élément à part, contrôlé par l’auteur. Le lecteur se dit : Dépêche-toi, Luke, parce qu’il a de l’avance sur lui et s’inquiète, ce qui est précisément le but recherché car cela permet de faire augmenter le suspens.

Avez-vous des conseils pour les futurs écrivains, surtout ceux qui s’intéressent à l’histoire et aux polars ?

Comme je le dis toujours, lisez. Quand on lit, on perçoit des choses qui ne nous viendraient pas autrement. En plus, on apprend des autres auteurs. Si vous voulez écrire un polar, lisez-en un certain nombre et disséquez-en quelques-uns pour voir comment l’auteur a composé l’intrigue. Il en va de même pour les romans historiques. Mon inspiration initiale pour écrire ce livre m’est venue de deux romans, Possession et Sarah et le lieutenant français. Bien sûr, je lis tellement de romans policiers qu’une partie de mon cerveau se demande en permanence : Où réside le mystère ? Dans n’importe quel livre, j’ai besoin de savoir : Quel est le « moteur » qui dirige l’histoire ?


L'Héritage Monna Lisa - Les enquêtes de Luke Perrone
Paris, 21 août 1911. Un homme s’introduit de nuit dans le musée du Louvre et s’empare de La Joconde. La stupeur est internationale. Le tableau ne sera retrouvé que deux ans plus tard, à Florence.

Florence, 2019. L’historien d’art Luke Perrone se rend dans la légendaire bibliothèque de la basilique San Lorenzo. Le journal de son grand-père, Vincent Perrugia, le voleur de La Joconde, vient d’être retrouvé par un collectionneur. Grâce à ce document inestimable, Luke espère résoudre quelques mystères vieux d’un siècle : qui a commandité le vol ? et pourquoi ?

Accompagné d’un inspecteur d’Interpol de Lyon et d’une étrange jeune femme rencontrée à Florence, Luke se lance dans une quête qui le mènera du monde des collectionneurs à celui des moines franciscains. Il comprendra bientôt à quel point ses recherches mettent en danger de mystérieux adversaires, prêts à tout pour laisser dans l’ombre une vérité dérangeante.

Avec cette première enquête de Luke Perrone, Jonathan Santlofer nous propose, entre Paris et Florence, une exploration passionnante des arcanes du monde de l’art. Se fondant sur des faits réels, il développe une hypothèse étonnante autour du tableau de Léonard de Vinci, qui passionnera les amateurs d’histoire et d’intrigues.

« Un roman d’intrigue fascinant, plein d’anecdotes relatives à l’histoire de l’art en général, et en particulier à Léonard de Vinci. » – Joyce Carol Oates

« Jonathan Santlofer tisse une toile remarquable avec ce roman que l’on ne peut pas lâcher et dont les rebondissements insoupçonnables suscitent un suspense de tous les instants. » – Michael Connelly

« Fabuleux – Immersif, intriguant et rempli de suspense […], Santlofer était né pour écrire ce thriller ! » – Lee Child

«  Un livre délicieusement angoissant. » – Ruth Ware

 

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