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Face à face : un drame et tout bascule
Publié le 24/06/2025 , par Laurence Caracalla

Il suffit de quelques secondes, et, soudain, des vies basculent. Pour les témoins d’un meurtre, pour l’entourage d’une victime, plus rien ne sera jamais comme avant. Les romanciers Michel Bussi et Hannah Deitch s’emparent tous deux d’événements dramatiques pour en décrypter les conséquences.
L’enfance d’Ophélie, dite Folette, a été détruite. Dans le roman de Michel Bussi Mon cœur a déménagé, elle a sept ans quand elle apprend la mort brutale de sa mère, qui pourtant avait prévenu : un jour, son mari la tuera. Mais la petite fille sait que personne ne lui a tendu la main. Comment, alors, se consoler de cette immense perte ?
Evie, l’héroïne du thriller de l’Américaine Hannah Deitch Ennemies publiques, n’est plus une enfant, mais une trentenaire, elle est aussi mêlée à une sombre affaire de meurtre.
Toutes deux, aussi différentes qu’elles soient, vont se métamorphoser. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Placée dans un foyer, Folette ne rêve que de vengeance. Vengeance contre ceux qui auraient dû sauver celle qu’elle ne finit plus de pleurer. Sa douleur est immense, sa rancune dévorante, et elles lui feront prendre des chemins périlleux pour assouvir son envie de revanche. Comment, sinon, accepter ce drame intime, ce sentiment d’abandon ? Le souvenir de ces jeunes années ne s’efface pas, sa vie entière reste suspendue à ce moment-là. Son amie Nina, son éducatrice Béné, pourtant omniprésentes et formidablement protectrices, n’y pourront rien. Le romancier s’attache à nous faire découvrir le destin des enfants élevés en foyer, et il connaît bien cet univers. Il décrit avec tendresse et vérité la solidarité des fillettes perdues, le dévouement – et la patience ! – des éducateurs, les chagrins que l’on ne raconte à personne, si ce n’est à une petite boîte qui les contient tous. Folette souffre en silence, mais n’a pas dit son dernier mot. Sa violence est invisible, mais intacte. Peut-on un jour se libérer de sa colère ?
C’est aussi une des questions que pose ce thriller à la Thelma et Louise de Hannah Deitch. Professeure particulière, la narratrice, Evie, découvre un jour les corps ensanglantés des parents de son élève dans le jardin de leur maison. Mais, plutôt que d’appeler les secours, elle s’enfuit en voiture avec une femme retrouvée ligotée dans un placard, signant alors sa culpabilité. Issue d’un milieu modeste mais excellente élève, Evie a depuis toujours côtoyé des étudiants de la upper class américaine. Et malgré ses brillants résultats demeure en elle ce complexe d’infériorité : elle ne sera jamais leur égale. Partir ainsi, traverser les États-Unis avec, à son bord, une jeune femme mutique et pour le moins étrange, devenir en un instant la hors-la-loi la plus recherchée du pays, n’est-ce pas le moyen de se transcender ? Ses démons étaient en elle, depuis toujours, il lui a suffi de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment, pour qu’ils se manifestent.
Folette et Evie, deux héroïnes complexes. Avec ces êtres ordinaires affrontant un cataclysme, les auteurs façonnent de vrais personnages romanesques et magnifiques. Terriblement humains.