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Par Lisez, publié le 15/09/2023

La Minute Lecture : La Colère et l'Envie d'Alice Renard

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C'est d'une petite fille différente dont Alice Renard nous parle dans son premier roman La Colère et l'Envie publié aux éditions Héloïse d'Ormesson. Un mot qui veut tout dire, qui ne veut rien dire. Un roman à découvrir sans plus attendre.

Isor n’est pas autiste, n’est pas handicapée, elle est comme venue d’ailleurs. Tendre et joyeuse, inventive et curieuse. Mutique et colérique aussi. Une enfant pas comme les autres, un drame dans notre société. Le regard des autres est autant de coups de poignard dans le cœur des parents. Pour les médecins, elle est d’abord un objet de curiosité puis, au fil des années, une patiente encombrante. Son histoire, nous la découvrons de la bouche même de son père et de sa mère. Car, dans ce premier roman, précieux et singulier, ce sont d’abord eux qui prennent la parole.

Maude est pompier, habituée à combattre le feu, incapable de lutter contre les démons de son enfant. Pourtant, l’amour qu’elle porte à Isor est inconditionnel. Entendez qu’elle cherche d’abord ce qu’il y a de beau dans sa fille, un détail, une attitude, une tresse emmêlée, une danse improvisée, elle prend tout. En tout cas ce qu’Isor veut bien lui donner. La patience de son père, Camillio, est mise à rude épreuve. S’il aime profondément sa fille, il est désemparé et ose, lui, s’avouer vaincu : trop de cris, trop de chaos, trop de peur sans doute.

Qui est Isor ? Une adolescente à la fois splendide et impénétrable que tous tentent en vain de décrypter. Peu à peu, le lecteur se prend au jeu : pourquoi ce besoin de fuir les quatre murs de sa maison, quelle est cette envie irrépressible d’espace, d’oxygène ? Pourquoi ne dit-elle rien, refuse d’apprendre, pourquoi cette vie sauvage ?

Une troisième personne va enfin entrer dans le monde d’Isor, un vieil homme, Lucien, le premier à la comprendre ou plutôt à ne pas essayer de la comprendre. Le silence en dit plus long que les mots. Dans une deuxième partie, c’est lui qui relate sa relation quotidienne, d’abord surprenante puis privilégiée avec cette petite insoumise devenue adolescente. Et cet autre regard change la donne.

Alice Renard, l’auteur du roman, a, elle, 21 ans mais semble avoir vécu mille vies. Si elle raconte le monde de son héroïne avec autant de poésie que de réalisme, elle sait aussi exprimer la souffrance des parents, leur inévitable culpabilité. Et que dire de ses pages sur la vieillesse ? Comment cette toute jeune romancière peut-elle se mettre si habilement dans la peau d’un homme âgé, décrire l’ennui, les journées toutes semblables, la lenteur qui soudain s’empare du corps ? Les après-midis passés avec Isor sont sans doute les plus belles pages du livre : tant de petites routines, de gestes tendres, de musiques vibrantes, tant d’amour entre ces deux-là. Grâce à lui, Isor ne sera plus la même, ses parents vont devoir l’accepter. Accepter aussi son immense envie de liberté, et comprendre qu’elle leur ressemble bien plus qu’ils ne l’imaginaient.

Ce petit livre ne s’apparente à aucun autre, il trouble et il émeut. Une jeune et talentueuse auteure est née. Et gageons, sans prendre beaucoup de risque, qu’Alice Renard nous réserve encore bien des surprises.

 

La Colère et l'Envie
Isor n’est pas comme les autres. Une existence en huis clos s’est construite autour de cette petite fille mutique rejetant les normes. Puis un jour, elle rencontre Lucien, un voisin septuagénaire. Entre ces âmes farouches, l’alchimie opère immédiatement. Quelques années plus tard, lorsqu’un accident vient bouleverser la vie qu’ils s’étaient inventée, Isor s’enfuit. En chemin, elle va enfin rencontrer un monde assez vaste pour elle.

La Colère et l’Envie est le portrait d’une enfant qui n’entre pas dans
les cases. C’est une histoire d’amour éruptive, d’émancipation et de réconciliation. Alice Renard impose une voix d’une incroyable maturité ; sa plume maîtrisée sculpte le silence et nous éblouit.

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