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Par Sonatine, publié le 25/05/2023

Les Maudits : une interview de Tarn Richardson !

Loups-garous, Première guerre mondiale, Inquisiteurs chasseurs de monstres... À l'occasion de la sortie des Maudits, premier tome de sa trilogie La Main noire, Tarn Richardson a accepté de répondre à nos questions sur ses inspirations, son rapport à l'Histoire et à l'horreur et sur ce qui attend nos personnages dans le deuxième tome à paraître en octobre 2023 !

SONATINE : Des loups-garous dans les tranchées… Difficile de résister à un pitch pareil ! Comment vous est venue cette idée ?

TARN RICHARDSON : Je me suis rendu dans le nord de la France sur les traces de mon grand-oncle qui était soldat pendant la Première Guerre mondiale, et qui malheureusement est mort sur le champ de bataille. C’était un voyage incroyable, qui m’a profondément ému et inspiré. J’ai tout de suite su que je voulais mettre en mots ce que cette expérience m’avait appris, tant sur la notion de sacrifice que sur ce que les hommes sont prêts à faire pour survivre, l’idée qu’on peut finir par devenir un monstre de peur d’en être un.

C’est comme ça que m’est venu le thème du loup-garou. Les soldats ont été forcés de faire des choses atroces pour survivre, ce qui est exactement la dynamique du loup-garou, sauf que lui n’a pas le choix.

Le genre de l’horreur est un vecteur parfait pour traiter ces thématiques ; je le trouve plus accessible et émotionnellement plus fort pour exprimer les sentiments de danger et de peur que la littérature classique. Je ne voulais pas écrire un texte qui détaille sèchement les atrocités de la guerre, l’horreur me semblait plus adaptée pour explorer l’impact qu’ont sur les hommes des périodes de crise et de grand danger.

En menant des recherches sur le mythe du loup-garou, j’ai été surpris de découvrir qu’il partageait une histoire ancienne et riche avec l’Église catholique. J’ai compris que je tenais là les deux premiers sommets d’un triangle qui formerait la base de l’histoire que je voulais écrire : la Première Guerre mondiale et la religion. Il ne me manquait plus que le troisième sommet.

C’est alors que l’inquisiteur Poldek Tacit est entré dans ma vie.

 

S. : Poldek Tacit est un antihéros complexe, à mi-chemin entre Claude Frollo et L’Exorciste, et le récit de ses origines est presque aussi important que l’intrigue principale du roman. Avez-vous su dès le début qu’il serait votre personnage principal ?

T. R. : En tant qu’auteur, ça me tient à cœur d’écrire des personnages à la personnalité dense. Je voulais que mon héros ait différents niveaux de lecture qui puissent s’actualiser au fil du récit, qu’on découvre le petit garçon qu’il était avant que le chaos et les tourments le transforment en le monstre qu’il est devenu – un monstre cependant toujours doté d’un cœur, d’espoirs et d’élans vers le bien. Tacit ne pouvait pas simplement être un héros massif et plein de muscles qui arrive pour dézinguer tout le monde à la mitraillette. Je voulais que ce personnage d’inquisiteur soulève des questions chez le lecteur.

J’avais aussi envie d’explorer les racines de son addiction, comment celle-ci lui permet de cacher sa douleur et sa colère, et comment ces sentiments enfouis font à nouveau surface tandis que Tacit débusque les loups-garous dans des monastères où ça tire à tout va ! On a tous des démons. Certains arrivent à les contrôler, certains les gardent enfermés, mais d’autres ont recours à l’alcool ou aux drogues pour parvenir à coexister avec eux. Tacit m’a permis d’observer de l’intérieur un homme qui doit littéralement se battre contre ses démons.

Pourtant, ce n’était pas censé devenir le personnage principal de l’histoire ! Au début, je voyais plutôt Sandrine dans ce rôle. J’adorais l’idée de plonger une femme badass dans l’environnement éminemment masculin de la Première Guerre mondial, et la laisser foutre le bordel !

Mais après avoir découvert la richesse du folklore autour du loup-garou et du catholicisme, l’Inquisition m’a paru être la meilleure colonne vertébrale du roman. C’est ainsi que l’inquisiteur Poldek Tacit a trouvé sa place.

 

S. : Les cadres de la Première Guerre mondiale et de la religion sont plutôt masculins, et pourtant ce sont les personnages féminins qui volent la vedette ! Était-ce dur ou évident de les inclure dans une histoire de conflit armé et de lutte contre le mal ?

T. R. : Pour moi, la présence de personnages féminins solides dans Les Maudits était une évidence. Ça aurait été trop facile de me laisser imposer un casting uniquement masculin à cause de ce cadre belliqueux et religieux, et le roman aurait été une succession de clichés sur les armes, le sang et la gadoue. Je voulais trouver un équilibre, pas seulement entre le masculin et le féminin, mais surtout pour contrebalancer le poids flagrant de Tacit au sein du récit. Les Maudits est construit autour de lui, mais il ne fallait pas qu’il monopolise l’histoire. Isabella est plus qu’admirablement son égale, l’étoile autour de laquelle Tacit se retrouve à graviter.

Quant à Sandrine, je la vois comme le miroir de Tacit, une femme incroyablement forte et déterminée, mais qui est elle-même appesantie par son passé et ses démons. Au fil du roman, le lecteur va découvrir à cause de quoi et à quel point son âme est endommagée. J’ai adoré écrire ce personnage de femme brillante, au tempérament d’acier, qui surpasse chacun des hommes qui croisent son chemin !

Le tout était de réussir à faire exister ces deux femmes dans l’histoire que j’écrivais. Pour Isabella, la solution était toute trouvée puisqu’elle m’a été soufflée par cette disposition étonnante (mais tout à fait attestée) de l’Église catholique qui a employé des femmes au tournant du xxe siècle pour des opérations similaires. Sandrine, elle, était indispensable pour développer la thématique du loup-garou donc sa place était clairement définie dans mon esprit. Cela dit, c’est un personnage féminin tellement puissant qu’elle pourrait exister dans n’importe quel contexte !

 

S. : Pour finir, que pouvez-vous dire aux lecteurs qui meurent d’envie de savoir ce qui arrivera à Poldek Tacit après Les Maudits ?

T. R. : Difficile d’en raconter plus sans risquer de spoiler ceux qui n’ont pas encore lu le roman ! Disons juste qu’à la fin des Maudits, la guerre comme le monde n’en ont pas fini avec Tacit. J’ajouterai même qu’on n’a jamais eu autant besoin de lui, alors que les forces du mal précipitent tout et tout le monde dans l’Apocalypse.

Tacit est abîmé, mais il est encore entouré de sa bande loyale de héros et héroïnes qui l’aideront à rassembler et unir les forces contre le chaos de la Première Guerre mondiale. Une tâche qui les confrontera à une errance impérieuse à travers les frontières montagneuses du nord de l’Italie et à des enjeux encore plus terrifiants !

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