Mémoires d'un rat (Nouvelle édition) : Le livre de Andrzej Zaniewski, Dominique Autrand

Numérique

Belfond

0 personnes ont réagi

" Cher lecteur, n'oublie pas que, lorsque j'ai décrit de façon minutieuse et naturaliste l'existence d'un rat, c'est à toi que je pensais. "

" Je n'ai pas retenu grand-chose de ce lointain éveil de ma conscience, du temps où je ne savais même pas que j'étais un rat et où mon imagination, encore en sommeil, n'expliquait rien, ne pressentait rien.
Outre mon attirance vers la lumière, vers la moindre source de clarté transperçant mes paupières, je réagissais aux couinements aigus de ma mère. S'ajoutant à l'odeur des mamelles et à la chaleur rassurante, ils étaient là pour me guider, m'instruire, me contraindre.
Mon ouïe n'est pas encore formée, mes orifices auriculaires sont soudés et seule une toute petite partie des sons pénètre à l'intérieur. Pourtant, je distingue aussitôt le cri perçant de ma mère que j'associe à la chaleur et au goût délicieux du lait.
Ma peau, jusqu'à présent nue et rose, se couvre peu à peu d'un délicat duvet gris, je le sens, j'ai de plus en plus chaud. Désormais je ne crains plus de rester couché à découvert. "

De (auteur) : Andrzej Zaniewski, Dominique Autrand
Traduit par : Christophe Jezewski

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis des libraires

" Au fil des pages, nous reconnaissons, avec l'horreur et la pitié de la tragédie antique, le visage humain sous le masque bestial et le mythe derrière la sordide anecdote. Ce rat qui, dans une puante cale de cargo, rêve de la douce cave de boulangerie où il vit le jour, c'est Ulysse en mal d'Ithaque. Ce rongeur poussant un œuf qui retombe sans cesse sur un plan incliné, c'est l'infortuné Sisyphe avec son rocher. Ce monstre qui tue son père et saillit sa mère, c'est Œdipe, le damné de nos divans. Il aura, lui aussi, les yeux crevés par la férocité des hommes. "|Paul-Jean Franceschini
L'Express

Avis Babelio

SZRAMOWO

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

J'ai découvert ce livre par hasard. le post de Isabelle Duquesnoy, l'historienne, sur Babelio affirme, pas moins, qu'il faut ressusciter Andrzej Zaniewski, et juge son roman sous-côté tout en affirmant que pour elle, le Petit Prince est sur-côté. Intéressant. le rat contre le mouton. Ça vous a un petit air de la Commune de Paris, Rat, « goût de mouton » pouvait-on lire à l'époque sur les ardoises des restaurants de Paris assiégé. Je m'égare. Je suis allé voir de plus près ce Zaniewski et son roman. Publié en 1979 en Pologne, traduit en France en 1994, un succès relatif…Et puis, BOUM ! Laetitia Hallyday, après la mort de Johnny, déclare que c'était le roman favori du chanteur. Détour par un article du Nouvel Obs signé Elisabeth Philippe , le 8 novembre 2018 « Les bandeaux «Prix Goncourt» et autres «Prix Médicis» peuvent aller se rhabiller. Les éditions Belfond ont tué le game, comme ne disent certainement plus les jeunes. Pour appâter le chaland et lui donner envie de se ruer sur le roman «Mémoires d'un rat» du Polonais Andrzej Zaniewski - qui ne part a priori pas gagnant en librairie -, elles ont trouvé l'argument marketing massue, le slogan ultime : «Le livre que Johnny Hallyday offrait à ses amis.» Bim. » Sur la postface de l'édition de 2018, l'auteur y va de sa petite musique sur Johnny, son lecteur le plus connu : « la pente fut toujours abrupte pour lui… (…) Je suis heureux (…) qu'il y ait trouvé en un sens, des similitudes avec lui, qu'il se soit senti proche du héros - un être animal et humain à la fois. » On ne sait pas ce qu'en pense Johnny depuis le paradis des artistes… Mais, c'est bien ce qu'il se passe quand on rentre dans ce roman diabolique. On s'identifie à un rat. On vit rat. On mange rat. On boit rat. On b…rat ! Une expérience étrange et dérangeante, mais inédite. Qui n'a jamais rêvé : De naître rat ; « guidé par l'odeur du lait dans les mamelles gonflées et par la chaleur d'un ventre (…) j'ai distingué pour la première fois, à travers la fine membrane de mes paupières soudées, une ombre grisâtre (…) C'était le reflet d'une ampoule allumée ou d'un rayon de soleil pénétrant à midi par le soupirail de la cave (…) » De grandir rat ; « l'on ne se déplace que guidé par ses vibrisses. (…) Une araignée (…) croise mon chemin, je la touche du bout de mes vibrisses. (…) Un mouvement de mes incisives suffirait à lui ôter la vie.» De connaître le danger ; « Des hommes. Ce sont des hommes - nos pires ennemis (…) c'est la première fois que j'en vois, la première fois que je sens leur odeur (…) Les effluves acides de leur sueur emplissent la cave. » De s'en affranchir ; « Ainsi j'apprenais à tuer, toute ma vie j'ai appris à tuer. (…) Ma mère cherchait donc à nous préparer le plus vite possible à mener une vie indépendante. » De parvenir enfin à fonder une famille ; « Nous, les rats formons des couples où chacune des parties se montrent très jalouse, bien que j'ai connu des familles où toutes les femelles vivaient avec tous les mâles. (…) Nous sommes partis une petite femelle et moi en quête de nourriture. » ; hélas la petite rate est victime des hommes et finit dans une poubelle… La faim est exigeante et sans scrupules, alors…« La chair de la petite rate est délicate et savoureuse. Nous la dévorons toute entière, ne laissant que les poils et quelques débris d'os.» Mais, je suis un solitaire. Je décide de partir, de quitter la cave où je suis né, en compagnie d'un vieux rat qui me supporte. Grâce à lui, « (…) j'ai pris conscience des dangers (…) Les chats, les chiens, les serpents, les autours, les hiboux, les freux, les dents du cochon les sabots des chevaux ceux des vaches, leurs cornes, toutes les formes de piège, les poids de plomb qui vous tombent dessus, les têtes de poule et de poisson farcies de mort-aux rats (…) la menace des hommes et des autres rats » De ville en ville, de port en port, notre héros voyage, en bateau… « J'ai vu les rats qui peuplaient les ruines de Gdansk et les maisons vermoulues du nouveau port (…) grimpant et descendant le long des amarres, j'ai observé les rats dans les ruelles de Saigon, d'Istanbul, de Berlin, de Bucarest, de Varsovie* et bien d'autres villes. » le voyage n'est que l'avatar d'une fuite permanente, « Nulle part je ne devais rester longtemps, toujours je devais m'enfuir, de partout. » ; toujours il faut assurer son gîte «  C'était le seul rat sur le petit bateau où tu venais de pénétrer (…) Tu l'as tué d'un coup de dents aussitôt après ton arrivée. » Toujours il faut lutter contre la maladie, atteindre un refuge sûr « J'ai la diarrhée et mes poils tombent par touffes. Il faut absolument que je rentre, que je monte sur ce paquebot, que j'abandonne cette ville torride aux couleurs criardes. » Le roman tend un miroir à peine déformant tant les comportements du rat ressemblent à ceux d'un homme placé dans les mêmes conditions de vie. Le vertige prends le lecteur. Il s'identifie à ce héros picaresque d'un genre particulier qui vit toutes les expériences. Des expériences humaines serait-il tenté de penser mais il le refuse se glissant dans les habits de l'homme ennemi juré du rat. Zaniewski décrit ce paradoxe de l'homme et du rat dans sa préface « Curieusement, c'est auprès des hommes, qui leur avait pourtant dès le début déclaré la guerre, que les rats ont trouvé les meilleures conditions de vie. » Un mot sur le style du roman. le récit alterne la parole d'un TU (le rat qui s'observe et se juge, ou peut-être un narrateur anonyme qui observe le rat) et celle d'un JE, le rat lui même qui analyse son environnement par le biais de son expérience et apprends en même temps qu'il vit. Ce jeu de questions réponses, permet au lecteur de prendre du recul, de souffler, de casser l'identification au rat «  Tu venais jusque-là malgré les chiens affamés qui rodaient dans le port, les chats énormes (…) les hiboux (…) Pourquoi courir ce risque, pourquoi t'exposer ainsi aux dents, aux becs et aux griffes mortels ? Les bateaux suscitaient ma curiosité, je voyais en eux des morceaux de continents flottants qui permettaient (…) de traverser d'immenses espaces avec assez peu d'efforts. » Une conclusion s'impose, l'homme est plus proche du rat qu'il ne l'imagine et les exemples ne manquent pas. Un expérience unique de lecture. À conseiller… * En lisant Gdansk et Varsovie on ne peut s'empêcher d'évoquer la BD d'Art Spiegelman, Maus, où, durant la deuxième guerre mondiale, en Pologne, des souris (les Juifs) sont victimes des chats (les Nazis) sous l'oeil indifférent des cochons (les Polonais) même si ces derniers font parfois preuve de compassion.

Signaler

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782714480842
  • Collection ou Série
    Littérature étrangère
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Adobe DRM

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

12,99 € Numérique