La disparue du cinéma : Le livre de Guillaume Tion

Un peu déçue à vrai dire! En fait je m'attendais à un roman policier, et pas à un véritable fait divers repris et décortiqué. Bien retracé, bien écrit, il est vrai. Seulement, désolée, cela ne vaut pas un bon vrai policier, avec son suspense et son intrigue.

Première lecture de cette édition version française. Ce meurtre se déroule à Strasbourg. Je ne connaissais pas ce meurtre choquant d'une femme enceinte de 9 mois sur le point d'accoucher. J'ai aimé suivre le déroulement de l'enquête qui est très bien raconté et documenté

Guillaume Tion, journaliste habitué aux enquêtes de terrain, s’attaque ici à un fait divers glaçant. Son livre raconte la disparition de Carole, jeune femme enceinte, happée par une tragédie dont la brutalité dépasse l’entendement. La particularité de cette affaire tient autant dans la violence infligée à la mère que dans l’indifférence absolue envers la vie de l’enfant qu’elle portait. On a presque l’impression que le bébé n’existe qu’en filigrane, comme une note de bas de page du crime, ce qui rend la lecture encore plus dérangeante. L’enquête est longue, sinueuse, faite de pistes qui s’effondrent et de soupçons persistants... jusqu’à la macabre découverte, plusieurs années plus tard, qui lève enfin le voile. La révélation des faits – le corps retrouvé, la confirmation de la présence du bébé – ne soulage pas : elle alourdit le sentiment d’horreur, en révélant à quel point la cruauté avait été préméditée et glaciale. Tion choisit une approche très factuelle, presque clinique, en évitant les effets romanesques. Cela a l’avantage de rendre l’histoire claire et ordonnée, mais aussi l’inconvénient de maintenir une distance émotionnelle. On comprend ce qui s’est passé, on suit le cheminement de l’enquête, mais on ressent peu la détresse des proches ou la valeur des vies perdues. Cette retenue rend le livre sérieux et crédible, mais lui ôte une partie de l’impact émotionnel qu’un tel sujet pourrait provoquer. En refermant La Disparue du cinéma, on se dit que c’est un bon travail d’investigation, bien écrit et fluide, mais qui laisse un léger vide. On a l’information, pas forcément le frisson. C’est donc un ouvrage pas mal, mais sans plus – une lecture solide, mais qui ne marque pas durablement la mémoire.

Un fait divers décrit par le menu à travers un livre. L'auteur vendant bien son œuvre au "Quai des polars" de Lyon , je l'ai acheté. Pour voir. Strasbourg, 1995. Une jeune femme, Carole Prin, va accoucher. Elle prévient son compagnon, Roland Moog, projectionniste dans un cinema indépendant, puis se rend à la maternité. Elle n'y arrivera jamais. Volatilisée. Roland Mogg. Qui est-il vraiment ? Il est soupçonné par les enquêteurs, mais sans certitudes. Personbage ce tral, son histoire se tient, et sans preuves ni aveux, il est non coupable. Son caractère taciturne et égoïste le dessert, mais son affliction semble sans failles. Il va jusqu'à participer à une émission de télévision pour la retrouver. Puis l'enquête s'enlise, et s'éteint. Et rebondit après quatre années sur une négligence du coupable, permettant de la relancer jusqu'à la découverte des cadavres et de la vérité. Pour ceux ne connaissant pas l'histoire je n'en raconte pas plus. Je dois dire que personnellement je ne me rappelais pas ce fait divers. Construit comme une émission de télévision genre "Faites entrer l'accusé " et autres qui pullulent sur certaines chaines, ou pour les plus anciens quelques unes des "Histoires" radiophoniques du conteur Pierre Bellemare, ou ses compilations livresques, ce reportage écrit se lit facilement et rapidement. Les rouages de l'enquête, la personnalité du coupable, la brutalité de la situation, les grains de sable ayant conduit à sa chute sont bien exposés. Son aspect sordide est particulièrement bien mis en exergue, ainsi que son absurdité, son illogisme. La connerie humaine reste un gouffre sans fin. Cette dissection d'une enquête au long cours et d'une lâme humaine dans ses aspects sombres, est intéressante, de lecture facile par son côté reportage sans fioritures, à défaut d'être passionnante. D'autres ouvrages dans cette collection existent. Je retenterai l'expérience, par curiosité.