La disparue du cinéma : Le livre de Guillaume Tion

D’apparence simple, un fait divers qui se révèle bien plus compliqué qu’il n’en donne l’impression. Que s’est-il passé ce soir-là ? Mystères et incohérences sont au rendez-vous, difficile de démêler le vrai du faux, et la personnalité étrange de Roger moog ne v a pas l’aider; Raconté avec humilité, ce reportage ne donne pas dans le sensationnel ou le cliffhanger tape à l’oeil. Le ton est neutre sans être froid, et respectueux des protagonistes. Chaque élément est bien exposé, la chronologie respectée, et plus le temps avance, moins on ne comprend ce qui a bien pu se passer… C’est une histoire vraie, et c’est bien cela qui la rend terrible. Un reportage que l’on dévore comme un bon polar.

Le 17 mai 1995, Carole Prain disparaît alors qu'elle se rend à la maternité. Son compagnon Roland Moog devient le principal suspect. L'enquête est pleine de rebondissements mais le manque de preuves empêche son avancée. Quelques années plus tard, une découverte macabre va permettre de relancer l'affaire. Ce récit retrace un fait divers qui date de 1995 à Strasbourg. c'est une histoire que je ne connaissais pas et j'ai apprécié en découvrir les détails ici, aussi tragique soit elle. Le journaliste Guillaume Tion met en évidence les défis auxquels sont confrontés les enquêteurs lorsqu'ils manquent de preuves, surtout en l'absence de corps. On nous dévoile également le processus d'une enquête et le fonctionnement de la justice lors d'un procès, et c'était très intéressant. Du côté des protagonistes, on observe la personnalité du suspect, tout comme son détachement après la disparition de sa compagne. Alors que du côté de la famille et amis de la victime on ne peut que constater les répercussions d'un tel drame dans leur vie. Ce true crime mis en avant par un journaliste m'a beaucoup plu. Il nous expose des faits minutieusement détaillés de façon chronologique et tout est réuni pour nous permettre de situer chaque événement, comme si on y était.

L’écriture privilégie la clarté et la rigueur journalistique, donnant au lecteur la sensation de suivre pas à pas la progression du dossier. Le récit prend parfois la forme d’un thriller, mais sans jamais céder au sensationnalisme.Un texte qui intéressera les lecteurs sensibles aux récits criminels documentés et aux reconstitutions judiciaires.

Chronique de Flingueuse : Le billet de Chantal pour Collectif Polar Voilà un récit qui se lit quasi d’une traite. Ce n’est pas un roman, mais ça a tout du polar : disparition d’une jeune femme, enceinte de surcroît, soupçons concernant le « futur » mari de cette disparue, mensonges, enquête au long court, coups de chance, révélations … Il s’agit d’un fait-divers, le genre d’événement qui peut faire la Une des journaux pendant quelque temps. La collection « True crime » chez 10/18, avec Libération, a entrepris de remettre au jour certaines de ces affaires, plus ou moins lointaines, qui ont pu passionner les lecteurs. Guillaume Tion relate, d’une plume journalistique, cette histoire assez sordide finalement, la disparition de Carole Prin, sur le point d’accoucher. Très vite, malgré des alibis solides apparemment, le compagnon et futur mari, Roland Moog, est surveillé de près par les enquêteurs. Mais l’affaire ne sera pas facile… Carole Prin ne réapparaîtra jamais, et son corps non plus , du moins pendant quelques années. On suit pas à pas l’enquête, jusqu’à sa conclusion, le procès de R. Moog. C’est factuel, sans fioriture, minutieux, et l’on est pris par cette histoire comme on peut l’être avec un bon polar. Le caractère des protagonistes est bien montré, le rythme, sans temps mort. Cette collection chez 10/18 vient compléter en quelque sorte des émissions de télé ou radio, qui reprennent et analysent des histoires criminelles. J’avoue, en 1995, ne pas avoir retenu le destin tragique de Carole Prin, mais cette histoire tient le lecteur en haleine jusqu’au bout.