Dans « Se défendre », la chercheuse rend justice à la violence que les opprimés déploient face à leurs oppresseurs. Un superbe retour à la vérité charnelle de la politique. (....)
Elsa Dorlin construit ce qu’on pourrait nommer une philosophie à mains nues, une phénoménologie martiale qui explore la façon dont le pouvoir domestique les corps, mais aussi le brusque sursaut des corps qui se libèrent.
Jean Birnbaum / Le Monde des Livres
Dans un magistral essai, “Se défendre, une philosophie de la violence”, la philosophe Elsa Dorlin interroge les formes historiques et le sens politique de la violence défensive : une pratique de résistance face à l’ordre social qui domine des corps minoritaires, indéfendables. Une violence qui n’a d’autre enjeu que la vie elle-même.
Jean-Marie Durand / Les Inrockuptibles
C’est une véritable généalogie de l’autodéfense, aussi documentée, argumentée qu’engagée, que tente avec force Elsa Dorlin. […] La violence à laquelle s’intéresse Elsa Dorlin est celle, plus enfuie, des « subalternes », de celles et ceux qui n’ont pas de « corps propre », comme disait Locke : exclus du droit de résistance inscrit dans le contrat social, ce sont des « corps indignes d’être défendus », pour lesquels la violence physique est surtout une nécessité vitale. Il s’agit, par le corps, par la voix, par les armes s’il le faut, de préserver sa vie et de retrouver sa puissance d’agir. Si la combattante qu’est Elsa Dorlin pourrait être tentée d’héroïser ces « éthiques martiales de soi », la philosophe n’ignore pas leurs ambiguïtés. Un ouvrage costaud.
Catherine Portevin / Philosophie Magazine
Elle y explore des cas peu connus d’autodéfense, comme la pratique du krav-maga dans les communautés juives d’Europe de l’Est au début du XXe siècle, ou les suffragistes anglaises qui apprenaient le ju-jitsu pour faire face à la police. Mais voilà : nous ne sommes pas égaux devant l’autodéfense. Certaines vies sont jugées dignes de se défendre, par exemple les colons en Algérie, qui avaient le droit de porter des armes. Et d’autres non, comme le montre son analyse de l’affaire Rodney King.
Eric Aeschimann / L'Obs
Une ligne de démarcation sépare les sujets dignes de se défendre et d’être défendus, des corps vulnérables et violentables, acculés à des tactiques défensives qui relèvent de l’autodéfense, à ne pas confondre avec le concept juridique de la légitime défense. Elsa Dorlin se concentre ici sur des moments de passage à la violence défensive et retrace une généalogie, une histoire constellaire des ethniques martiales de soi ».
La précision, la rigueur, la densité de son argumentation sont telles qu’en rendre compte en détail serait ambitieux. Nous invitons vivement les lecteurs curieux à se précipiter sur cet ouvrage.
Lundi Matin
Dans un ouvrage à mi-chemin entre l’histoire et la philosophie ; Elsa Dorlin s’interroge sur l’histoire de l’autodéfense. […] Les analyses, toujours fines, embrassent des vies sur la défensive, mais qui s’arment de tactiques et de stratégies, panoplies de répliques à la violence d’autrui. On relèvera, parmi d’autres pages denses et originales, les développements consacrés au « ju-jitsu des suffragistes » britanniques : pour certaines d’entre elles, l’autodéfense devient un « art total », porteur de pratiques de soi qui touchent au corps, à l’intime et au politique.
Vingtième siècle
Les livres, ceux qui comptent du moins, n’adviennent pas par hasard. Ils débarquent un beau matin, et c’est comme s’ils prenaient la parfaite mesure de l’air du temps. De ce qui est en train de se jouer. Ouvrages précieux parce que se situant sur l’étroit fil du moment – ils disent le déséquilibre du monde tout en donnant des clés pour ne pas tomber. Pour comprendre ce qui est en train d’advenir, là, maintenant, tout de suite. Se défendre – Une philosophie de la violence est l’un de ces livres rares. Signé de l’universitaire Elsa Dorlin, professeure de philosophie à Paris 8, il revient sur l’histoire de l’autodéfense et creuse la question du rapport à la violence, de façon lumineuse et combative. Et donne des clés pour se ressaisir enfin de la force collective et mettre fin au sentiment d’impuissance généralisé.
Jean-Baptiste Bernard / CQFD
Son dernier ouvrage, passionnant, s’intitule Se défendre. Une philosophie de la violence (La Découverte, 2017). Il est de ces livres qui vous accompagnent toute une vie.
Abdourahman Waberi / Le Monde