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Un si fragile vernis d'humanité
Banalité du mal, banalité du bien
Date de parution : 04/10/2007
Éditeurs :
La Découverte

Un si fragile vernis d'humanité

Banalité du mal, banalité du bien

Date de parution : 04/10/2007

On a pu espérer, un temps, que les monstruosités de la Seconde Guerre mondiale étaient derrière nous. Or partout, à nouveau, on massacre, on torture, on extermine. Comment comprendre cette...

On a pu espérer, un temps, que les monstruosités de la Seconde Guerre mondiale étaient derrière nous. Or partout, à nouveau, on massacre, on torture, on extermine. Comment comprendre cette facilité à entrer dans le mal ? Michel Terestchenko rouvre ici le débat, en complétant notamment la démonstration de Hannah...

On a pu espérer, un temps, que les monstruosités de la Seconde Guerre mondiale étaient derrière nous. Or partout, à nouveau, on massacre, on torture, on extermine. Comment comprendre cette facilité à entrer dans le mal ? Michel Terestchenko rouvre ici le débat, en complétant notamment la démonstration de Hannah Arendt. Héros ou salaud ? C’est toujours une décision initiale, à peine perceptible, qui décide du côté dans lequel, une fois engagé, on se retrouve in fine.
Qu’est-ce qui explique cette décision ? L’enquête de Michel Terestchenko montre combien est stérile l’opposition entre tenants de la thèse de l’égoïsme psychologique et défenseurs de celle d’un altruisme sacrificiel. Ce n’est pas par « intérêt » que l’on tue ou que l’on torture. Ni par pur altruisme que l’on se refuse à l’abjection.
Les travaux qui analysent les phénomènes de soumission à l’autorité, de conformisme de groupe ou de passivité face à des situations de détresse invitent à repenser les conduites de destructivité. À partir de recherches récentes en psychologie sociale et en s’appuyant sur des exemples historiques particulièrement éclairants, l’auteur propose de penser les conduites humaines face au mal selon un nouveau paradigme : celui de l’absence ou de la présence à soi. 

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EAN : 9782707153265
Code sériel : 263
Façonnage normé : POCHE
Nombre de pages : 308
Format : 125 x 190 mm
EAN : 9782707153265
Code sériel : 263
Façonnage normé : POCHE
Nombre de pages : 308
Format : 125 x 190 mm

Ils en parlent

Que des gens normaux, ni particulièrement sadiques ni dénués de sens moral, puissent se muer en criminels en série, voilà bien le fait nouveau que nous apporte le XXe siècle. Une révélation d'autant plus inquiétante qu'elle nous renvoie à notre présent - de la Bosnie à la Tchétchénie - aussi bien qu'à nous-mêmes. D'où vient cette facilité des hommes à entrer dans le mal ? Par quels mécanismes un individu ordinaire peut-il être amené à s'en remettre à une autorité exigeant de lui des comportements destructeurs, que ce soit au nom de l'ethnie, de la religion, ou même de la croissance économique ? C’est cette énigme persistante que Michel Terestchenko prend à bras-le-corps dans Un si fragile vernis d’humanité, un des essais les plus remarquables de la rentrée. Mais après s’être penché sur Les violences de l’abstraction, ce philosophe discret et singulier ne se contente pas ici, d’emboîter le pas à Hannah Arendt. De même que ce ne sont pas toujours des purs salauds qui se livrent à l’abjection, de même n’est-il pas besoin d’être un héros pour accomplir le bien. Cette position n’a l’air de rien ? Elle révolutionne nos représentations les mieux ancrées. […] Cet essai est important, qu’on le lise comme un rappel à l’humilité ou une invite à la résistance, c’est-à-dire à la « consistance ». Deux vertus qui, de nos jours, ne sont plus guère au programme.

Alexandra Laignel-Lavastine / Le Monde des Livres

 

« Pourquoi une situation conduit-elle d'excellents pères de famille à massacrer des civils ? Comment expliquer l'obéissance à un ordre reçu dans certaines circonstances de l'Histoire et en faire la théorie générale ? Voici qui est au centre du travail remarquablement documenté du philosophe Michel Terestchenko. »
LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN

« [Une] réflexion qui, tout en insistant sur la "banalité du mal", n'oublie pas non plus -et même rappelle opportunément- que les hommes savent aussi, dans certaines circonstances, faire le bien et mettre en oeuvre la sollicitude pour leurs compatriotes écrasés par l'adversité. »
ÉTUDES

« Certains bourreaux ont été pris dans un engrenage qui les a privés de leur libre arbitre, aveuglant leur conscience. En face, "la plupart des sauveteurs agissaient parce qu'ils devaient agir, qu'ils ne pouvaient pas faire autrement", mus par une nécessité intérieure sans aucun calcul d'intérêt personnel ni de gloire, souligne ce livre profond. »
FAMILLE CHRÉTIENNE

« Aujourd'hui, après le smassacres des khmers rouges, le génocide rwandais et et les charniers de Yougoslavie et d'ailleurs, [Michel Terestchenko] repart sur les chemins balisés par Arendt pour sonder davantage l'étiologie du mal. Au-delà de la perpétuation de l'espèce qui est loi de nature, l'homme, constate-t-il, cherche à donner un sens à sa vie. Mais ce vernis d'humanité est aussi très fragile. »
L'EXPRESS

« Toute la richesse du livre est là. Il nous montre que, entre le camp du bien et le camp du mal, la ligne de démarcation est très, très mince. Il obéit au principe de précaution. Prendre conscience de notre fragilité, n'est-ce pas la meilleure manière de s'en prémunir... »
LA PROVENCE

« [Un si fragile vernis d'humanité] essaye de comprendre le chemin qui mène à des voies violentes et inhumaines. [...] Soumission à l'autorité, effet de meute, absence à soi, autant de thèmes évoqués sans compassion particulière, mais avec raison. »
L'HUMANITÉ

« Voici un livre, de lecture extrêmement agréable, qui fait un apport très original à la morale pratique et dont les conséquences devraient amener chacun d'entre nous à la réflexion. On ne peut qu'en conseiller vivement la lecture à tous les publics. »
REVUE PHILOSOPHIQUE

« Il faut remercier l'auteur pour cette réflexion de grande allure. »
L'HOMME

 

PRESSE

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Unvola 22/08/2020
    Cet Essai de Michel Terestchenko (maître de conférence de philosophie à l’université de Reims) est crucial, car il TENTE d’analyser et de comprendre l' »âme humaine », à travers différents ouvrages et exemples de personnages ayant prodigué le Bien, ou accompli le Mal. L’auteur étudie donc les motivations qui conduisent certains êtres humains à agir pour le Mal absolu, et d’autres, à réagir contre ce Mal par altruisme et/ou héroïsme individuel ou collectif. Ici, Michel Terestchenko nous convie à descendre dans les abysses insondables de l’horreur. En effet, l’auteur présente, entre autres, le cas devenu tristement célèbre de Franz Stangl, chef des centres d’extermination Nazis de Sobibor puis de celui de Treblinka situés en Pologne, et par conséquent, responsable de l’extermination d’environ 900 000 Juifs innocents : enfants, femmes, vieillards, hommes… La première déduction tirée des analyses étudiant ce bourreau, est que contrairement à l’idée communément admise, cet homme (comme tant d’autres tortionnaires) ne semble pas être un : psychopathe, un sadique, un pervers, un dément, un fou ; mais en réalité, il s’agit plutôt d’un « homme ordinaire », dans ce cas : égoïste, faible, lâche dans sa « mission » destructrice et complètement indifférent au sort de ses innombrables victimes. Michel Terestchenko reprend alors des passages de l’essentiel et désormais classique ouvrage de référence de la journaliste Gitta Sereny interviewant Franz Stangl, dans sa cellule entre avril et juin 1971. Etrangement Stangl accepta de sortir de sa réserve et des habituels poncifs de tous les autres bourreaux Nazis qui furent condamnés et emprisonnés, pour se livrer profondément à Gitta Sereny. L’auteur compare et différencie le comportement de Rudolph Höss qui fut le discipliné et OBEISSANT commandant d’Auschwitz à celui de Stangl, qui fut plutôt guidé dans son immonde action meurtrière « à la chaîne », par : sa lâcheté, sa soumission, sa compromission délibérée et sa peur pour lui et pour sa famille. Voilà comment Michel Terestchenko décrit Stangl, page 72 : « Au terme de cette lente et pénible reconstitution, le portrait qui se dégage de Stangl n’est pas celui d’un homme docile et monolithique, comme pouvait l’être Rudolph Höss, le commandant d’Auschwitz ; pas davantage celui d’un officier sadique ou d’un doctrinaire soucieux de mettre en application les principes de l’idéologie raciale nazie. La figure ambiguë qui apparaît est celle d’une conscience passive, tenue par la peur, qui se soumit progressivement à un enchaînement de compromis lui ôtant toute possibilité d’échapper à des fonctions qu’il se vit ou se crut contraint d’accepter pour assurer sa propre survie et celle des siens. Durant son procès, à la différence de la plupart des anciens criminels nazis, Stangl était apparu, aux yeux de Gitta Sereny, comme un être « moins primitif, plus ouvert, sérieux et triste ; le seul homme ayant à son actif des actions aussi terrifiantes qui manifestât un semblant de conscience ». » Ensuite, l’auteur décortique l’infâme processus de lâcheté développé par les bourreaux, sous prétexte des soi-disant menaces de représailles de la part de leur hiérarchie Nazie, page 73 : « Il y eut probablement dans l’Allemagne nazie moins de « génies » du mal que de simples « fonctionnaires » du mal – c’est ainsi que, mis en cause pour leur participation à l’extermination des Juifs, de nombreux criminels nazis refusèrent de se considérer eux-mêmes comme responsables, arguant de l’obligation dans laquelle ils avaient été d’obéir aux ordres et clamant en dernier ressort l’innocence de leur conscience. Ainsi parla Eichmann durant son procès. Ainsi également Stangl. Grâce au travail de Gitta Sereny, il est possible d’entrer dans une interrogation complexe de ce « fonctionnariat du mal ». » Plus loin, l’auteur revient sur la personnalité finalement « ordinaire » de Stangl, page 86 : « Quels enseignements pouvons-nous tirer de cette confession de Franz Stangl ? A l’évidence, il n’était pas l’homme que nous attendions à rencontrer s’agissant du commandant de Treblinka. Peut-être sommes-nous déconcertés parce que Stangl n’était ni un sadique, ni une personnalité primaire, ni un doctrinaire aveuglé par sa haine des Juifs. Il n’a aucun des traits du psychopathe que l’on prête parfois à Himmler ou à Hitler. Ce n’est pas non plus un fonctionnaire, comme Eichmann qui organisa la logistique du génocide des Juifs depuis ses bureaux sans avoir de contact direct avec ses victimes, même si, comme Eichmann et tant d’autres criminels nazis, Stangl s’est réfugié derrière l’obéissance aux ordres pour justifier sa conduite. L’image qui se dégage des entretiens avec Gitta Sereny est plutôt celle d’un homme « pris au piège » : pris au piège des circonstances et de sa propre lâcheté, peu à même de prendre conscience des obligations éthiques correspondant à sa situation. Mais cela n’en fait pas un meurtrier, ni un criminel au sens habituel du terme. Sa culpabilité est plus complexe, plus dérangeante. Tenter de l’analyser nous introduit dans un univers qui ne présente pas les bornes étanches et rassurantes du manichéisme. Nous sommes bien plus proches de cette troublante « zone grise » qui estompe les frontières entre le bien et le mal et que décrit Primo Levi dans « les Naufragés et les rescapés ». » Sa faute n’est pas tant le mal qu’il a commis de ses propres mains que celui, effroyable, qu’en raison de son absence de force d’âme, de lucidité morale et de courage, il a laissé se perpétrer et dont il était tout à la fois le responsable officiel et l’instrument. » L’auteur complète son explication par l’exemple des bataillons exterminateurs SS (les Einsatzgruppen), qui ont perpétré des fusillades en masses de CENTAINES DE MILLIERS de Juifs et qui n’étaient pourtant pas tous antisémites, mais pour beaucoup : obéissants, soumis aux ordres, endoctrinés idéologiquement ce qui engendrait une vision, chez eux, déshumanisée de leurs victimes, et la volonté de ne pas faire « bande à part » du groupe. Parmi ces MILLIERS de bourreaux, certains écoeurés par leurs crimes ignobles, essayèrent de trouver des échappatoires pour sortir de cette spirale exterminatrice infernale. Au final, dramatiquement, quelque soit le mode d' »adhésion » volontaire ou non des tortionnaires à l’idéologie Nazie, le résultat a été le même pour ces MILLIONS de victimes Juives : la MORT systématique et généralisée ! Heureusement, pour contrebalancer cette face « obscure » et montrer la face positive de la nature humaine, Michel Terestchenko nous présente aussi des cas : d’héroïsme, d’altruisme et de détermination Morale humaniste. Comme l’exemplaire démonstration de courage du pasteur André Trocmé et de tout son village de Chambon-sur-Lignon situé en Haute-Loire, qui ont caché des MILLIERS de Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. Pour ma part, j’ai ressenti en filigrane de ce fondamental ouvrage de réflexion sur la Nature Humaine, la traumatisante question suivante : Dans ce terrifiant contexte Totalitaire Nazi, comment me serais-je comporté à leur place ? Hormis l’adhésion totale d’une partie de ces bourreaux à l’idéologie antisémite et raciste, aurais-je été : – D’emblée, viscéralement opposé à cette inhumanité, à cette barbarie et donc courageusement en combat contre le régime Totalitaire Nazi, au risque de me retrouver marginalisé par ce « système », voire de risquer d’être moi-même déporté en camp de concentration ou éventuellement d’être fusillé ; OU ; – Obéissant, lâche, peureux, faible, voire discipliné et zélé dans l’implication et l’application de cette Terreur de masse ? Espérons ne jamais devoir être confronté, un jour, à l’obligation Morale de se poser cette terrifiante question… Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème, de : – Gitta Sereny : Au fond des ténèbres, un bourreau parle, Franz Stangl, Commandant de Treblinka ; – Hannah Arendt Le système totalitaire : Les origines du totalitarisme ; – Hannah Arendt Eichmann à Jérusalem ; – Tzvetan Todorov Face à l’extrême ; – Tzvetan Todorov Mémoire du mal, Tentation du bien : enquête sur le siècle.Cet Essai de Michel Terestchenko (maître de conférence de philosophie à l’université de Reims) est crucial, car il TENTE d’analyser et de comprendre l' »âme humaine », à travers différents ouvrages et exemples de personnages ayant prodigué le Bien, ou accompli le Mal. L’auteur étudie donc les motivations qui conduisent certains êtres humains à agir pour le Mal absolu, et d’autres, à réagir contre ce Mal par altruisme et/ou héroïsme individuel ou collectif. Ici, Michel Terestchenko nous convie à descendre dans les abysses insondables de l’horreur. En effet, l’auteur présente, entre autres, le cas devenu tristement célèbre de Franz Stangl, chef des centres d’extermination Nazis de Sobibor puis de celui de Treblinka situés en Pologne, et par conséquent, responsable de l’extermination d’environ 900 000 Juifs innocents : enfants, femmes, vieillards, hommes… La première déduction tirée des analyses étudiant ce bourreau, est que contrairement à l’idée communément admise, cet homme (comme tant d’autres tortionnaires) ne semble pas être un : psychopathe, un sadique, un pervers, un dément, un fou ; mais en réalité, il s’agit plutôt d’un « homme ordinaire », dans ce cas : égoïste, faible, lâche dans sa « mission » destructrice et complètement indifférent au sort de ses innombrables victimes. Michel Terestchenko reprend...
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  • Kookabura 15/03/2018
    L'analyse des auteurs philosophiques convoqués et des expériences de psychologie sociale est intéressantes (surtout ces dernières). En revanche l'auteur décolle à partir de (ou plutôt malgré) ces fondements dans des sphères métaphysiques où il est difficile de le suivre :le miracle de l'action humaine libre, cause première jamais déterminée ... après avoir utilisé pour construire son propos des expériences de psychologie sociale on nage en plein paradoxe. Un ouvrage malgré tout intéressant sur le type de personnalité susceptible d'être altruiste et le rôle de l'éducation dans la formation d'une telle personnalité, et qui invite à se pencher directement sur ces études de psychologie (Milgram, Zimbardo, Batson ...) et celles auxquelles elles ont donnée naissance.
  • Alcapone 27/01/2017
    A propos des origines du totalitarisme, David Rousset déclarait « Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible » (L’univers concentrationnaire, 1946, p. 181) et rien ne parait aussi vrai qu’après cette lecture. Car comment expliquer autrement les mécanismes de déshumanisation mis en oeuvre à travers les régimes totalitaires ? Revenant sur les processus de décision qui guident le choix de chaque personne en vertu de son sens moral (mais pas seulement et c’est tout là l’intérêt son argumentaire), Michel Terestchenko, en évoquant « Un si fragile vernis d’humanité », repose la question du « Héros ou Salaud » déjà débattue par Hannah Arendt (cf. Les origines du totalitarisme, 1951 et Eichmann à Jerusalem, 1963). Entre « Banalité du bien » et « Banalité du mal », le professeur de philosophie questionne notre "humanité grise" en introduisant le nouveau paradigme selon lequel nos actes ne seraient pas exclusivement motivés par des intérêts égoïstes mais également conditionnés par notre présence ou notre absence à soi. L’idée n’étant pas de fustiger ni de s’indigner des horreurs commises au nom de telle ou telle idéologie, la démonstration de Michel Terestchenko participe d’une démarche de compréhension dont l’objectif n’est certainement pas de trouver des excuses à l’impensable mais bien d’identifier les raisons qui mènent aux conduites de destructivité pour mieux se prémunir des dangers de l’endoctrinement. Aussi, à la question de savoir ce qu’on aurait fait à la place des uns ou des autres, Michel Terestchenko n’apporte pas de réponses catégoriques : ce qu’il faut retenir de ce brillant et passionnant essai, c’est qu’il appartient à chacun d’agir ou de ne pas agir en fonction de sa présence à soi... Une oeuvre humble mais magistrale qui vaut bien 5 étoiles ! Pour lire la chronique dans son intégralité, rendez-vous sur les Embuscades littéraires d'AlcaponeA propos des origines du totalitarisme, David Rousset déclarait « Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible » (L’univers concentrationnaire, 1946, p. 181) et rien ne parait aussi vrai qu’après cette lecture. Car comment expliquer autrement les mécanismes de déshumanisation mis en oeuvre à travers les régimes totalitaires ? Revenant sur les processus de décision qui guident le choix de chaque personne en vertu de son sens moral (mais pas seulement et c’est tout là l’intérêt son argumentaire), Michel Terestchenko, en évoquant « Un si fragile vernis d’humanité », repose la question du « Héros ou Salaud » déjà débattue par Hannah Arendt (cf. Les origines du totalitarisme, 1951 et Eichmann à Jerusalem, 1963). Entre « Banalité du bien » et « Banalité du mal », le professeur de philosophie questionne notre "humanité grise" en introduisant le nouveau paradigme selon lequel nos actes ne seraient pas exclusivement motivés par des intérêts égoïstes mais également conditionnés par notre présence ou notre absence à soi. L’idée n’étant pas de fustiger ni de s’indigner des horreurs commises au nom de telle ou telle idéologie, la démonstration de Michel Terestchenko participe d’une démarche de compréhension dont l’objectif n’est certainement pas de...
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  • marcossor 11/03/2014
    Rarement un livre de science humaine et de philosophie m'aura autant toucher. Une profondeur et une clarté, une émotion aussi qui en font un grand livre. Il nous aide à penser autrement. Que demander de plus?
  • mariecesttout 06/02/2014
    Lu, et relu plusieurs fois, à la suite du Journal d’Etty Hillesum, car je savais qu’il en parlait . Si, depuis la brillante étude d’Hannah Arendt et tout ce qui a suivi comme réflexion , on en sait plus sur la banalité du mal, sur ces hommes tout à fait ordinaires et absolument pas , pour la plupart, dénués de sens moral ( cf Franz Stangl , commandant du camp de Treblinka, qui a eu l’occasion de s’expliquer, et surtout le livre de Christopher Browning au sujet du massacre de Josefow pour lequel chacun avait la possibilité de refuser sans sanctions -seule une dizaine d’hommes sur 500 qui formaient le bataillon refusa.. sans commentaire..-) qui ont massacré leurs semblables , et continuent où que ce soit,et tous les jours, on ne sait finalement pas grand-chose de ces figures qui sortent elles, finalement hélas rarement, de l’ordinaire , comme cette Etty Hillesum, ou Sophie Scholl et son frère, tous ceux qui ont été nommés les Justes en Israël et bien d’autres donc, mais aussi beaucoup d’autres personnages cités dans cette étude à titre d’exemples. Raoul Wallenberg ou l’extraordinaire Giorgio Perlasca , homme d’affaire italien qui s’est fait passer pour un diplomate espagnol à Budapest et a permis de sauver des milliers de personnes. Des gens très ordinaires aussi, le plus souvent. Comme dans le village de Haute Loire de Chambon- sur- Lignon, où tout le village d’environ 3000 habitants s’est mobilisé derrière le pasteur André Trocmé et son épouse Magda, et ont sauvé plus de 5000 Juifs.. Mais pour lesquels « l'action altruiste jaillissait du plus profond de leur être comme une obligation à laquelle ils ne pouvaient se soustraire, porteuse sans doute de dangers considérables, mais qui n'avait rien de sacrificiel », et qui, en s’engageant de la sorte,ne renonçaient ni à leur être ni à leurs intérêts profonds : « Ils y répondaient, tout au contraire, dans une parfaite conformité et fidélité à eux-mêmes. » En fait, la rencontre entre une situation, celle d’un être en détresse qui appelle à l’aide, et une personnalité, un caractère qui s’est construit, constitué de longue date et qui trouve là l’occasion d‘exprimer, de mettre en œuvre l’être qu’il est avec soudain une énergie , une efficacité, une détermination qui commandent toutes ses facultés. C’est-ce que M.T appelle la « présence à soi » qui n'exige en rien l'abandon à un autre - Dieu, la loi morale ou autrui. Et qui s’oppose à la "déprise de soi" qui est au contraire l'un des chemins qui mène le plus sûrement à l'obéissance aveugle et à la servilité. Dans ses démonstrations il reprendra bien sûr les expériences et travaux bien connus de Milgram et ceux de Zimbardo , l’expérience de la prison de Stanford. En passant aussi bien sûr par Abou Ghraib.. Une part de cet ouvrage est consacrée à l’évolution des idées sur égoïsme-altruisme, de La Rochefoucauld à Levinas, c'est loin d'être simple, mais c'est passionnant, de bout en bout. Lu, et relu plusieurs fois, à la suite du Journal d’Etty Hillesum, car je savais qu’il en parlait . Si, depuis la brillante étude d’Hannah Arendt et tout ce qui a suivi comme réflexion , on en sait plus sur la banalité du mal, sur ces hommes tout à fait ordinaires et absolument pas , pour la plupart, dénués de sens moral ( cf Franz Stangl , commandant du camp de Treblinka, qui a eu l’occasion de s’expliquer, et surtout le livre de Christopher Browning au sujet du massacre de Josefow pour lequel chacun avait la possibilité de refuser sans sanctions -seule une dizaine d’hommes sur 500 qui formaient le bataillon refusa.. sans commentaire..-) qui ont massacré leurs semblables , et continuent où que ce soit,et tous les jours, on ne sait finalement pas grand-chose de ces figures qui sortent elles, finalement hélas rarement, de l’ordinaire , comme cette Etty Hillesum, ou Sophie Scholl et son frère, tous ceux qui ont été nommés les Justes en Israël et bien d’autres donc, mais aussi beaucoup d’autres personnages cités dans cette étude à titre d’exemples. Raoul Wallenberg ou l’extraordinaire Giorgio Perlasca , homme d’affaire italien qui s’est fait passer pour un diplomate...
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