Martelée par Nicolas Sarkosy, la thèse selon laquelle il y aurait en France « un problème de l’immigration » a fini par s’inscrire dans les esprits. La France, nous dit-on , ferait face à un afflux massif d’étrangers venant nourrir la xénophobie des couches populaires. Celles-ci s’y montreraient d’autant plus sujettes qu’elles souffrent par ailleurs de la mondialisation. Dès lors, le devoir du gouvernement serait de combattre ce racisme latent … en renvoyant chez eux le maximum de sans papiers. L’ennui est qu’aucun des présupposés de ce discours n’est vrai, comme le montrent trois essais publiés conjointement aux éditions de la Découverte ; on y trouve d’utiles rappels : 1) Les étrangers représentent 8,4% de la population en France , contre 13,7 % aux Etats-Unis, 12,5% en Allemagne , 10,9 % au Royaume Uni ; 2) L’immigration clandestine y est évaluée entre 0,3% et 0,6% contre une moyenne de 0,6% à 1,3% pour l’Union Européenne ; 3) Tous les économistes s’accordent sur le fait que l’immigration est au mieux rentable pour son pays d’accueil, au pire, neutre ; 4) Dans les enquêtes sur les préoccupations des français, l’immigration apparait tout au bas du classement, derrière l’emploi, le pouvoir d’achat, la santé.. Bref, loin que les français soient devenus racistes, le phénomène marquant du quinquennat est l’apparition d’une xénophobie d’en haut » ; à cet égard, il faut lire dans Sans papiers et préfets, parmi tous les propos tenus par les hauts fonctionnaires chargés de mettre en œuvre cette politique d’Etat, celui du Préfet Gérard Moisselin : « pour ce qui concerne les sans papiers, j’applique les directives du gouvernement ; si je le faisais avec humanité, cela voudrait dire que je ne les applique pas »