La révolution et le djihad

Syrie, France, Belgique

Montassir Sakhi

Olivier Roy (préface de)

Collection : Sciences humaines

Date de parution : 12/10/2023

1 avis lecteurs

Après le soulèvement de la population syrienne contre la dictature de Bachar al-Assad en 2011, sa répression sanglante a conduit nombre de révolutionnaires à s’engager dans la lutte armée. L’intervention... Après le soulèvement de la population syrienne contre la dictature de Bachar al-Assad en 2011, sa répression sanglante a conduit nombre de révolutionnaires à s’engager dans la lutte armée. L’intervention de groupes se réclamant de l’islam politique et les ingérences étrangères ont ensuite rendu le conflit singulièrement opaque. Jusqu’à l’émergence... Après le soulèvement de la population syrienne contre la dictature de Bachar al-Assad en 2011, sa répression sanglante a conduit nombre de révolutionnaires à s’engager dans la lutte armée. L’intervention de groupes se réclamant de l’islam politique et les ingérences étrangères ont ensuite rendu le conflit singulièrement opaque. Jusqu’à l’émergence en 2014 de l’État islamique, qui a fait de la religion le noyau d’une politique de la terreur. Ce qui a conduit une petite minorité dévoyée des jeunes Européens ayant rejoint la révolution à perpétrer, en France et en Belgique, de terribles attentats-suicides en 2015 et 2016.
Pour tenter d’éclairer ces enchaînements tragiques, les interprétations idéologiques centrées sur la « radicalisation » de l’islam politique ont trop souvent prévalu. D’où l’importance de ce livre, qui s’appuie à l’inverse sur les témoignages des acteurs — révolutionnaires syriens et « migrants du djihad » — recueillis par l’auteur entre 2015 et 2023 au Moyen-Orient et en Europe. On y découvrira comment des gens ordinaires ont vécu leurs engagements, marqués par le dépassement des organisations partisanes et le rapprochement improbable entre islamistes et gauches. Ces témoignages mettent en récit le sens de leurs actions, de la mobilisation pacifique initiale à la guerre révolutionnaire. Ils éclairent le rôle du symbolisme religieux dans la révolution syrienne et dans les motivations des quelque 2 500 jeunes Français et Belges issus de l’immigration postcoloniale, nouveaux « internationalistes » l’ayant rejointe à la faveur des printemps arabes. Au total, un regard sans équivalent sur la confrontation singulière, dans la lutte contre la dictature, de deux forces utopiques antagoniques, celle positive de soutien à la cause révolutionnaire, et celle négative animant le fascisme d’un État théocratique.

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EAN : 9782348078316

Façonnage normé : BROCHE

Nombre de pages : 328

Format : 154 x 240 mm

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Préface. Au cœur des motivations des volontaires francophones partis pour le djihad en Syrie
Introduction. Enquêter sur la révolution et le djihad des Européens engagés en Syrie
L’enquête comme écriture publique – Pour comprendre les départs et retours des Européens du djihad, donner la parole aux acteurs – Une enquête engagée – En dix chapitres, une relecture par le bas de la révolution syrienne
1. Les discours politiques et médiatiques sur le djihad et la révolution syrienne
Trois phénomènes marquants de la révolution de 2011 – Du point de vue occidental : incompréhensions et confusions – Les effets du discours sur la « radicalisation islamiste » pour les jeunes partis en Syrie – Les effets délétères des dérives du panarabisme dans certaines gauches arabes
Première partie
Utopie et contre-utopie : la révolution syrienne face à la répression
2. L’an 1 de la révolution, raconté par ses acteurs
18 mars 2011, date fondatrice de la révolution syrienne – Se soulever contre la répression et pour l’utopie libérale – L’émergence du collectif révolutionnaire – Les rôles des contrebandiers et des « sages » – Le sage, garant de la préservation du collectif – Ce que disent les « mots des gens » – L’impératif de défaire un État oppresseur et corrompu – La répression brutale des premières manifestations pacifiques
3. La violence répressive du régime et le basculement dans la lutte armée (2011-2012)
La répression encourage l’option militaire – Comme s’est opérée la prise des armes – Les mots de la guerre révolutionnaire – Hyperviolence et pragmatisme : les stratégies du régime face aux zones libérées – Le basculement de la violence milicienne des chabbiha
4. Les zones libérées, une utopie oubliée (2012-2014)
L’ordre minimal permis par les modes d’organisation de la révolution – Les groupes armés dans la révolution, déserteurs et civils – Les motivations subjectives de l’adhésion aux groupes armés – Les groupes armés entre villes et campagnes – Les failles de la révolution locale des « zones libérées » – Les zones libérées comme contre-maillage administratif – La singulière expérience de Police libre dans la partie libérée d’Alep – Les cours de justice dans les zones libérées
5. Universalisation de la révolution : le djihad et les usages de la religion
Les char‘î (clercs) dans la révolution – Les cercles d’éducation religieuse entre révolution et État islamique – L’impératif de relier la mort et le sacré – Révolution et « triomphe de la religion » – L’affirmation singulière des « forces de l’âme » – La « revendication du djihad », ou la religion comme morale collective supérieure – Resserrer les rangs, la tentation de l’institution
6. Djihad révolutionnaire versus djihad néonational : la période Daech (2014-2017)
Les circonstances de l’émergence de l’État islamique en Irak en 2014 – La reterritorialisation opérée par l’État islamique en Syrie – Une contre-révolution : le gouvernement de l’État islamique – Droit et djihad en État islamique – L’utopie nommée djihad
Deuxième partie
Des Européens dans le djihad
7. Le départ au djihad et l’accueil dans la révolution
La suspension de la catégorie du « national » : les mots des Syriens à propos de l’accueil des étrangers – L’hétérogénéité des motivations des migrants du djihad – Mourad et Mimoun : le djihad français comme solidarité déjà éprouvée – La solidarité fraternelle des convertis et de leurs familles
8. Les ressorts politiques des engagements millénaristes et religieux
Millénarisme et qutbisme – Printemps arabes et projet d’un islam ici et maintenant – Oppositions politiques et quête de reconnaissance : l’héritage de la blessure coloniale – Oppositions politiques et révoltes face à la médiatisation des « problèmes de l’islam »
9. Djihad versus révolution, la « dissension » décisive de 2013
Une fusion dangereuse entre deux « révolutions » – La « peur » des militants européens d’être dans le « faux » djihad – L’impact méconnu des dissensions et affrontements entre groupes armés islamistes – Crise de conscience et désengagement : le cas significatif de Rafik
10. Les attentats-suicides : violence et devenirs terroristes
La violence, au cœur des engagements pour la révolution syrienne – 2015-2017 : la réponse terroriste en Europe à la domination coloniale au Moyen-Orient – Le rôle de l’héritage colonial et de la fermeture des frontières dans les dérives terroristes en Europe – La motivation antisémite de certains attentats – Le rôle de l’islamisation du nihilisme dans le terrorisme
Conclusion. Les espoirs toujours présents de la révolution syrienne
Les impasses des politiques de « déradicalisation » – Les familles, piliers de la réinsertion malgré la stigmatisation – Malgré l’étouffement de la révolution syrienne, un point de rupture porteur d’avenir
Notes
Index.

Ils en parlent

Le djihad n’est pas une autoroute en ligne droite qui va de la mobilisation religieuse à l’attentat. Autrement dit, tout djihadiste n’est pas un terroriste, tout djihad n’est pas global. C’est le sens de l’étude approfondie menée par Montassir Sakhi dans La Révolution et le djihad, un ouvrage dense et complexe, préfacé par le politologue Olivier Roy, spécialiste de l’islam.

Le Monde

L’ouvrage de M. Sakhi propose une nécessaire remise à plat des motifs de départ des volontaires du jihad – humanitaires et utopiques – dans un contexte européen obnubilé par le terrorisme.

Théo Blanc / La Vie des idées

Ce livre permet de comprendre que « radicalisation religieuse, djihad et terrorisme » n’est pas une suite logique ; ce n’est pas le parcours typique d’un individu défini comme salafiste et retrouvé armes à la main, bien au contraire. Montassir Sakhi signe ici un travail majeur non seulement pour l’avancée des études académiques sur le sujet, mais aussi pour la compréhension des enjeux marquant l’actualité. La guerre de Gaza a rappelé le rôle du politique, trop souvent et à tort laissé de côté au profit d’une lecture religieuse des événements.

G. F / Moyen-Orient

[…] ouvrage riche et important tant il nous permet de saisir au mieux les enjeux de la révolution syrienne, des départs vers la Syrie et des conséquences, le plus souvent tragiques, pour ces personnes parties dans le cadre d’une quête s’inscrivant dans des liens de fidélité aux valeurs de solidarité religieuse apprises dans la famille, notamment. On soulignera la manière dont l’ouvrage de Montassir Sakhi nous donne à entendre les voix de ces acteurs, de leurs familles, d’appréhender au mieux leur parcours, bien loin des caricatures.

Ahmed Slama / Littéralutte

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

litteralutte 05/01/2024

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La révolution et le djihad : donner voix aux révolutionnaires Syriens Explorant au-delà des généralisations médiatiques, La révolution et le djihad donne voix à ceux qui ont décidé de s’engager dans la révolution syrienne, révélant la multiplicité de leurs parcours et leurs motivations. Loin des clichés, il déconstruit la lecture fallacieuse des départs vers la Syrie, offrant un regard approfondi sur les complexités politiques, sociales et individuelles. La révolution et le djihad. — La visée salutaire de cet ouvrage est de donner corps et voix à celles et ceux qui ont fait le choix de partir en Syrie, ceux qu’on qualifie encore aujourd’hui de radicalisés ou de djihadistes. Ainsi s’agit-il de saisir ces individus non pas comme un amas de sujets endoctrinés, radicalisés. Il est nécessaire à cet effet de revenir d’abord sur ce concept de Djihad. Concept qui, depuis quelques années, a été réifié par le discours médiatique. Semblant, sous l’impulsion d’un Gilles Kepel (pour ne citer que lui), désigner un mouvement monolithique, renvoyant à une sorte de communauté internationale du djihad. Construction médiatique que l’enquête sociologique menée par Montassir Sakhi démonte admirablement, nous montrant une tout autre réalité.[ pp.200 205] La révolution et le Djihad1 nous donne ainsi l’opportunité d’entendre, d’accéder aux pensées politiques qui se sont exprimées à partir de 2011. Des idées ayant motivé un certain nombre de personnes dans certaines parties du monde arabe et de la jeunesse de « culture musulmane » en Europe à partir en Syrie [p.18]. Au travers des témoignages d’acteurs ou de membres de la famille de ces personnes, de récits de vie, se sont des parcours singuliers qui se déploient, des trajectoires proprement individuelles. Celles de personnes disposant de motivations diverses et particulières. Ancrées pour la plupart dans le prolongement des printemps arabes, mais également dans la perspective de « valeurs de solidarité religieuse apprises dans de la famille (…) au sein des territoires de l’immigration postcoloniale en Europe.»[p.217] Printemps arabes et utopies Précisons d’emblée que les personnes dont il sera question ici sont, selon la terminologie de Montassir Sakhi, des personnes « ordinaires ». A savoir des « acteurs sans appartenance à des structures militantes, partisanes ou avant-gardistes prétendant les représenter. » [ P.18] Même si cette catégorie peut-être sujette à discussion2, elle permet de situer les témoins dans l’espace social. Ainsi l’ouvrage veut tenter de « reconstituer les diverses formes de consciences utopiques qui apparaissent à partir de 2011 chez des gens ” ordinaires ” expérimentant des politiques ondulant entre utopie révolutionnaire positive et radicalité négative et terroriste. » [p.27] Et ce en s’appuyant en premier lieu sur les témoignages de certains acteurs, mais également des personnes concernées – qu’il s’agisse de proches ou de membres de la famille. Le sociologue commence d’abord par replacer ces départs dans leur contexte politique et historique. En effet, contrairement à nombre de lectures a posteriori, Montassir Sakhi opère un lien direct entre ces départs en Syrie et la séquence des printemps arabes ouverte à partir de décembre 2010. Comme le montrent les témoignages, nombre de départs s’inscrivent dans cette dynamique. Et le sociologue de distinguer alors deux visages à ce djihad : l’un utopique et révolutionnaire, ayant pour visée de lutter contre la violence du pouvoir de Bachar Al-Assad et plus largement de l’État du Baath3. L’autre visage renvoie à l’État islamique qui a notamment engendré une violence inouïe à l’égard des populations civiles. [p.28] À lire ici : https://www.litteralutte.com/la-revolution-et-le-djihad/La révolution et le djihad : donner voix aux révolutionnaires Syriens Explorant au-delà des généralisations médiatiques, La révolution et le djihad donne voix à ceux qui ont décidé de s’engager dans la révolution syrienne, révélant la multiplicité de leurs parcours et leurs motivations. Loin des clichés, il déconstruit la lecture fallacieuse des départs vers la Syrie, offrant un regard approfondi sur les complexités politiques, sociales et individuelles. La révolution et le djihad. — La visée salutaire de cet ouvrage est de donner corps et voix à celles et ceux qui ont fait le choix de partir en Syrie, ceux qu’on qualifie encore aujourd’hui de radicalisés ou de djihadistes. Ainsi s’agit-il de saisir ces individus non pas comme un amas de sujets endoctrinés, radicalisés. Il est nécessaire à cet effet de revenir d’abord sur ce concept de Djihad. Concept qui, depuis quelques années, a été réifié par le discours médiatique. Semblant, sous l’impulsion d’un Gilles Kepel (pour ne citer que lui), désigner un mouvement monolithique, renvoyant à une sorte de communauté internationale du djihad. Construction médiatique que l’enquête sociologique menée par Montassir Sakhi démonte admirablement, nous montrant une tout autre réalité.[ pp.200 205] La révolution et le Djihad1 nous donne ainsi l’opportunité d’entendre,...
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