Habilement construite, l’impressionnante somme sur le soin des choses que nous offrent Jérôme Denis et David Pointille s’avère en louable adéquation avec son beau sujet. Les deux auteurs parlent, beaucoup trop modestement, d’une « démarche déambulatoire » à travers toutes sortes d’objets et de personnages. Cependant, le lecteur est d’emblée séduit par la remarquable maîtrise de leur propos, la pertinence des exemples choisis, la densité et la diversité des analyses, sans oublier l’attention constamment portée à l’écriture tout au long de leurs explorations.
Jean-Pascal Daloz / Non fiction
Un des mérites du livre de Jérôme Denis et David Pontille réside dans sa capacité à faire tenir ensemble dans la question centrale du « soin des choses », des enjeux que l’on serait tenté habituellement de compartimenter : la question sociale (les acteur.ices des activités de maintenance et l’injustice de leur invisibilisation), environnementale (la question de la durée des choses et de leur devenir dans les limites planétaire) et politique (le devenir commun de nos rapports au soin des choses). C’est, il me semble, que les auteurs inspirés par un certain pragmatisme philosophique se sont judicieusement laissés guider par l’objet de leur étude. Plutôt que d’interroger la maintenance à l’aide des catégories que nous avons énumérées plus haut, c’est la maintenance elle-même qui nous fait voir des problèmes philosophiques et politiques qui débordent les schémas convenus. (...) L’ambition était grande mais le travail est à sa hauteur.
Robin Kerguillec / Les cahiers du bruit
Denis et Pontille pensent comme on bricole, sans dogme, curieux de tout, amoureux des imprévus. Une chance : ils invitent le lecteur dans leur atelier, et c’est fascinant.
Philippe Chevalier / L'Express
L’ouvrage est remarquable en ce qu’il met un soin extrême, c’est le cas de le dire, à examiner l’ensemble des rapports – entre leêtres, entre les êtres et les choses, entre les choses – que la maintenance met en jeu, entrant entre autres sous les catégories de réparation, de fragilité, d’attention, de rencontre, de temporalité, de tact – d’attachement aussi.
Robert Maggiori / Libération
La maintenance, que les auteurs définissent comme l’art de faire durer les choses, est une « activité sans grande noblesse » mais éminemment politique.
Naïri Nahapétian / Alternatives économiques
Inventif, et même poétique par sa capacité à percevoir la subversion dans des gestes banals, l’ouvrage élargit de manière féconde la réflexion sur le soin : les choses, elles aussi, méritent temps, tact et attention, car de leur durée dépend en partie la nôtre.
Jean-Marie Durand / Philosophie magazine
Ce livre est une invitation à décentrer le regard en mettant au premier plan la maintenance et celles et ceux qui l’accomplissent. En suivant le fil de différentes histoires, ses auteurs décrivent les subtilités du « soin des choses » pour en souligner les enjeux éthiques et la portée politique.
Conférence IRS
Mais si la pensée écologique insiste aujourd’hui largement sur la crise de la sensibilité face au vivant et sur la nécessité de réapprendre à décrire et à comprendre l’organisation de la vie animale et végétale, il est aussi possible de s’attarder sur l’attention au monde matériel : c’est à ce geste oublié et négligé de faire durer les choses que deux sociologues, Jérôme Denis et David Pontille, s’intéressent dans un magnifique essai, Le Soin des choses. Politiques de la maintenance. Un grand livre de sociologie et de philosophie politique qui invite à dépasser l’opposition entre ceux qui s’occupent des objets et ceux qui prennent soin du vivant.
Jean-Marie Durand / Philosophie magazine
S’écartant à la fois des visions misérabiliste et romantique qui dominaient généralement les regards sur ce travail du quotidien, Denis et Pontille montrent comment la maintenance ne consiste pas seulement à maintenir l’intégrité physique d’une chose, mais de façon bien plus complexe comment elle implique aussi de désassembler, de transformer, d’adapter les objets afin de permettre leur pérennité. Alors que l’imaginaire de l’innovation héroïque célébrait la nouveauté, ces travaux montrent comment beaucoup d’acteurs ont cherché à maintenir à bas bruit les équipements anciens, en portant attention à la réparation, à l’adaptation de choses jugées périmées mais pourtant bien vivantes.
François Jarrige / Terrestres