Moi, Charlotte Simmons : Le livre de Tom Wolfe

Charlotte Simmons, brillante élève issue d’une famille modeste d’une petite ville de Caroline du Nord, est admise dans la prestigieuse université Dupont. La naïve petite provinciale découvre très vite que la vie universitaire n’est pas vraiment ce qu’elle avait imaginé , les étudiants pas si brillants (« ils n'étaient guère différents des crétins de son lycée provincial. » ) et que le campus devient, le soir venu, un lieu de débauche où l’alcool coule à flots et le sexe est la principale occupation.Son innocence et sa beauté vont faire de Charlotte une proie facile…. Un tableau au vitriol des grandes universités privées américaines qui accueillent les enfants des riches élites du pays qui ne pensent qu’à faire la fête et à dépenser l’argent de leurs parents, de ces « fraternités » réservées au haut du panier, et de ces « sportifs étudiants » , vraies vedettes riches en muscles mais pauvres d’esprit . Sachant que Wolfe est connu pour faire de longues et sérieuses recherches avant d’écrire ses romans et même s’il caricature forcément un peu, la charge est terrible ! C’est un réquisitoire contre les mentalités de ces classes privilégiées qui peuvent tout se permettre parce que leur avenir est assuré , quand d’autres cumulent plusieurs emplois pour payer leur scolarité . Humiliation, cynisme, sexisme, homophobie…l’image des campus américains en prend un coup ! C’est aussi un roman d’apprentissage et Charlotte, déniaisée, va vite comprendre que si elle veut s’intégrer dans cet univers elle va devoir mettre de côté certains principes et faire des concessions à la « coolitude » ambiante ! Dans cette furieuse galerie de personnages, masculins et féminins, bien peu suscitent l’empathie, pas même l’innocente Charlotte …je lui ai presque préféré Jojo Johansson, la star du basket, et ses touchants efforts pour sortir de son ignorance ! Malgré quelques longueurs, on tourne avec plaisir les pages de cette satire diabolique en se demandant comment les principaux acteurs de ce roman fleuve vont évoluer et « Moi, Charlotte Simmons » s’en sortir …

J'ai beaucoup aimé ce roman. Même si en fait, il ne se passe grand chose, Tom Wolf nous décrit chaque personnage en entrant dans les moindres détails: leur vécu (sur parfois plusieurs générations), leur psychologie, leur tenue… Si vous n'aimez pas les descriptions trop trop longue, passez votre chemin… En revanche si vous aimez vous attacher à des personnages (ou à en haïr d'autres!) si vous aimez les États Unis, si vous aimez les années 2000 et les teen moovies, ce livre est fait pour vous!

Les précédentes oeuvres de l'auteur m'avaient déjà séduites mais celle là est mon coup de coeur ! Avec la plume acerbe et humoristique de Tom Wolfe, nous plongeons au coeur des universités américaines et du choc culturel que cela peut représenter pour des jeunes étudiants qui sortiraient de petites villes de campagne des Etats Unis et qui se retrouveraient confrontés à ce grand mélange des horizons, des cultures, des richesses. Avec Charlotte, nous rejoignons également cette vie et petit à petit nous nous laissons tenter par ses plaisirs mais aussi ses dérives jusqu'à nous perdre, comme elle en oubliant nos origines et nos valeurs.

Charlotte Simmons est une brillante lycéenne, originaire de Sparta, trou perdu en Caroline du Nord. C'est une adolescente sage, un peu naïve bien que très orgueilleuse, qui a grandi dans une famille traditionnelle. Charlotte entre a l'université Dupont, persuadée qu'elle voguera sur les flots du savoir et de l'intelligence. Elle découvre alors une jeunesse estudiantine qui attache bien plus d'importance à l'alcool et au sexe qu'aux études. Dans ce roman d'initiation, Charlotte vivra des expériences douloureuses mais, consciente de sa valeur, elle saura rebondir et la fin du roman montre que Charlotte a su surmonter sa naïveté. Le sujet du roman ne brille pas par son originalité. En revanche, le style de Tom Wolfe et le portrait cinglant, drôle et cruel à la fois, qu'il dresse de la jeunesse américaine vaut le détour. Le roman souffre toutefois d'un défaut. Il est vraiment trop long. Ce sujet aurait pu et dû être traité avec trois cents pages de moins. Il s'agit selon moi d'un bon roman, intéressant et amusant, sans pour autant être le chef-d'œuvre annoncé.