American dirt : Le livre de Jeanine Cummins

Lydia est libraire, elle adore son métier, son fils Luca, et son journaliste de mari, Sebastian. Elle aime aussi ce lecteur qui peu à peu devient son ami : Javier. Aussi, lorsqu’elle comprend que ce dernier est le ’jefe’ du cartel local sur lequel enquête son mari, un malaise atroce la saisit. Tout s’écroule, et elle est obligée de prendre la fuite vers les États-Unis avec son fils. Ce roman nous raconte donc l’exode des Sud-Américains qui fuient la violence, la misère pour tenter à tout prix d’atteindre ‘el nord’. Le voyage est souvent sans retour, et les périls aussi nombreux qu’inhumains. Et tout ça pour quoi ? Un grand roman qui nous parle de notre époque avec justesse, violence et force sans jamais perdre l’amour de l’humanité. Un gros coup de poing qui nous oblige à regarder la réalité en face.

Alors que toute sa famille vient d être assassinée à Acapulco, Lydia décide de rejoindre les états unis avec son fils. Un long parcours semé de dangers mais aussi de rencontre. Jeanine cummins a l'art de transformer une réalité sordide en un roman prenant. Un talent de conteuse exceptionnel ( comment le changement d'un pansement peut devenir le summum du spense) ! Top !

Ce roman démarre très fort. Acapulco, Mexique: dans la maison de l’abuela (la grand-mère), Lydia et son fils de 9 ans se cachent dans la salle de bains pendant que dans le jardin, la grand-mère, le père et 14 autres membres de cette famille se font tuer. Lydia n’aura pas le temps de s’effondrer et trouvera son courage dans la volonté de sauver son fils, étant tous deux activement recherché par le cartel qui a exterminé leur famille. S’en suivra une course folle au travers du Mexique pour rejoindre «El norte» (les Etats-Unis) seul endroit où Lydia pense pouvoir échapper au cartel. C’est un livre qui se lit vite, il n’y a aucun répit pour Lydia, et aucun répit pour nous qui le lisons. J’ai aimé me plonger dans ce récit, malgré sa violence, et malgré qu’il décrive vraisemblablement de manière tristement vrai ce que peut être le parcours de personnes migrantes. Un roman très dur, d’où ressort peu d’espoir.

Il est des romans qui ne se contentent pas de raconter une histoire : ils nous habitent longtemps après avoir refermé le livre. American Dirt de Jeanine Cummins est de ceux-là. Dans un monde de fracas, de peur et de fuite, elle réussit l’exploit de faire jaillir l’humanité avec une intensité bouleversante. Au milieu de cette course effrénée pour la survie, Lucas est une révélation. Sa présence lumineuse, presque miraculeuse, incarne cette tendresse et cette bienveillance qui résistent envers et contre tout. Dans une atmosphère saturée de violence, Lucas devient le rappel que la dignité humaine, même brisée, peut se relever et continuer à aimer. Son regard tendre, ses gestes pleins de sollicitude, offrent au lecteur un souffle d’espoir dans ce désert d’angoisse. Jeanine Cummins écrit avec une justesse poignante : jamais dans l’excès, jamais dans la sensiblerie. Chaque page est un coup au cœur, mais aussi une main tendue, une promesse que l’amour et la solidarité peuvent survivre à l’indicible. La brutalité n’est pas un décor gratuit ; elle est le contrepoint nécessaire à l’extraordinaire beauté des élans humains que Cummins sublime. American Dirt n’est pas seulement un roman sur la migration ou la fuite face à l’horreur. C’est une ode vibrante à la résilience, une déclaration d’amour aux âmes courageuses qui, au milieu des ruines, choisissent encore de croire en l’autre. C’est aussi un miroir tendu au lecteur : qu’aurions-nous fait, nous, si nous avions été du côté de Lucas ? Par son écriture tendue mais profondément empathique, Cummins nous rappelle que derrière chaque mur, chaque frontière, il y a des êtres humains, des regards, des rêves, des douleurs universelles. Et grâce à Lucas, l’un des personnages les plus touchants qu’il m’ait été donné de rencontrer, ce roman nous souffle que l’espoir n’est pas un luxe : il est vital. Un livre indispensable, qui bouleverse, qui bouscule, mais surtout, qui élève.