Anna Karénine : Le livre de Léon Tolstoi

Poche

Pocket

0 personnes ont réagi

LES GRANDS TEXTES DU XIXe SIÈCLE

En gare de Moscou, deux jeunes gens s'aiment au premier regard. Femme d'un haut fonctionnaire, ornement de la société tsariste de son temps, Anna Karénine éblouit le frivole comte Wronsky par sa grâce, son élégance et sa gaieté. À ce bonheur, à cette passion réciproque porteuse de scandale et de destruction, ils ne résistent pas longtemps.
En écho à cette tragédie programmée, on entend toute l'âme d'un peuple et les premiers craquements de l'Empire russe en train de se lézarder. L'inoubliable Anna Karénine, c'est l'apogée du génie littéraire de Tolstoï.

Traduction anonyme du russe parue en 1886

@ Disponible chez 12-21
L'ÉDITEUR NUMÉRIQUE

De (auteur) : Léon Tolstoi
Traduit par : Anonyme

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis Babelio

simonholanec

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

[masquer]Anna Karénine est mon second roman de Léon Tolstoï. Contrairement à Guerre et Paix, autre chef-d'œuvre de la littérature russe, dans lequel l’auteur nous plonge dans la campagne de Russie menée par Napoléon au début du XIXe siècle, Tolstoï choisit ici de se concentrer sur des thématiques plus intimes, plus proches de l’existence du lecteur, comme la trahison, la vengeance ou le sacrifice. L’intrigue se déroule, comme souvent chez Tolstoï, dans la société aristocratique moscovite et pétersbourgeoise du XIXe siècle. C’est d’ailleurs ce cadre mondain, fait de réceptions, de bals et de sorties au théâtre, qui me fait penser à Proust : tous deux explorent une société raffinée mais codifiée, dont les normes pèsent lourdement sur les individus. Cela les distingue nettement de Dostoïevski, autre monument de la littérature russe, dont les personnages évoluent souvent dans des milieux plus modestes, voire misérables. Le roman est structuré autour de quatre relations amoureuses, mais celle d’Anna et de Wronsky est sans doute la plus marquante. Issue d’une trahison — celle d’Anna envers son mari Alexis — cette relation illustre le destin tragique de deux amants devenus des parias. En Russie, à cette époque, le mariage est une institution sacrée : le violer, surtout pour une femme, entraîne une exclusion sociale quasi irréversible. Anna commet une triple trahison : envers son mari, dont la réputation est brisée ; envers son fils, qu’elle abandonne ; et envers Kitty, la belle-sœur à laquelle Wronsky était initialement destiné. La rupture avec son fils Serge est sans doute la plus douloureuse, et l’un des ressorts majeurs de l’évolution psychologique d’Anna. Elle le reconnaît elle-même : « j’ai pourtant vécu sans lui, échangeant son amour contre celui d’un autre, et tant que cette passion a été satisfaite, je ne me suis pas plainte de l’échange ». Elle renonce à tout pour vivre son amour avec Wronsky : sa famille, son statut, son honneur. Mais ce sacrifice nourrit une attente démesurée envers lui. Le séjour en Italie, censé être un renouveau, se révèle fade et isolant. Wronsky, frustré par l’abandon de sa carrière, aspire à retourner dans les cercles mondains moscovites : « Malgré la réalisation de ses plus chers désirs, il n’était pas pleinement heureux […] il ne possédait que quelques parcelles de cette immense félicité rêvée par lui ». De retour en Russie, Anna sombre dans la solitude et l’exclusion. Tandis que Wronsky retrouve une place dans la société, Anna devient infréquentable. C’est alors qu’elle commence à nourrir du ressentiment, à envisager la vengeance, et à voir dans la mort le seul moyen de reconquérir l’amour de Wronsky et de retrouver une forme de dignité : « La mort lui apparut comme l’unique moyen de punir Wronsky, de triompher de lui et de reconquérir son amour. L’essentiel était le châtiment ». À travers ce parcours tragique, le roman questionne la morale, la liberté individuelle et les limites entre le bien et le mal. Anna a-t-elle fait preuve d’un égoïsme destructeur, ou est-elle une victime de passions qu’elle ne pouvait maîtriser ? Était-elle lâche ou courageuse ? Chacun pourra répondre différemment. Pour ma part, j’y vois l’illustration parfaite du célèbre poème de Louis Aragon, Il n’y a pas d’amour heureux, selon lequel toute forme d’amour porte en elle une part de souffrance. Parmi les autres couples du roman, celui de Lévine et Kitty se distingue clairement. En choisissant une vie simple à la campagne, loin des hypocrisies mondaines, ils incarnent un idéal de sincérité et de stabilité. Lévine, personnage introspectif et tourmenté, cherche dans le travail, la nature et la foi un sens à sa vie. Ses réflexions sur la mort, le bonheur, la place de l’homme dans le monde offrent une dimension philosophique profonde au roman. En opposition au destin tragique d’Anna, l’itinéraire de Lévine représente une forme de réconciliation avec soi-même, avec les autres, et avec la vie.[/masquer]

Signaler

Laveze

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

Anna Karénine de Léon Tolstoï Le prince Oblonsky a trompé sa femme Dolly avec une institutrice plongeant sa famille dans la tourmente. Il ne sait comment rattraper Dolly qui prépare ses enfants et ses bagages pour aller chez sa mère. Cette affaire tombe au mauvais moment car Anna, la sœur du prince arrive chez eux et Dolly refuse de s’en occuper. Ce même jour débarque Lévine, ami du prince qui avait disparu subitement dans sa campagne, ils vont déjeuner ensemble et Lévine est tourmenté par un seul sujet, son amour pour Kitty, qu’il n’a jamais déclaré tant il est mal à l’aise. Le prince lui annonce qu’un autre prétendant est apparu, le comte Wronsky, Lévine est dévasté et le soir ils se retrouvent chez les parents de Kitty. La mère penche pour le comte, dandy présentant beau, le père pour Levine, solide et sérieux. Kitty incline pour Wronsky. Et Anna, arrive, véritable beauté, Dolly est charmée et se réconcilie avec son mari. Le soir un bal est organisé dont Kitty attend beaucoup, Wronsky y sera et elle compte danser avec lui toute la soirée mais il n’a d’yeux que pour Anna qui est très sensible à son charme. Elle retourne à Petersbourg trouver son fils et son mari mais Wronsky quitte également Moscou pour la retrouver. La relation s’installe discrètement jusqu’à ce que Wronsky lui demande de quitter son mari. Pendant ce temps, Kitty est déprimée, Levine est dans sa campagne où le rejoint son ami le prince Oblonsky, il apprend que Kitty n’est toujours pas mariée. Une des grandes sagas de Tolstoi qui met en scène Anna Karénine, mariée, un enfant et Wronsky, leur amour qui va défier les conventions de la haute société, leur non conformisme qu’ils paieront au prix fort. Un portrait de femme flamboyante qui défiera les traditions de son milieu. Mais je garde une autre image au delà de celle d’Anna, c’est celle de Levine, propriétaire terrien, mal à l’aise en société, s’interrogeant sans cesse sur le sens de la vie et fou amoureux de Kitty. Un personnage majeur dans ce roman selon moi.

Signaler

clementnosferalis

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 6 mois

Sur les grands chefs-d’œuvre, il faut éviter de dire des banalités. D’ailleurs, on n'écrira rien de neuf dessus, puisque depuis un siècle les écrivains et les universitaires dépècent l'ouvrage pour nous montrer son génie dans les moindres détails (de même, on ne dira rien de neuf sur Don Quichotte, sur les pièces de Shakespeare ou sur Dante). On ne peut noter que de petits éléments qui, espère-t-on, donneront aux gens l’envie de le lire, ou de le relire, ou de réfléchir à nouveau dessus. "Anna Karénine" est un monument littéraire, puisqu'il s'agit d'une immense fresque sur la Russie de la fin du XIXème siècle. Cette fresque ne se fait pas sur un modèle à la française ; même si l'histoire d'Anna fait penser à Emma Bovary (l'adultère, le suicide), il ne s'agit pas ici d'un roman centré sur Anna, mais d'un roman familial à l'anglaise ; d'ailleurs, le personnage central du roman est en réalité Lévine, sur lequel sont consacrées le plus grand nombre de pages et surtout la partie conclusive, avec sa révélation philosophique et mystique qui en fait le porte-parole spirituel de Tolstoï. Certains semblent croire que le roman fonctionne par antithèse : le couple malheureux Anna-Vronski contre le couple heureux Kitty-Lévine, la ville contre la campagne, avec comme matrice politique l'opposition du livre 6 entre conservateurs et progressistes, lors de la longue scène d'élection. C'est à mon avis très réducteur : ce roman fonctionne par prolifération. Aux couples centraux doivent se rajouter celui entre Stepan et Dolly (enjeu du livre 1), ou encore celui entre les parents de Kitty. Dans l'opposition politique entre progressistes et conservateurs, on remarque que Lévine, qu'on croirait plutôt progressiste, a en réalité de l'affection pour le sortant conservateur, et vote même pour lui par inadvertance. L'opposition entre ville et campagne se redouble de l'opposition entre Saint Pétersbourg et Moscou, entre la campagne disposant d'outils industriels et celle qui demeure dans un état primitif. Un éventuelle distinction entre noblesse et peuple ne passe pas non plus, puisque la noblesse apparaît en cours de ruine et que ce sont de grands propriétaires issus du peuple qui rachètent leurs terres ; de toute manière, tout est vu par les yeux de la noblesse, et particulièrement de Lévine, noble qui se mêle avec le peuple, refuse la séparation de classe. L'opposition entre Russie et étranger subit aussi des variations, puisque le passage en Italie des amants adultères ne donne pas lieu à une comparaison entre les pays, et que les discours des personnages montrent bien les différences de rapport avec la France, l'Angleterre, la Pologne, les pays slaves, etc. Comme je le disais plus haut, le véritable héros du roman est Lévine. Pourtant, ce n’est pas lui qui donne son nom au roman, et beaucoup de personnes avec qui j’ai discuté du livre m’ont dit que plusieurs passages le concernant les avaient ennuyés ; il me semble que, dans l’imaginaire littéraire, c’est surtout l’histoire d’Anna qui est restée marquante. Il faut dire que, chez nous Français, les romans d’adultère sont en quelque sorte le cœur du genre ; l’arc narratif d’Anna nous maintient dans nos habitudes de lecture ; c’est avec lui qu’on ressent le plus d’empathie, et le plus d’émotions. Somme toute, si l’on enlevait l’histoire de Lévine, on aurait un excellent roman à la française. Mais c’est la conjonction de toutes ces histoires qui fait la saveur et la puissance de ce roman ; par exemple, le livre 4, qui est un sommet d’émotion et, personnellement, m’a mis dans tous mes états, n’atteint ce sommet que grâce à la concordance entre la maladie d’Anna après son accouchement et la tension pour savoir si Lévine va prendre se décider à refaire une demande de mariage à Kitty. La scène de demande, par messages cryptés, est d’ailleurs une des plus belles de la littérature. A côté de cela, on a aussi les passages annexes : le frère de Lévine et son échec philosophique, son couple avorté avec Varenka, le portrait d’Anna fait par le peintre Mikhaïlov en Italie, qui donne lieu à une réflexion esthétique, etc. C’est cette manière dont la trame apparemment centrale est trouée d’éléments disparates et fascinants, qui fait à mon sens la beauté de ce livre. Voilà donc tout ce que je peux dire pour enjoindre à lire, relire ce livre ou simplement à réfléchir à nouveau dessus. Après des années avec peu de temps, où j’ai surtout lu des livres courts, essentiellement dans les transports, repasser aux lectures de longue haleine m’a causé un grand plaisir. Ces romans basés sur la prolifération d’intrigues, de personnages et de réflexions, font entrer dans une sorte d’état calme et serein. Somme toute, même sans adhérer à la révélation existentielle finale de Lévine, on se sent, à la fin, aussi serein que lui.

Signaler

Caecilae

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 6 mois

De temps en temps je me dis "tiens voilà un classique que je n'ai pas lu" et je me lance avec parfois un peu d'appréhension. Et encore une fois je n'aurai pas due douter, c'est un bijou ce roman! Je suis toujours très étonnée de découvrir des thèmes si modernes dans les classiques. il y a des réflexions superbes sur le couple, la parentalité, le sexisme, etc. Si le roman est effectivement très long je trouve qu'il est facile à lire, les chapitres sont cours et on change régulièrement de point de vue. Vraiment je vous le conseille !

Livres du même auteur

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782266288613
  • Collection ou Série
    Littérature - Classiques
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    208
  • Dimensions
    179 x 111 mm

L'auteur

Léon Tolstoi

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

5,80 € Poche 208 pages