Après nous les oiseaux : Le livre de Rakel Haslund
Quelque chose est arrivé. Le monde est en ruine. Il ne reste qu'une survivante. Assoiffée de grand air et de large, elle doit s'aventurer hors de ses repères. Dans l'oubli hypnotique du monde d'avant, elle marche, sans s'arrêter, jusqu'à apercevoir la mer. Bientôt elle sent son identité lui échapper. La nature a repris ses droits. Comment vivre désormais ?
Prix Michael Strunge
De (auteur) : Rakel Haslund
Traduit par : Catherine Renaud
Expérience de lecture
Avis Babelio
indimoon
• Il y a 3 semaines
Très touchée par cette version danoise de la dernière survivante de l'humanité, qui avance obstinément, tant que ses pas la portent, sur l'île désormais coupée du reste du monde de Seeland au Danemark. Touchée de la même façon que je l'avais été par la version allemande de Marlen Haushofer, et sa dernière survivante coincée dans une une bulle de montagnes autrichiennes par le mur invisible. . Thème similaire, et où mon cheminement de lectrice fut semblable : une sensation de livre, morne, triste, où il ne se passe pas grand-chose. Et puis une adaptation à un rythme particuliers, un déclic, et une fin qui emporte tout. La narratrice allemande écrivait méticuleusement toutes ses tâches quotidiennes pour rester en vie, un récit à la première personne où elle écrivait « pour ne pas sombrer dans la folie ». La survivante danoise, qui n'a pas plus de prénom que la narratrice allemande, n'a pas les mêmes références au monde d'avant l'apocalypse, car elle l'a peut connu. Les mots ne lui sont d'aucune aide. Ils reviennent dans son esprit par bribes, et dansent avec les souvenirs du seul autre humain qu'elle ait côtoyé. « La rosée se dépose sur les prairies. Ce sont de jolis mots. Elle les redit. Elle les chante. Elle ne comprend pas vraiment ce que signifie « La rosée se dépose », mais elle sait que « prairie » est associée à « herbe », et avec ces mots vient le souvenir d'une fois où Am avait fait une pause près du Cavalier alors qu'Am et elle se dirigeaient vers la mer. Ici, il y avait autrefois une grande place, avait dit Am, mais regarde combien l'herbe a poussé maintenant, c'est presque une prairie. Alors Am et elle avaient appelé l'endroit prairie-du-Cavalier, mais Prairie-du Cavalier a été recouverte par la mer ces dernières années, et elle a oublié le mot « prairie » (p51, éditions Robert Laffont, collection AilleursDemain). Ils s'imposent parfois dans ses pensées, des chansons lui reviennent, et les mots tourbillonnent en une cacophonie à la limite du supportable « Les mots se pourchassent dans une ronde » (p83-84). A d'autres moments ils éclairent ses réflexions : « C'est comme si les choses grandissaient quand elles ont un nom, comme si elles devenaient plus claires et se démarquaient. La belle algue rose, elle l'appelle la rose-algue, et depuis qu'elle a trouvé ce mot, elle s'est mise à beaucoup apprécier ce genre d'algue, la rose algue est devenu quelque chose en soi, et maintenant elle remarque toujours les roses-algues parmi les autres algues. » (p88-89) . Les mots nous permettent de communiquer mais elle ne peut plus communiquer qu'avec un monde sans humain, des êtres vivants qui n'ont pas les mêmes codes, des oiseaux. Comme dans le mur invisible le rapport à la nature est bouleversé, le vent, la mer, les oiseaux deviennent des personnages à part entière, traités avec autant d'importance que les hommes. Les mots sont aussi ce qui constitue notre pensée, nous pensons avec des images, des odeurs, des sons, mais aussi des mots. Comment se structure une pensée sans les mots ? C'est véritablement à une étude sémantique que nous convie l'autrice de sa plume souvent poétique, hypnotique. Nous ne sommes pas complètement immergés dans l'esprit de la jeune fille, le récit est à la 3eme personne. L'étude sémantique est suggérée, mais pas complètement aboutie, car si notre personnage oublie, peu à peu, des mots tels « oie cendrée », ou « amadouvier » l'autrice, elle, les nomme tout de même. Cette navette entre la psyché de la survivante, et l'emploi de la 3eme personne freine parfois la force de proposition de l'autrice. . Ce qui m'a le plus impressionnée dans la proposition de l'autrice, c'est l'état d'esprit de son personnage. La force qui la pousse à avancer, se pose en opposition à l'attitude du seul exemple humain qu'elle ait connu, même si un lien très fort continue de les lier. Un peu comme les mots, ses souvenirs la portent et en même temps la freinent dans la vie qu'elle doit inventer. Un peu comme les bagages personnels et culturels que nous portons tous. . « Qui es-tu ? » semble lui demander l'oiseau, la réponse à cette question s'impose, même sans mots, approchant l'état remarquable qui m'avait subjuguée dans le mur invisible quand la narratrice dit « « Je ne pensais à rien, je n'avais plus ni souvenir ni peur. J'étais seulement assise, appuyée contre le mur de bois, en même temps lasse et éveillée, et je regardais le ciel. » (p221,éditions Babel , Actes Sud, 1992.) . En écho, l'esprit éthéré de la jeune fille lui répond : « Non la meilleure chose qu'elle connaisse est de s'allonger au soleil et d'oublier tout. Ici, elle oublie d'écouter. Elle oublie de penser. Au soleil, toutes les pensées deviennent de la chaleur, et elle n'est rien d'autre qu'une pierre chaude, un oeuf fraîchement pondu. Ici il n'y a aucun mot. Il n'y a rien qu'elle ait perdu, rien qu'elle ne sache pas. C'est si agréable d'être comme le vent qui souffle ici et là et fait tourbillonner les mots » (p169). . Merci à Patlancien dont la critique a fini de me convaincre qu'il me fallait lire ce monde, des oiseaux, après nous.
DCDP
• Il y a 1 mois
Quelles sont les clés pour survivre ? La sociabilité ? La connaissance ? Le courage ? Ce roman très particulier offre un angle de vue intéressant. En suivant le parcours d’une survivante solitaire, on comprend les difficultés à survivre, mais, plus que tout, à ce que les bases de notre humanité survivent. J’ai aimé ce roman post-apocalyptique. Je vous le conseille vivement.
_moustique_
• Il y a 1 mois
Un texte poétique, plein de mystères. C'est mon premier livre de cette auteure. J'ai apprécié la lecture très contemplative mais je me retrouve un peu frustrée de ne pas comprendre ou savoir ce qu'il se passe réellement : Que veut dire la fin? Que s'est-il passé dans ce monde? Est-elle seule? Je vais surement replonger dans les livres de cette auteure, sa plume et ses textes m'intrigue énormément.
Lekarr
• Il y a 4 mois
Le thème du dernier homme - ou de la dernière femme - est un classique de la science-fiction post-apocalyptique. Qu'il s'agisse de flâneries dans un univers libérée des contraintes que l'homme lui faisait subir ou de considérations sur le devenir de l'espèce humaine, la fragilité des civilisations et autres réflexions du genre, tout ou presque a déjà été écrit. Rakel Haslund a donc dû se glisser dans un trou de souris pour nous livrer un récit original. Une originalité qui tient tout entière dans la personnalité de son héroïne, une jeune adolescente de 12/13 ans qui a à peine connu le monde d'avant. Il n'y donc chez elle aucuns regrets devant l'inexorable fin qui guette l'oeuvre des hommes et encore moins de volonté de s'y opposer. A la différence de Am, la femme qui l'a élevée depuis le « Grand Incendie » et dont la disparition apporte une touche de mystère au récit, elle accepte tout naturellement sa nouvelle vie. Ce qu'elle découvre jour après jour, c'est un monde tout neuf et non les restes de l'ancien. Certes, il en demeure d'importants vestiges parmi lesquels l'enfant trouve de quoi s'abriter, se vêtir, se nourrir. Mais ce qui attire son attention, ce ne sont pas les cratères, les ponts détruits ou les maisons inondées qui lui racontent la folie des hommes, ce sont les prémices de quelque chose d'autre, d'une voie nouvelle où l'humain n'a pas sa place. Désormais seule et presque sans souvenirs, elle entame une lente régression, un retour vers une forme d'animalité dont elle ressent la puissance renouvelée. L'homme a eu sa chance. Il l'a gâchée. Qu'il passe son tour ! La planète ne s'en portera pas plus mal.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Science-Fiction Dystopie
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- EAN
- 9782221257999
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- Collection ou Série
- Ailleurs et Demain
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 208
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- Dimensions
- 217 x 139 mm
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