Après nous les oiseaux : Le livre de Rakel Haslund

Numérique

Robert Laffont

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La nouvelle voix enchanteresse de la science-fiction danoise, Prix Michael Strunge

Quelque chose est arrivé. Le monde est en ruine. Il ne reste qu'une survivante. Assoiffée de grand air et de large, elle doit s'aventurer hors de ses repères. Dans l'oubli hypnotique du monde d'avant, elle marche, sans s'arrêter, jusqu'à apercevoir la mer. Bientôt elle sent son identité lui échapper. La nature a repris ses droits. Comment vivre désormais ?
Prix Michael Strunge

De (auteur) : Rakel Haslund
Traduit par : Catherine Renaud

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Expérience de lecture

Avis Babelio

diesirem

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 semaine

Ce texte est un petit bijou de poésie totalement hors sol. Que se passe t’il quand il n’est plus possible d’être ancré sur terre ? Comment devenir un oiseau ? Le vent, la lumière, l’océan, l’oiseau, et surtout les mots, tous bien vivants, accompagnent ici le périple d’une héroïne, si légère, si fragile, partie sur la route dans un monde postapocalyptique. Privée de mémoire, revenue aux éléments, l’eau, la terre, le feu, elle marche, marche, évite les trous, suit l’oiseau, le vent, les feuilles, survit d’instants fugaces, capte des mots, s’y accroche comme à une bouée de secours, tout ce qui lui reste pour exister depuis que son ami Am, a disparu, la laissant seule dans ce monde qui la dépasse. Un roman limpide, pur, d’une très grande beauté qui m’a totalement transporté.

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HordeDuContrevent

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Comme attraper le vent avec les mains … « Après nous les oiseaux », de la danoise Rakel Haslund, est exactement le genre de livre de science-fiction que j'aime, il réunit en effet précisément ce que je recherche sans toujours le trouver : une vraie force poétique et introspective, une vision particulièrement singulière et douce du post-apocalyptique, une atmosphère contemplative, calme et mélancolique, une exploration profonde de la solitude humaine, une écriture épurée mais chargée d'émotions. Loin, très loin, des mille et un rebondissements, de la grandiloquence de la survie, de la violence gratuite ou du cynisme désabusé qui caractérisent souvent les romans post-apocalyptiques. Ici, tout est doux, lent, beau. Immersif. Je suis contente de parvenir à mieux cerner ce que j'apprécie de façon croissante dans ces romans d'anticipation vis-à-vis desquels je suis de plus en plus difficile et exigeante. Dans un monde dévasté, une jeune femme erre seule à travers des paysages silencieux et désertés. Aucun nom, aucun lieu précis — seulement la nature revenue à elle-même, et les vestiges d'un monde disparu. La narratrice a survécu à une catastrophe dont l'origine reste floue, presque volontairement effacée. On comprend confusément qu'il y a eu un immense incendie, obligeant les rares survivants à vivre dans des tunnels, puis une montée des eaux, l'île dans laquelle elle vivait est recouverte en bonne partie par les eaux, les maisons sont abandonnées et il ne semble y avoir aucun survivant. Mais rien n'est jamais expliqué de façon claire ou linéaire. Juste quelques images de temps à autres qui suggèrent plus qu'elles n'expliquent : « Quand on regarde droit dans la mer, on aperçoit le goudron noir à travers les algues mouvantes ». C'est comme si le récit se refusait la causalité pour se concentrer sur ce qu'il reste : les traces, les sensations, les restes confus de mémoire. Désormais, elle marche. Elle erre plutôt. Elle a quitté son île pour le continent, avec ses quelques affaires rassemblées dans un chariot. Elle dort là où le vent s'arrête, se nourrit comme elle peut, et observe. Peu à peu, les mots lui échappent. le langage, outil des humains, se délite faute d'usage, comme tout le reste. Pourtant, elle cherche encore à nommer ce qui l'entoure, à garder trace de l'éphémère. Son corps semble se transformer, lentement, imperceptiblement. Parfois, le danger de l'inertie la guette. Avancer… mais pour qui, pour quoi, quand on est — peut-être — le dernier être humain sur Terre ? Reste-t-on véritablement humain quand il n'y a plus personne avec qui parler, plus aucun projet à bâtir, plus de pensée à partager ? Peut-être devient-elle oiseau, à l'image de ce corbeau avec lequel une forme de communication s'installe, fragile. Ou peut-être devient-elle autre chose encore, quelque chose de plus végétal, de plus enraciné, sorte de « petite tache noire entre l'herbe jaune-brun et les branches tortueuses ». La frontière entre elle et la nature s'efface peu à peu, dans une dissolution douce, sans violence, dans un présent absolu, dénué de passé comme d'avenir. « C'est agréable de marcher dans l'herbe et encore plus agréable de s'allonger dans le puissant et doux parfum de bruyère. le vent fouette le haut plumeux des brins d'herbe, ils bruissent. Elle ne parvient presque pas à voir le ciel à travers l'herbe, elle pousse dru par ici. Une fourmi orange rampe sur le pont vert au-dessus de ses yeux, elle soulève un peu la tête, tire la langue et l'avale avec un frisson jaunâtre. Ce serait bien maintenant de rester allongée ici ; par une journée aussi chaude et ensoleillée qu'aujourd'hui. Il n'en viendra plus beaucoup d'autres avant l'hiver, un jour comme celui-ci, on ne devrait pas se lever, on devrait rester allongé et tout oublier dans l'herbe, mais elle ne doit pas ». « Regarde, le soleil est comme un oeil entre des paupières bleues, bientôt il sera couché et la couverture de nuages grandit vers la mer avec un bandeau rouge à l'horizon. Avec une clarté pénétrante, elle pense que ceci est maintenant, et que ce sera bientôt passé, cette lumière, les fruits et les derniers oiseaux qui volent dans le ciel et vers la mer ». Il n'y a pas vraiment “d'intrigue” à proprement parler, pas beaucoup d'actions, mais plutôt un fil ténu, fait de sensations, de contemplation, de visions fragmentées. C'est un livre qui s'écoute presque plus qu'il ne se lit. Car la poésie prend toute la place. Une poésie sensorielle, brute, charnelle, qui capte les odeurs de cendres, les couleurs fanées du monde que viennent rehausser les orangés des becs de canards, des oeufs qui coulent, des couchers de soleil, les bruissements d'un vent sans témoin. Une poésie presque instinctive. Elle ne raconte pas, elle ressent. C'est d'ailleurs par moment d'une beauté renversante, tel ce passage où tout prend l'eau après qu'elle soit tombée dans une rivière. Nous découvrons alors ce que contient sa sacoche dont elle ne se sépare jamais…Et c'est ce ressenti qui devient le récit. C'est elle qui remplace le langage rationnel disparu, c'est elle qui tient lieu de narration, de mémoire, de survie. « Elle est agacée de ne pas avoir un morceau de plastique plus adéquat à poser sur la fenêtre. le sac jaune était trop fin, elle le savait bien quand elle l'avait installé, mais c'était si beau quand le soleil brillait à travers, elle se sentait comme un oeuf de poisson, un petit oeuf de poisson à l'intérieur de la membrane rouge orangé de son sac d'oeufs. Maintenant il va pleuvoir et faire du vent à l'intérieur, les oiseaux entreront et mangeront le maïs dans les sacs, et la pluie rongera le sol sous la fenêtre ». Je trouve que la réflexion sur le langage et sa perte dans une telle situation de solitude totale est l'un des aspects les plus puissants et subtils du roman. Et c'est traité avec une délicatesse rare : le langage ne disparaît pas d'un coup, il s'efface doucement, comme les traces dans le sable. Et pourtant, plus il disparaît, plus son absence pèse, plus sa beauté ressort. C'est presque un livre sur le silence, un livre sur la valeur des mots. Il y a quelque chose de profondément émouvant dans cette perte : on sent que la narratrice essaie de continuer à dire le monde, mais les mots lui échappent. Lentement, le langage se délite. Et pourtant, dans cette absence, quelque chose de neuf émerge : elle invente, elle détourne, elle s'appuie sur les images, les sensations. Un souffle, une voix intérieure, un murmure réinvente le réel. Plus les mots s'effacent, plus leur écho devient vibrant. Et c'est alors que la poésie afflue avec une force brute. le langage devient alors moins un outil de communication qu'un outil de survie intérieure, de lien avec le réel. « C'est comme si les choses grandissaient quand elles ont un nom, comme si elles devenaient plus claires et se démarquaient. La belle algue rose, elle l'appelle la rose-algue, et depuis qu'elle a trouvé ce mot, elle s'est mise à beaucoup apprécier ce genre d'algue, la rose algue est devenue quelque chose en soi, et maintenant elle remarque toujours les roses-algues parmi les autres algues. » La solitude de cette femme est impressionnante, et n'est pas sans évoquer le Mur invisible de Marlen Haushofer : un roman lui aussi sans action, calme, lent, profondément introspectif. Mais ici, cette solitude semble encore amplifiée par la foisonnante présence des oiseaux. La narratrice est seule, terriblement seule — mais entourée de vie. Aucun humain, non. Même son seul compagnon, Am, a disparu. Pourtant, les oiseaux sont là, partout. Ils ne lui parlent pas, ne la regardent pas, ne la comprennent pas, sauf peut-être cet étrange corbeau. Et pourtant, ils emplissent l'espace : ils bruissent, ils crient, ils s'agitent, ils vivent. Et c'est là que la solitude devient plus aiguë encore : ce n'est pas un silence vide, mais un silence habité, d'un autre langage, d'un autre rythme. Les oiseaux forment une présence intense, presque exubérante, mais fondamentalement inaccessible. Elle est seule au milieu du vivant, étrangère à un monde qui continue sans elle, sans les humains. Là encore, le parallèle avec le Mur invisible s'impose : une femme livrée à elle-même, entourée d'animaux — un chien, une vache — et d'une nature qui poursuit son cycle immuable, avec ou sans témoin. Ça crée dans les deux romans une sensation étrange : la nature n'est pas hostile, mais indifférente. Et cette indifférence, douce mais implacable, creuse encore plus la solitude. Et bien entendu, cette errance avec un charriot dans un monde déserté fait penser irrésistiblement à La route de Cormac McCarthy. Les deux romans dépeignent un monde vidé de civilisation où la nature est redevenue sauvage. le sentiment de solitude extrême, de perte de repères et le silence sont bien présents dans les deux romans. Mais, étonnamment, j'avais été tenue à distance par La route alors que celui-ci m'a totalement envoutée. C'est une question de style et d'ambiance sans doute. Chez McCarthy le ton est sec, brut, tranchant. C'est oppressant, très gris, presque sans échappatoire. Alors que le style est poétique et sensoriel avec Haslund. Ca respire, c'est plus ouvert, plus contemplatif, plus doux dans cette même désolation. Ensuite, « Après nous les oiseaux » est plus solitaire, plus intérieure, en une fusion magnifique entre cette femme et la nature, en un rapport plus mystique au monde, une sorte d'acceptation de l'effacement. C'est une autre façon de vivre la fin du monde, presque comme une renaissance lente, fragile. J'ai vraiment préféré ce livre, et pourtant il faut bien reconnaitre que ce sont deux lectures complémentaires, elles se répondent dans la même tonalité crépusculaire. Après nous les oiseaux n'est ainsi pas un récit de survie au sens classique. C'est une sorte de traversée poétique et méditative, un chant de solitude, de perte et de réinvention. Un monde s'effondre, oui, mais ce n'est pas la fin, c'est un glissement vers autre chose, peut-être plus pur, plus libre. C'est un texte qui touche plus par l'atmosphère que par l'intrigue, et c'est assez rare dans les récits post-apocalyptiques, qui misent souvent sur le choc ou la survie. Ce doux et poétique roman, qui se fait paysage que nous traversons plus qu'histoire que nous suivons, offre une réflexion profonde sur la solitude, le langage et la résilience humaine face à un monde en ruine. Bien que court, « Après nous les oiseaux » laisse une impression durable, chaque mot, chaque paysage, chaque moment de poésie, résonnant longtemps après la lecture. J'ai été très touchée. Merci Sonia (@Indimoon) pour cette lecture que je te dois ! Après cette fleur danoise d'un beau blanc-gris, me reste à découvrir à ta suite celle plus vénéneuse et exotique, uruguayenne de « Crasse rose »…Une nouvelle dystopie, une nouvelle singularité…

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indimoon

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Très touchée par cette version danoise de la dernière survivante de l'humanité, qui avance obstinément, tant que ses pas la portent, sur l'île désormais coupée du reste du monde de Seeland au Danemark. Touchée de la même façon que je l'avais été par la version allemande de Marlen Haushofer, et sa dernière survivante coincée dans une une bulle de montagnes autrichiennes par le mur invisible. . Thème similaire, et où mon cheminement de lectrice fut semblable : une sensation de livre, morne, triste, où il ne se passe pas grand-chose. Et puis une adaptation à un rythme particuliers, un déclic, et une fin qui emporte tout. La narratrice allemande écrivait méticuleusement toutes ses tâches quotidiennes pour rester en vie, un récit à la première personne où elle écrivait « pour ne pas sombrer dans la folie ». La survivante danoise, qui n'a pas plus de prénom que la narratrice allemande, n'a pas les mêmes références au monde d'avant l'apocalypse, car elle l'a peut connu. Les mots ne lui sont d'aucune aide. Ils reviennent dans son esprit par bribes, et dansent avec les souvenirs du seul autre humain qu'elle ait côtoyé. « La rosée se dépose sur les prairies. Ce sont de jolis mots. Elle les redit. Elle les chante. Elle ne comprend pas vraiment ce que signifie « La rosée se dépose », mais elle sait que « prairie » est associée à « herbe », et avec ces mots vient le souvenir d'une fois où Am avait fait une pause près du Cavalier alors qu'Am et elle se dirigeaient vers la mer. Ici, il y avait autrefois une grande place, avait dit Am, mais regarde combien l'herbe a poussé maintenant, c'est presque une prairie. Alors Am et elle avaient appelé l'endroit prairie-du-Cavalier, mais Prairie-du Cavalier a été recouverte par la mer ces dernières années, et elle a oublié le mot « prairie » (p51, éditions Robert Laffont, collection AilleursDemain). Ils s'imposent parfois dans ses pensées, des chansons lui reviennent, et les mots tourbillonnent en une cacophonie à la limite du supportable « Les mots se pourchassent dans une ronde » (p83-84). A d'autres moments ils éclairent ses réflexions : « C'est comme si les choses grandissaient quand elles ont un nom, comme si elles devenaient plus claires et se démarquaient. La belle algue rose, elle l'appelle la rose-algue, et depuis qu'elle a trouvé ce mot, elle s'est mise à beaucoup apprécier ce genre d'algue, la rose algue est devenu quelque chose en soi, et maintenant elle remarque toujours les roses-algues parmi les autres algues. » (p88-89) . Les mots nous permettent de communiquer mais elle ne peut plus communiquer qu'avec un monde sans humain, des êtres vivants qui n'ont pas les mêmes codes, des oiseaux. Comme dans le mur invisible le rapport à la nature est bouleversé, le vent, la mer, les oiseaux deviennent des personnages à part entière, traités avec autant d'importance que les hommes. Les mots sont aussi ce qui constitue notre pensée, nous pensons avec des images, des odeurs, des sons, mais aussi des mots. Comment se structure une pensée sans les mots ? C'est véritablement à une étude sémantique que nous convie l'autrice de sa plume souvent poétique, hypnotique. Nous ne sommes pas complètement immergés dans l'esprit de la jeune fille, le récit est à la 3eme personne. L'étude sémantique est suggérée, mais pas complètement aboutie, car si notre personnage oublie, peu à peu, des mots tels « oie cendrée », ou « amadouvier » l'autrice, elle, les nomme tout de même. Cette navette entre la psyché de la survivante, et l'emploi de la 3eme personne freine parfois la force de proposition de l'autrice. . Ce qui m'a le plus impressionnée dans la proposition de l'autrice, c'est l'état d'esprit de son personnage. La force qui la pousse à avancer, se pose en opposition à l'attitude du seul exemple humain qu'elle ait connu, même si un lien très fort continue de les lier. Un peu comme les mots, ses souvenirs la portent et en même temps la freinent dans la vie qu'elle doit inventer. Un peu comme les bagages personnels et culturels que nous portons tous. . « Qui es-tu ? » semble lui demander l'oiseau, la réponse à cette question s'impose, même sans mots, approchant l'état remarquable qui m'avait subjuguée dans le mur invisible quand la narratrice dit « « Je ne pensais à rien, je n'avais plus ni souvenir ni peur. J'étais seulement assise, appuyée contre le mur de bois, en même temps lasse et éveillée, et je regardais le ciel. » (p221,éditions Babel , Actes Sud, 1992.) . En écho, l'esprit éthéré de la jeune fille lui répond : « Non la meilleure chose qu'elle connaisse est de s'allonger au soleil et d'oublier tout. Ici, elle oublie d'écouter. Elle oublie de penser. Au soleil, toutes les pensées deviennent de la chaleur, et elle n'est rien d'autre qu'une pierre chaude, un oeuf fraîchement pondu. Ici il n'y a aucun mot. Il n'y a rien qu'elle ait perdu, rien qu'elle ne sache pas. C'est si agréable d'être comme le vent qui souffle ici et là et fait tourbillonner les mots » (p169). . Merci à Patlancien dont la critique a fini de me convaincre qu'il me fallait lire ce monde, des oiseaux, après nous.

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DCDP

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Quelles sont les clés pour survivre ? La sociabilité ? La connaissance ? Le courage ? Ce roman très particulier offre un angle de vue intéressant. En suivant le parcours d’une survivante solitaire, on comprend les difficultés à survivre, mais, plus que tout, à ce que les bases de notre humanité survivent. J’ai aimé ce roman post-apocalyptique. Je vous le conseille vivement.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Science-Fiction Dystopie
  • EAN
    9782221258002
  • Collection ou Série
    Ailleurs et Demain
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Filigrame numérique

L'auteur

Rakel Haslund

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