Les Revenants de l'inspecteur Sadorski : Le livre de Romain Slocombe

C'est toujours avec autant de plaisir que je replonge dans cette série. J'aime infiniment la plume de l'auteur, sa faculté à rendre vivante une période de l'Histoire dans tous ses aspects quotidiens, culturels, politiques. Et surtout je reste admirative de sa faculté à dénoncer toutes les turpitudes d'une époque à travers le prisme de son odieux héros. La France est libérée, la paix en passe d'être signée, les règlements de compte se poursuivent et les premiers déportés encore vivants commencent à arriver avec des récits monstrueux dépassant l'entendement... Le pays découvre l'innommable... Les témoignages sont crus, parfois insoutenables. Le collabo Léon Sadorski est désormais en cavale mais il a réussi une fois encore à tirer son épingle du jeu. Sous le faux nom de Jules Réquillard, il occupe le logement d'une famille juive déportée et parvient à se faire engager en tant que détective par Jaakov Avivsohn, un juif polonais venu tout droit d'Amérique afin de retrouver des tableaux et œuvres volés pendant l'occupation. Mais le retour de certaines de ses victimes survivantes vont lui causer bien des tracas, il va devoir louvoyer une fois de plus. Toujours aussi immoral, il ne recule devant rien pour éliminer ce qui pourrait être une menace. Exécutions, tortures, vols, il est capable de tout pour préserver ses intérêts personnels, et ce parfois même aux dépends de sa femme Yvette... Toujours avec une multitude de détails, l'auteur nous raconte la spoliation organisée de l'Art sous le joug allemand. Certains ont bâti de véritables fortunes dans de sordides tractations. Lors de ses investigations, Sadorski rencontre Picasso, apprend la différence entre tableau abstrait et cubisme, découvre nombres de grands noms de la peinture. Avec sa mémoire infaillible et son flair aiguisé, il redevient le redoutable enquêteur qu'il était et poursuit sans relâche les marchands d'art malhonnêtes sans oublier au passage de se servir dès qu'il le peut. Un salaud reste un salaud ! Romain Slocombe nous offre une nouvelle fois, tel un historien, un tableau extrêmement documenté de l'après-guerre. La période reste trouble, pleine de dangers. Il décrit sans concession les filières organisées des profiteurs de guerre. Son personnage principal s'étoffe. Toujours aussi odieux et détestable, coureur de jupons, infidèle, violent, menteur, voleur, criminel, il a cependant des émotions qui le submergent parfois comme son affection pour son fils Bernard. Il est à la recherche de Julie disparue en Allemagne pour qui il garde une tendresse particulière. Et contre toute attente, un ersatz de culpabilité semble le hanter par moment. Une excellente lecture passionnante de bout en bout qui nous rappelle qu'il ne faut rien oublier car "le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde". Un grand merci à Babelio et La collection La Bête Noire

Paris, 1945. La fin de la guerre est là, même si tout n’est pas réglé. Les premiers déportés survivants arrivent peu à peu au Lutecia. Les comptes se règlent à coup d'exécution plus ou moins sommaire et de femmes tondues, le tout sans trop de jugement rendus. Tout va vite. C'est dans ce contexte que Sadorski se planque avec sa femme Yvette, sous un faux nom, et pas à sa dernière adresse connue, c’est moins risqué. Lorsqu’un revenant des camps de la mort débarque chez eux et cherche sa fille, Sadorski décide une fois de plus de mentir et d'esquiver, sa femme a quant à elle quelques hésitations et un brin d'humanité vite étouffé sous les coups de son mari. Drôle de contexte pour faire la connaissance de ce policier bien désagréable et mauvais, qui a traversé la guerre et les 7 tomes précédents avec toujours apparemment la même constance dans l’horreur. Arrêter des juifs, envoyer sa voisine au camp d'extermination, torturer, rien ne lui a fait peur. Maintenant il cherche un nouvel emploi puisqu'il a été radié de la police. Et va travailler avec un enquêteur privé, à la recherche des bien spoliés aux juifs pendant la guerre. Qu'il est difficile d'apprécier et de suivre cet odieux personnages. Et pourtant, même s'il semble cumuler les pires travers, il est sans doute caractéristique des collabos de la pire espèce. L'auteur a raison de préciser qu'il ne l’aime pas plus que nous. Mais c’est intéressant de montrer aussi ceux qui ont permis que le mal se réalise et qui ont soutenu voire aidé l'ennemi occupant le pays. Une drôle d'expérience de lecture. Depuis le temps que je voyais ce nom, j'avais très envie de le lire. J'imagine qu'il est intéressant de commencer par le premier et de lire les trois cycles au complet. Puisqu'il semble qu'un neuvième tome doit clôturer cette saga.

Je remercie Babelio pour ce service presse. Je retrouve avec plaisir cet héros atypique et qui soulève la contreverse partout où il passe de Sadorski. Ici il se cache. Il ne fait pas bon se rappeler aux bons souvenirs de certaines personnes quand au temps de la guerre vous assumiez votre rang de collabo. Mais chez lui tout est ambigu, car autant il a des côtés très répugnant, autant on découvre une certaine humanité quand on ne s'y attend pas. Le retour des prisonniers de guerre va chambouler sa nouvelle quête. C'est incisif comme toujours, dérangeant mais captivant. Une fois que l'on tombe sous la plume de l'auteur on ne s'en remet pas! J'ai adoré! Enjoy

Huitième opus de la série consacré par Romain Slocombe à son sinistre policier et désormais ex-collabo pendant l'occupation. Après la guerre, la libération, l'épuration et ses règlements de comptes, nous retrouvons Sadorski, qui, après avoir tenté de se faire passer pour résistant sans y être parvenu, ayant même échappé au lynchage, se cache, avec sa chère Yvette, sous une nouvelle identité. Il faut dire qu'il est en passe d'être jugé et que l'affaire se présente mal. À la recherche d'un emploi qui leur permettrait d'envisager un nouveau départ, il postule et obtient un poste d'enquêteur auprès d'un mystérieux personnage. Son boulot ? Remettre la main sur des oeuvres d'art volées à des artistes ou familles de juifs déportés. Au fil des romans, on a appris à connaître les méthodes de l'ex-policier, on sait donc à quoi s'attendre. Croyez-moi, on n'est pas déçu. Mais ce cher Sadorski va connaître bien des soucis. Voilà que des fantômes viennent le hanter, et ceux-là, hélas pour lui, sont bien vivants. Aux grands maux les grands remèdes. Les fantômes de l'inspecteur Sadorski, un roman dans la continuité des précédents volumes. Violent, bouleversant, documenté et toujours ancré dans la réalité historique. Après le docteur Petiot dans l'épisode précédent c'est une autre célébrité que notre ex-flic va croiser dans son enquête, Pablo Picasso. Une fois de plus, Romain Slocombe tient en haleine ses lecteurs avec son personnage qui n'attire pas la sympathie, bien au contraire, une fois de plus on espère le voir souffrir. Et si ces fantômes finissaient par avoir sa peau ?