Barnabé Rudge - Tome 1 : Le livre de Charles Dickens

Poche

Archipoche

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Un classique méconnu, qui complète l'intégrale Dickens en cours chez Archipoche.

1775. Barnabé Rudge, un simple d'esprit, vit avec sa mère dans le village d'Epping. Ses habitants, unis en dépit des anicroches, y mènent une existence paisible et rustique. Jusqu'à l'arrivée de lord Gordon, un agitateur protestant suivi de ses partisans, qui vient troubler ce frêle équilibre.
Des émeutes éclatent, dont l'écho parvient jusqu'à la proche capitale, Londres. Le jeune Barnabé, pour échapper à des escrocs, s'y est enfui avec sa mère. Il s'y retrouve mêlé à l'insurrection anticatholique fomentée par Gordon... au risque d'être emprisonné.
Première incursion du jeune Dickens dans le roman historique, Barnabé Rudge (1841) offre un tableau de la terreur provoquée par une foule déchaînée, vue par des individus emportés malgré eux dans le tumulte de l'Histoire.

De (auteur) : Charles Dickens
Préface de : Dominique Jean
Traduit par : Bonnomet

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Nastasia-B

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 6 ans

Je ne vais pas vous mentir : Barnabé Rudge n'est probablement pas le meilleur roman de Charles Dickens et c'est peut-être même l'inverse. Toutefois, et parce que c'est un Charles Dickens, il reste largement au-dessus de la moyenne de tout ce qu'il m'a été donné de lire et m'a procuré quelques grands plaisirs à la lecture, ce qui n'est déjà pas si mal. Le principal défaut que je trouve à ce gros ouvrage (770 pages en pléiade !) tient surtout au fait que ses personnages sont par trop caricaturaux, trop typés, trop monolithiques pour être tant soit peu crédibles. Je reproche également au scénario d'ensemble un peu trop de ces hasards heureux qui font qu'untel rencontre un autre tel pile au bon moment et au bon endroit. Si l'on veut bien pardonner cela à Charles Dickens ainsi qu'une happy end un petit peu trop happy à mon goût, il vous restera entre les mains un bon grand divertissement de plusieurs semaines (plusieurs mois dans mon cas) qui attirera votre attention sur un fait historique pas forcément d'une grande notoriété publique de ce côté-ci de la Manche mais qui vaut pourtant le coup d'être évoqué. En fait, il n'est pas totalement illégitime de considérer Barnabé Rudge à l'égal d'un bon gros livre d'Alexandre Dumas, pas du meilleur cru, et vous aurez une idée assez exacte de ce à quoi vous attendre si vous entreprenez d'ouvrir Barnabé Rudge. Il y a aussi en Dickens quelques graines d'humanisme à la Hugo et ce roman est prétexte pour lui à condamner vivement la peine de mort ainsi que le sort réservé aux tranches les plus pauvres de la population. Mais venons-en au cœur de ce qui fait l'ouvrage, à savoir les émeutes à caractère religieux de l'année 1780 à Londres, sous la houlette de l'ultra protestant Sir George Gordon, lesquelles émeutes sont communément désignées outre-Manche sous le nom de Gordon Riots. De quoi est-il question ? À l'époque, l'Angleterre est en délicatesse avec sa mouvante colonie d'Amérique auto-proclamée indépendante sous l'appellation grotesque de Unites States of America. Elle aurait même quelque velléité à la démocratie, encore plus drôle, vu du balcon du bon roi George III qui s'en va réprimer tout ça. L'ennui, c'est qu'il faut des bras pour mener à bien cette besogne. Et, non content d'être des hérétiques catholiques congénitalement ennemis, les Français sont allés prêter main forte à ces lâcheurs d'Américains et cela pose problème car la loi anglaise stipule que seuls sont enrôlables dans les armées du roi les protestants, de même que toute une liste d'avantages et de prérogatives dans divers domaines de la vie civile. De sorte que l'essentiel du contingent irlandais, furieusement catholique, de même qu'une certaine proportion d'Écossais et même de purs Anglais ne peut mathématiquement pas rentrer dans les armées en qualité de chair à canon faut de religion appropriée. C'est regrettable ! Voilà pourquoi une loi fut votée pour assouplir les contraintes réservées aux catholiques en Grande Bretagne. Mais le hic de l'histoire, c'est que certains ultra orthodoxes du protestantisme (pardonnez-moi ces excentricités religieuses dont, malheureusement, je ne me lasse jamais) virent dans cette manœuvre un recul de leurs prérogatives et certains s'en offusquèrent à telle enseigne qu'ils organisèrent une forme de rébellion populaire destinée à montrer aux catholiques qui commandait en Grande Bretagne et qu'on n'allait pas se laisser bouffer la laine sur le dos par les papistes d'où qu'ils soient. Voilà comment virent le jour les fameuses Gordon Riots, très bel exemple de jusqu'au-boutisme religieux sans fondement aucun, d'embrigadement des franges les plus influençables, les plus pauvres et les moins éduquées de la population dans des actes d'une sauvagerie telle que peu d'animaux s'abaisseraient à y souscrire. Il arrive alors que la vie d'un homme ne pèse pas bien lourd lorsque la populace chauffée à blanc se persuade qu'il est un ennemi du peuple. Une vie de travail d'un homme et toute ses possessions terrestres ne pèse pas no plus bien lourd face à la flamme et à l’appât du gain, à l'instinct de rapine et à la la joie de nuire à l'autre. Charles Dickens montre très bien combien cette entité informe peut être irréfléchie et dangereuse, combien l'impunité de l'anonymat se cache derrière le " tout le monde " pour n'être finalement " personne en particulier " et n'en être que plus redoutable. Il montre aussi combien des personnalité au-dessus de tout soupçon, jouent en sous-main pour attiser les braises ou pour faire tirer les marrons du feu à certains afin de ne pas se brûler les doigts eux-mêmes tout en conservant aux yeux du monde, toute leur innocence et leur respectabilité. Barnabé Rudge est le symbole de tout cela, ce me semble. Lui qui n'est pas spécialement le personnage principal de l'histoire, lui qui est un simple d'esprit, si naïf et influençable qu'il est aisé de le faire prendre part à de tels agissements de foule et que, comme en fin de compte, il faut qu'il y ait des coupables et des sanctions, les pauvres bougres de son espèces apparaissent comme tout désignés pour porter la corde au cou… On sent dans la partie roman de ce roman historique les ferments des recettes qu'affectionne l'auteur avec ses personnages, une mouture qui n'est pas sans rappeler à bien des égards De Grandes Espérances, mais cuisinée un peu moins à point et avec un peu plus d'approximations et de traits caricaturaux mais qu'on peut très aisément pardonner à Charles Dickens sachant qu'il n'a écrit ce roman qu'à vingt-neuf ans et qu'on peut encore le considérer comme une œuvre de jeunesse. En somme, malgré les faiblesses indubitables évoquées dès le tout début de cette critique et qui m'ont fait hésiter entre trois et quatre étoiles, je suis tout de même très reconnaissante à Charles Dickens pour ce bon moment passé en sa compagnie et d'avoir ouvert mes yeux sur ce point qui m'était inconnu jusqu'alors de l'histoire de l'Angleterre en général et de Londres en particulier. On y trouve déjà tous les germes qui feront, quelques années plus tard, les gros succès et les grandes réussites romanesques de l'auteur. Mais ceci n'est, bien sûr, qu'un avis, c'est-à-dire, très peu de chose, face à une foule motivée, armée de livres et d'esprit critique…

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9791039202473
  • Collection ou Série
    classique et littérature
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    600
  • Dimensions
    177 x 108 mm

L'auteur

Charles Dickens

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