Le mystère d'Edwin Drood : Le livre de Charles Dickens

Jamais je n'aurai pensé attribuer moins de 5 étoiles à un roman de mon auteur anglais favori et pourtant ... ce dernier ouvrage inachevé m'a laissée perplexe . Tristesse bien sûr car la fin prématurée de Dickens a privé ses lecteurs de la joie de découvrir tous les romans qu'il aurait pu encore écrire, mais aussi curiosité pour les multiples fins qui ont été imaginées au fil des années pour en terminer avec Edwin Drood. Le roman est centré sur la rivalité amoureuse entre Jasper le chef de choeur opiomane et Edwin le beau jeune homme promis dès l'enfance à Rosa, une jeune fille qu'il n'aime pas plus que cela alors que Jasper en est littéralement fou. Quand Edwin disparait après le réveillon de Noel passé chez Jasper où il s'est querellé avec un étranger venu faire ses études en Angleterre, Neville, lui aussi frappé d'un coup de foudre pour la même jeune fille, on peut se demander s'il n'a pas été victime d'un meurtre. Malgré les recherches nul ne peut savoir ce qui s'est passé et Jasper (qui est peut être le coupable ?) fait peser les soupçons sur Neville . Le temps passe et un nouveau personnage apparait , le mystérieux Mr Datchery, qui s'intéresse lui aussi de très près à cette disparition inexplicable. Dickens étant mort avant d'avoir terminé le roman , il est tout à fait hasardeux de savoir quelle direction il aurait pu donner à son intrigue. Dans la version Archipoche ,c'est celle de Paul KInnet qui parait crédible mais sans plus. Dans l'excellente série télé de la BBC c'est une autre fin qui est donnée, diablement plus originale .... En ce qui concerne le texte, je n'ai pas retrouvé l'humour grinçant qui faisait le charme des précédents romans pas plus que l'ironie habituelle de Dickens. Les personnages m'ont paru moins crédibles et leurs interactions tombent quelquefois à plat . Le personnage de Jasper est noirci à l'excès au point que Rosa à laquelle il donne des cours de musique , en tremble de peur . Mais pourquoi ? Le côté sombre de ce chantre doit il conduire le lecteur à le condamner comme criminel et assassin de son neveu Edwin ? Dans ce cas, il n'y a quasiment plus de suspense. Et Neville dans tout cela, qui est il vraiment ? Pourquoi débarque t'il avec sa soeur dans cette paroisse de l' Angleterre profonde et pourquoi nourrit il une telle haine envers Edwin qui certes a tenu des propos bien légers lors de la querelle qui les oppose mais rien de tellement grave ! Que de questions se posent sur les personnages qui interviennent tardivement comme Datchery et Tatar . A mon sens le manque de cohérence narrative est bien rattrapé par le final choisi par la BBC mais pas du tout par le final de KInnet. Je reste sur ma faim comme bien d'autres lecteurs et je vais m'empresser de compulser ce qui est qualifié de "littérature droodienne" pour comparer les différentes fins proposées.

Mais où est passé Edwin Drood ? Venu rendre visite à son oncle Jasper dans la petite ville de Cloisterham et par la même occasion à sa fiancée qui l'attend dans le couvent tout proche, Edwin ne donne plus signe de vie après la nuit de Noël... Désespéré, Jasper est persuadé que quelqu'un a assassiné son neveu et jure de trouver le coupable. Mais il semble bien pressé d'accuser le jeune Neville Landless, dont le passé mystérieux et le teint « pas très anglais » font selon lui un coupable idéal. Les mois passent et l'enquête piétine, jusqu'au jour où un mystérieux vieillard décide de venir s'installer à Cloisterham... « Le mystère d'Edwin Drood » occupe une place particulière au sein de l'œuvre de Dickens. Avec ce roman, il se lançait pour la première fois dans la rédaction d'une énigme littéraire. Mais dans la soirée du 8 juin 1870, il posa sa plume pour aller dîner, sans se douter qu'il ne la reprendrait jamais. Il mourut dans la matinée du 9 juin 1870, laissant le mystère sans réponse. Au fil des ans, plusieurs auteurs ont tenté d'élucider cette énigme. En 1956, Paul Kinnet, auteur belge de romans policiers et traducteur de Dickens, relève brillamment le défi : aucune différence de style n'est perceptible et le suspense est présent jusqu'au bout... Le mystère ne s'installe pas dès le début du roman, mais les premiers chapitres sont l'occasion de retrouver ce qui caractérise l'écriture de Dickens et de se laisser gagner par l'ambiance de Cloisterham. Dickens décrit par le détail chaque recoin de cette petite ville imaginaire et dresse un portrait psychologique et social de ses habitants. Habitué à dénoncer l'injustice et les inégalités sociales, il n'épargne ni les notables ni les religieux et fait souvent preuve d'un humour grinçant.