Bonjour tristesse : Le livre de Françoise Sagan

Le premier ouvrage de Françoise Sagan que je lis. J’ai aimé la délicatesse et la précision de son écriture, la profondeur des émotions et des liens humains. Dans cette lecture, j’ai eu envie de prendre la jeune fille par la main et la rassurer. J’ai été surprise par le dénouement de cette histoire, peut-être déçue par cette fin qui fut trop courte à mon goût.

Cécile a 17 ans. Elle vient d’échouer à son bac et passe ses vacances d’été dans une villa dans le sud de la France avec son père, Raymond, et sa dernière jeune conquête Elsa. Cette situation lui convient parfaitement. Depuis qu’elle a quitté le pensionnat deux ans plus tôt, Cécile goutte à une vie de plaisirs au côté de son père nullement choqué de la voir s’enivrer au cours des soirées où il l’emmène. Tout est bousculé par l’arrivée d’Anne une femme que Cécile admire beaucoup et qui l’a prise en mains après le pensionnat. Elle représente à ses yeux l’intelligence mais aussi un certain cadre. A sa grande surprise, Raymond congédie Elsa et annonce son prochain mariage avec Anne. Cécile oscille alors entre l’envie de vivre enfin normalement avec Anne comme belle-mère et celle de continuer sa vie librement. J’ai lu ce premier roman de Françoise Sagan suite à une émission de La Grande Librairie qui lui était consacrée. Je comprends qu’en 1954 un tel livre, écrit en plus par une jeune femme mineure (la majorité était à 21 ans) ait pu choquer. C’est nettement moins le cas aujourd’hui (ou ce ne sont plus les mêmes choses qui heurtent : entendre Cécile s’en remettre à son amant et à son corps maigre pour ne pas être enceinte me laisse perplexe…). Cécile m’a clairement agacée. Elle manigance pour empêcher le mariage tout en s’en voulant et pourtant elle ne lève pas le petit doigt pour mettre un terme à tout ça… Quant à l’écriture, si ça ne m’a pas déplu de voir apparaître dans un roman de l’imparfait du subjonctif, l’ensemble ne m’a pas subjuguée non plus. Je pensais initialement me plonger dans l’œuvre de cette autrice, ça ne sera finalement pas le cas.

Roman à la fois léger, doux comme une brise d'été et piquant, mordant voir même cruel. Françoise Sagan a parfaitement su retranscrire toutes les contradictions de l'adolescence à la fois insouciante n'aspirant qu'à goûter aux plaisirs des instants présents puis capable d'en machiavélisme diabolique pour contenter ses désirs les plus primaires. J'ai passé un agréable moment auprès de Cécile et son père dont la frivolité poussée à son paroxysme déroute un peu tout de même.

Véritable chef-d’œuvre sur le passage à l’âge adulte, Bonjour Tristesse marque les esprits par sa finesse psychologique et son style d’une élégante simplicité. Françoise Sagan, alors à peine âgée de 18 ans, signe ici un roman d’une maturité étonnante, où l’oisiveté d’un été sur la Côte d’Azur devient le théâtre d’une tragédie intime. Le récit suit Cécile, une adolescente insouciante et complice de son père veuf, un homme volage qui collectionne les aventures sans lendemain. L’arrivée d’Anne, une femme plus mûre et plus exigeante, vient perturber cet équilibre fragile. Entre admiration et jalousie, Cécile entreprend alors un jeu dangereux, manipulant son entourage sans mesurer pleinement les conséquences de ses actes. La force du roman réside dans cette tension psychologique subtile, où les sentiments contradictoires de l’héroïne – amour filial, peur de perdre son insouciance, désir d’émancipation – s’entrechoquent avec une intensité troublante. Le style de Sagan, limpide et acéré, capte à merveille la légèreté apparente de la jeunesse, tout en révélant les failles et les douleurs profondes qui la traversent. Un roman bref mais marquant, où l’ombre de la tristesse s’infiltre progressivement derrière le soleil brûlant de l’été.