Aimez-vous Brahms : Le livre de Françoise Sagan

Paule est une femme de 39 ans, intelligente et indépendante. Elle est décoratrice d'intérieur et vit seule dans son appartement parisien. Elle a une relation suivie avec Roger, un homme d'affaires plus âgé, sans pourtant s'engager. Bien qu'amoureuse, elle sent leur relation s'étioler, tant Roger semble distant et parfois cynique. Elle fait la rencontre de Simon, un séduisant jeune homme de 25 ans, fils d'une de ses clientes. Le garçon tombe amoureux de Paule et lui propose des sorties amicales... Tandis qu'il est prêt à l’aimer sans réserve, Paule hésite à répondre à ses avances. Elle aime toujours Roger. Mais Simon découvre l'infidélité de Roger. En effet, ses voyages pour son travail sont en réalité des escapades avec ses maîtresses... Paule est partagée entre deux hommes, mais surtout entre deux visions de l’amour : celle, confortable mais fade, de Roger, et celle, sincère et passionnée mais incertaine, de Simon. L’un des thèmes du roman est la différence d'âge entre Paule et son jeune prétendant ; Face à Simon, Paule sent le poids de ses années, la peur de ne plus séduire, de ne plus être aimée malgré ses qualités. "Aimez-vous Brahms ?" Lui demande Simon. D'une grande densité émotionnelle et intellectuelle, la musique de Brahms est celle de la mélancolie, du raffinement. Et il me semble que, comme le jeune Simon, cette musique ne cherche pas à impressionner, mais à toucher l’âme avec subtilité et retenue. Paule est-elle prête à ressentir, à vibrer, à aimer ? C'est un beau roman d'amour "féministe" écrit avec beaucoup de finesse qui interroge sur la liberté de la femme et la liberté d'aimer. Peut-on aimer sans se sacrifier ? Il me rappelle un peu "Chéri", le roman de Colette. En raison de la différence d'âge entre les deux héroïnes et de leur amant, mais aussi parce que leur liberté s'accompagne de solitude.

"Aimez-vous Brahms..." De F.Sagan. *Merci la boite à livre. (Livre lu en septembre 2022, je viens de retrouver ma critique non publié !) Mon premier Sagan que je lis...! j ai aimé son ecriture vive , qui ne se perd pas dans les détails. la chronique amer d'une liaison entre une femme de 39 ans et son amant de 24 ans ...beau et triste...

C'est mon premier Sagan et je suis étonnée de voir à quel point ce roman est bien écrit, si loin de l'image incompréhensible de son auteur que j'avais. Paule, une femme de 39 ans, divorcée très jeune est amoureuse de Roger. Roger est un homme à femme, qui revient toujours vers Paule mais qui est également très sexiste. Un jour elle rencontre le jeune Simon, 25 ans, qui va tomber éperdument amoureux d'elle. Elle va alors être prise entre deux feux : la soit-disant sécurité d'un homme mûr, et la fougueuse passion d'un jeune homme. Elle va se laisser tenter, mais finalement va choisir selon elle la sécurité mais à quel prix ? Les émotions sont très bien décrites, le dilemme de Paule et ses questionnements sont parfaitement retranscrits.

Ce qui frappe dans Aimez-vous Brahms ?, au-delà de la finesse du style, c’est le regard acéré que Françoise Sagan porte sur une société qui se donne des airs d’élégance mais se nourrit d’hypocrisie. Un monde de faux-semblants, de liaisons tièdes, de plaisirs codifiés où chacun joue un rôle sans vraiment y croire. Paula ne se révolte pas contre cet ordre-là, mais elle le traverse avec une forme de lassitude douce, une lucidité presque douloureuse. Elle a appris à composer, à se protéger. Elle connaît les règles. Mais rien ne l’émerveille plus. La différence d’âge avec le jeune Simon, qui l’aime avec une intensité sans défense, vient fissurer cet équilibre. Non pas tant parce qu’il est jeune, mais parce que lui n’a pas encore intégré les compromissions. Il aime sans calcul, avec maladresse et sincérité, là où elle avance à pas mesurés. Ce déséquilibre n’est pas seulement une question d’années, c’est une question de vérité. Lui est encore entier. Elle est déjà fatiguée de l’être. Le roman ne moralise jamais. Il constate. Il observe un monde où le désir n’a plus la fraîcheur de la spontanéité, où aimer est devenu une affaire de gestion, de discrétion, de compromis. Ce n’est pas tragique. C’est plus subtil. C’est un effritement. Et c’est ce que Sagan dit si bien#8239;: comment une société policée finit par user ceux qu’elle prétend protéger.