Celles qu'on tue : Le livre de Patricia Melo
Brésil, État de l'Acre. Une jeune avocate originaire de São Paulo se rend dans cette région partiellement couverte par la forêt amazonienne pour suivre le procès des assassins d'une jeune indigène. Sur place, elle découvre la beauté hypnotique et mystérieuse de la jungle, mais aussi sa part sombre, les injustices et les tragédies vécues au quotidien par les populations locales.
S'initiant aux rituels ancestraux des peuples indigènes d'Amazonie et notamment à la prise de l'ayahuasca, un puissant hallucinogène, la jeune femme s'engage dans une quête de justice, pour les femmes qui l'entourent et pour elle-même.
Le roman de Patrícia Melo nous embarque entre réalité et cauchemar, dans une enquête où la violence prime sur la loi. En choisissant de tenir son intrigue dans l'État de l'Acre, dans le ventre de la jungle, l'autrice brésilienne montre la violence infligée aux femmes, mais aussi à la nature : celles qu'on tue dans l'indifférence.
" Patrícia Melo signe là un polar entêtant, noir, social, brutal. "
Le Point
Traduit du portugais par Elodie Dupau
De (auteur) : Patricia Melo
Traduit par : Elodie Dupau
Expérience de lecture
Avis Babelio
SAAARAZINE
• Il y a 3 semaines
J'ai adoré ce roman qui traite d'un sujet extrêmement dur: les violences faites aux femmes et les féminicides, plus particulièrement au Brésil, lieu de l'intrigue. Une jeune avocate part assister pour le compte de sa responsable à une série de procès de féminicides et nous lisons alors toute l'horreur, toute la cruauté, la violence irrationnelle qui conduit les hommes à faire du mal aux femmes. On se retrouve dans certains portraits parfois, dans l'injustice que doivent souffrir les femmes toujours. "Tuer des femmes et la soupape de sécurité de la monohaine des protomachos. Bien sûr que je parle d'une façon générale. Une partie des protomachos déverse sa fange sur les homosexuels, les immigrés, les transgenres, les Noirs, les pauvres, mais la majorité, la grande majorité, concentre toute sa haine sur les femmes. Le protomacho est mono-agressif. C'est pour cette raison qu'ils ont été bannis de notre paradis. Alors que notre haine sert à beaucoup de choses. Nous sommes ici pour en parler: que faisons-nous de notre haine?"
Cassy
• Il y a 1 mois
Au Brésil, une jeune avocate (l’héroïne du roman dont on ne connaîtra pas l’identité) quitte Sao Paulo pour l’Etat de L’Acre. Il s’agit d’une région pauvre et reculée où va se tenir le procès des assassins d’une adolescente indigène de quinze ans. Mais ce procès n’est que la partie émergée de l’iceberg. Au Brésil, les femmes meurent quotidiennement. Et plus leur peau est colorée et moins « l’enquête » est poussée. Leur peau blanche ne les épargne pas non plus d’un funeste destin. Et le pire dans tout ça ? C’est que les femmes meurent avant tout sous leur toit, dans le lieu où elles devraient être en sécurité. Leurs assassins sont des hommes, surtout ceux qu’elles connaissent, maris ou membres de la famille proche. Celles qu’on tue est un roman qui fait froid dans le dos. Il nous oppresse, nous horrifie, nous remue profondément. Il montre que le féminicide touche tous les milieux, tous les âges. Les femmes assassinées n’écoutent pas, ne s’habillent pas comme il faut, augmentent ou baissent le volume de la télé, trompent leurs maris. Qu’importent leurs actes, un pas de travers et l’homme passe à l’acte. Après tout, ce n’est pas sa faute, il a été provoqué, voyez-vous ! Et tout cela, dans l’indifférence de chacun. L’héroïne de Patricia Melo a vécu un drame familial, son père a tué sa mère sous ses yeux, quand elle avait quatre ans. Elle est devenue avocate et fervente défenseuse du droit des femmes. Et quand son petit-ami lui assène une gifle et l’insulte, elle est ramenée à sa propre histoire personnelle. Celles qu’on tue est un roman noir terrible qui révèle ce que l’homme a de pire en lui. Si le Brésil a un taux de féminicides très élevé, ce roman est tristement universel. J’ai été bouleversée par ces portraits de femme et aussi émue par cette sororité. Je suis heureuse d’avoir découvert Patricia Melo, une grande écrivaine sud-américaine qui a su m’emmener en plein coeur de l’Amazonie.
Foufoubella
• Il y a 1 mois
Celles qu'on tue, ce sont RosaManuelaJulianaMarianaIsadoraLuanaValentinaJuliaLiviaAnaSofia... Mais cela peut être aussi KimberleyBrookeElizabethPhoebeAshleyJuneAmy… Ou bien MarieLéaCharlotteZoéMathildeClaireAnneVanessa… Et encore bien d'autres… Ce roman nous plonge dans les atrocités faites aux femmes au Brésil, plus particulièrement dans la région de l'Acre, région plutôt pauvre où vivent encore de nombreuses tribus (appelées « Indigènes » ou « Indiens »), là où est envoyée la narratrice, jeune avocate de Sao Paulo, pour couvrir, pour le compte de son cabinet, le procès de trois garçons de bonnes familles étant accusés d'avoir violé, torturé puis tué une jeune Indigène, Txupira. Elle est fille de victime, « presque victime » elle-même, dit-elle, puisque son compagnon, charmant, éduqué, et avocat comme elle au demeurant, l'a giflée. Ce voyage sera aussi pour elle l'occasion de revenir sur son passé familial et de trouver des réponses à des questions restées en suspens. J'ai lu la première moitié de ce livre d'un trait, n'arrivant pas à le lâcher. Il faut dire aussi qu'il y a de sacrées fulgurances, des passages qu'on lit et qu'on relit. Malheureusement, mon intérêt a progressivement baissé au fil de la narration puisque je trouvais que l'histoire se diluait progressivement jusqu'à complètement disparaître au profit d'autre chose qui m'a, pour le coup, beaucoup moins plu, et marquée. J'ai eu l'impression que Patricia Melo se perdait dans son intrigue, ne sachant pas véritablement comment conclure, et elle a fini par me perdre moi aussi car j'ai fini par être pressée de terminer ma lecture. En effet, j'ai vraiment tellement accroché à la première partie que j'en sors très déçue. Les fulgurances dont je parlais se situent dans le premier tiers du roman, il y a aussi des parties écrites en gras lorsque la narratrice s'essaie à des substances hallucinogènes qui la font se rapprocher de son moi profond, d'une communauté de femmes, qui brisent le rythme du récit et qui m'ont paru longues même si je reconnais qu'elles ont leur intérêt dans l'intrigue. Enfin, le gros point noir de ce livre est également son atout majeur, soit la dénonciation des violences systémiques faites aux femmes, généralement par des hommes qui leur sont très proches. Alors nous sommes au Brésil mais le récit aurait pu se dérouler ailleurs, aux États-Unis, même en France. Je comprends ce qu'a voulu dire l'autrice mais il y a un peu trop de manichéisme dans ses propos, on a presque l'impression (et je dis bien presque) que tous les hommes sont des bombes à retardement en puissance, qu'ils finiront pas se montrer violents à un moment ou à un autre car la société leur en donne le droit. Alors, ce n'est pas complètement faux, nous restons dans une société patriarcale, mais je pense aussi que les hommes en général – et les garçons – sont bien éduqués, grâce le plus souvent, il est vrai, à leurs mères. Espérons que je ne me trompe pas en écrivant cela… Mais quand je vois mon homme, ses amis, mes neveux, mon cousin, les conjoints de mes amies, les fils de mes proches, je me dis quand même que la société peut évoluer dans le bon sens. En bref, un retour mitigé au final sur un roman dur, engagé, poignant, roman qui aurait pu être un coup de coeur avec un peu plus de nuance (mais ce n'était pas le but) et une histoire davantage concentrée sur son intrigue de base.
Spitfire89
• Il y a 2 mois
Un roman percutant car Patrícia Melo se penche sur le sujet des féminicides , une lecture dont on ne ressort pas indemne. Un livre très sombre avec des Trigger warning, Mutilation, Violence physique et psychique. L'autrice met en lumière cette réalité brutale. Un livre basé sur des faits réels, un sujet difficile, insoutenable mais crucial. Un texte engagé et sans concession. Une reflexion à la fois politique et social, la plume de l'autrice est fluide et incisive. On retrouve de l'émotions, un livre qui questionne sur la réalité et l'inaction à différents niveau. Je recommande.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782264084170
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 312
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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8,90 € Poche 312 pages