Cent ans : Le livre de Herbjørg Wassmo

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Cent ans séparent Herbjørg de son arrière-grand-mère. Cent ans d'histoire, d'amours, de déchirements, durant lesquels quatre générations de femmes se passent en flambeau la honte familiale. À travers les passions et luttes silencieuses de ses ancêtres, dans le cœur aride des îles Lofoten, Wassmo reconquiert la douleur des origines. Pour naître à soi-même, enfin.

" Conteuse puissante et déterminée, Herbjørg Wassmo s'inscrit dans une tradition d'écriture féminine scandinave qui n'a pas froid aux yeux et empoigne la fiction avec une vigueur rayonnante. "
Libération

" Cent ans est une œuvre intime et charnelle autant qu'une épopée éblouissante et déchirante."
Télérama

Traduit du norvégien
par Luce Hinsch

De (auteur) : Herbjørg Wassmo
Traduit par : Luce Hinsch

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Expérience de lecture

Avis Babelio

annyks57

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Encore une superbe saga venue du Nord sur trois générations de femmes , aïeules de l'auteure Herbjørg Wassmo née en 1942 , représentant la 4ème . Cent ans exactement la séparent de son arrière-grand mère Sara Susanne Krog née en 1842 dans le Nordland en Norvège , l'essentiel s'y situe ainsi que dans les Vesterålen et les îles Lofoten avec de magnifiques descriptions de paysages , des tempêtes aussi bien sûr ! Le livre prend forme lorsque la fille de Herbjørg ( l'arrière arrière petite fille de Sara S.) lui envoie une brochure de la " Lofotkatedralen " de Kabelvåg représentant le retable avec le visage de l'ange tendant le calice à Jésus à Gethsémani , or il s'agit du visage de Sara Susanne qui fut le modèle pour le pasteur - peintre Frederik Nicolai Jensen ! ( d'autant plus émouvant pour moi qui reviens des Lofoten , ayant visité cette cathédrale et en possession de cette brochure !!) L'auteure présente chacune de ses ancêtres dans un mouvement de ressac , les périodes alternent au gré des courants que sont les chapitres des six cahiers structurant les 560 pages du livre . La part belle est donnée à Sara Susanne dont la vie se déroule dans la Norvège pauvre du Nord à partir des années 1862 , année de son mariage avec Johannes , un homme bon , intègre et intelligent mais bègue . S'il s'agit d'un mariage de raison pour elle , Sara va progressivement l'aimer , de très nombreux enfants naissent de leur union dont un bébé mort-né ...C'est une forte femme , voire une femme libre malgré une certaine soumission aux conditions sociales de l'époque . Elle brave certains tabous en acceptant d'être modèle du peintre Jensen à l'église , lui posant diverses questions , par ex. les choix déterminent-ils notre vie ? En se rebellant quand son enfant mort-né non baptisé ne peut reposer au cimetière , elle a une vie intérieure et secrète , des rêves qu'elle réussit à exprimer : " en premier lieu j'aurais aimé devenir docteur . J'étais la première de ma classe et je sais soigner les plaies ...p.170 " je crois que je pourrais apprendre de longs textes et de la poésie.Comme si le souffle de quelqu'un d'autre était en moi. Me métamorphoser sous d'autres habits et m'oublier..." p.171 , elle brave seule la tempête , etc... Elida la grand-mère de Helbjørg fait au contraire un mariage d'amour contre l'avis de ses parents , elle a dix enfants au moins , assez rapidement son mari est atteint d'une grave maladie cardiaque . Elle est prête à tout par amour pour lui , allant jusqu'à confier les plus petits de ses enfants à des familles dont la petite Hjørdis ( mère de l'auteure ). Elle part s'installer dans le Sud de la Norvège chez sa belle soeur afin de soigner son mari à l'hôpital . La tendresse , les multiples tâches ,la lutte contre la maladie forment l'essentiel de ces séquences : " Elle monte et descend les escaliers en courant . Sans arrêt . Avec des seaux , de quoi manger , avec le journal , avec de l'eau fraîche . de l'eau pour se laver...p.325 " Son coeur travaillait doublement dans sa poitrine , pour elle et pour lui...Il souleva un coin de la couverture pour lui faire place ...Ils restèrent ainsi étroitement enlacés..." p.330 " Fredrick était si révolté par la trahison de Nansen envers le mouvement ouvrier que Hilmar cria du haut de l'escalier qu'il fallait apporter de l'eau à papa , il en avait perdu la respiration . Ils en furent tous ravis . Papa était donc en assez bonne santé pour se laisser provoquer par la politique ! "p.333 La petite Herbjørg à l'âge de 5 / 6 ans est traumatisée par ce " lui " qu'elle fuit , qu'elle craint comme la peste ! Nous sommes dans les années juste après guerre ... Aucun détail n'est donné sinon la souffrance silencieuse de l'enfant . Réussit-t-elle , adulte à en parler à sa mère Hjørdis mourante ? Lui confie-t-elle son lourd secret ? Pourtant rien ne laissait présager une telle dérive de ce Hans envers son épouse et davantage envers sa fille Herbjørg. Des lettres émouvantes pendant la guerre font craquer Hjørdis , ainsi par ex. " chère Hjørdis , ...j'ai fait trois fois le tour de Vesterålen ...Tu es ma lumière , Hjørdis . La première nuit où nous étions dans la région je suis resté sur le pont au clair de lune , et sais-tu ce que j'ai vu ? Ton étoile , Hjørdis ! "p.525 le paradoxe est que plus on avance dans les générations , moins les femmes semblent heureuses...Le machisme n'est pas pire en 1870 qu'en 1950 , bien au contraire dans ce roman qui enlève bien des idées reçues ! Tant de thèmes se croisent dans ce roman riche et foisonnant au rythme lent comme dans la plupart des romans nordiques , j'en cite quelques uns , hormis que ce soit un livre de femmes , les mentalités , les multiples grossesses que subissent les femmes , la pudeur des sentiments , la misère sociale , les progrès comme la bicyclette , l'espoir au sein des pires détresses , l'ouverture culturelle , vies de femmes rêvées et vies réelles , diverses réflexions sur le devenir de l'être humain ou sur la religion , le silence devant l'horreur de l'inceste jamais nommé... Un très beau livre !

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Loulouread

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 6 mois

« Comment est-ce possible ? Des arbres qui restent là, au même endroit, et poussent jusqu’au ciel ? Pendant cent ans. Ils poussent et ils poussent. Ils sont secoués par le vent qui siffle dans leurs branches. Grands-parents et petits-enfants meurent, les grands arbres, eux, restent. » Il faut de la patience pour apprivoiser ce roman, autant que pour regarder pousser un arbre… De la confiance aussi car cent ans de vie, ce n’est pas rien et qui de mieux qu’Herbjørg Wassmo pour revisiter trois générations de femmes inspirantes et débrouillardes dans la Norvège des fjords et des landes. J’avoue une grande tendresse pour ces trois femmes qui alignent les enfants années après années, des tribus d’enfants, dont les prénoms m’ont donné du fil à retordre. Sara Susanne, Elida et Hjørdis sont respectivement arrière grand-mère, grand-mère et mère d’Herbjørg. Des femmes fortes qui rêvent de liberté, d’une belle vie et pour qui l’avenir se vit dans le renoncement. Le roman est complexe dans sa structure car l’auteure fait de fréquent retour en arrière et chaque début de chapitre apporte une note de mystère sur un enfant qui se cache pour écrire. Alors, comme les femmes ce ce roman, j’ai persévérer et mon attachement n’en est que plus grand. Ces dames du grand Nord norvégien dont l’histoire débute vers 1842 parlent du quotidien, la mer, la pêche, le hareng et le sel. Le temps se mesure aux saisons, la vie aux grossesses. Le religion est très présente et le pasteur qui apporte les arts et la peinture semble un phare dans la nuit. L’histoire de la Norvège se profile avec le changement de nom de Kristiana en Oslo, l’arrivée des allemands et les débuts de la résistance, la volonté d’une culture propre au Norland, d’un Lofoten branché au téléphone et à la lecture. La vie est réglée au quart de tour. L’innocente enfance, les règles, le mariage, les bébés. Les hommes sont aussi présents bien sûr, parfois attachant et prévenant comme le bègue Johannes, souvent absent, au travail ou malade. Ce sont les femmes qui sont misent en charge de la maisonnée et du quotidien. Ces femmes qui s’oublient pour le bien-être et lorsque l’une d’elle meurt, l’homme s’éteint. « Cette maison est tellement remplie de chagrin. Les meubles sont couverts d’une couche épaisse de chagrin. Il est accroché aux rideaux. Sa femme n’a pas eu le temps de les changer avant de mourir. » Roman d’une beauté sans égale, aux longues journées et aux longues nuits, qui se savoure malgré la dureté du propos. Car ces femmes aux destins tracés à l’avance, réussissent à s’en sortir avec solidarité et bienveillance. Quel dépaysement et en même temps, quel voyage dans le temps car si je change la pêche pour l’agriculture et la forêt, je croirais presque avoir l’histoire de ma mère, ma grand-mère et mon arrière grand-mère.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Étranger
  • EAN
    9782264055460
  • Collection ou Série
    Littérature étrangère
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    600
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Herbjørg Wassmo

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