Circé : Le livre de Madeline Miller

Plus jeune, j’adorais ce qui avait attrait à la mythologie grecque / romaine. Toutes ces histoires de dieux, demi-dieux et héros m’ont souvent fasciné. C’est donc tout naturellement que je me suis dirigée vers ce roman qui reprend l’histoire de Circée. Je n’avais qu’un vague souvenir de ce personnage mise à part qu’il s’agissait d’une sorcière et qu’Ulysse avait, entre autres, croisé sa route. Comme pour beaucoup, cette lecture a été une belle surprise, une histoire joliment racontée qui m’a beaucoup plu. Pourtant ce n’était pas gagné avec un début de lecture qui fut un peu laborieux. J’ai eu du mal à accrocher aux divers personnages que j’ai, pour la plupart, trouvé odieux. Nous rencontrons ici la jeune Circée, fille du d’Helios (dieu du Soleil) et de la nymphe Perseis. Autour de dieux et déesses qui s’ennuient de leur immortalité et jouent de façons barbares autant avec les Hommes qu’avec leurs semblables, Circée y est une jeune fille discrète qui s’écrase souvent face aux frasques de ceux qui l’entoure. J’ai souvent eu envie de la secouer et souhaité qu’elle réagisse. Mon intérêt s’est grandement développé à compter son exil. Vouée à passer l’éternité seule, elle se retrouve isolée sur une île qu’elle va apprendre à apprivoiser. J’ai alors aimé la voir s’épanouir dans ce nouvel environnement, loin de la cruauté des dieux. Au fils des décennies, plusieurs bateaux vont venir s’échouer sur son île et nous allons être témoin de ces rencontres, de petites parenthèses qui vont apporter un peu de piment dans son quotidien. C’est ainsi Dédale, le Minotaure, Hermès ou encore Ulysse que nous allons croiser et découvrir des personnalités qui diffèrent parfois de l’image que l’on avait d’eux. Il en va de même pour Circée qui est souvent décrite comme « la méchante » dans les différents récits mythologiques. L’autrice prend ici le parti prix d’expliquer ses comportements, de la rendre beaucoup plus accessible, proche de nous. La jolie plume de l’autrice a fortement joué sur mon ressenti sur ce roman dans lequel nous n’allons pas retrouver beaucoup d’actions, ni de grands mystères. J’ai aimé la façon dont elle a fait évoluer des personnages que l’on connait déjà. Elle m’a fait aimer Circé qui m’a touché dans son vécu, ses raisonnements et ses envies d’une vie simple, d’humanité. Une belle lecture.

C’est pas juste une sorcière sur une île. C’est une femme qui a trop aimé, trop espéré, trop subi. Circé, c’est la voix qu’on n’entendait jamais dans les récits d’hommes. C’est la version longue et intérieure. L’histoire de quelqu’un qui n’a jamais été choisie, alors elle se choisit elle-même. Et puis si c’est une femme qui écrit l’histoire d’une femme torturée de la mythologie grecque, c’est toujours un bon livre. Madeline Miller écrit comme si elle t’enveloppait dans un sortilège lent : chaque mot est délicat, chaque phrase te suit longtemps.

J'ai dévoré ce livre qui s'est tout de suite placé en top 1 de ma bibliothèque. Malgré les petites erreurs de traduction, les descriptions sont des bonbons pour l'imagination. Épique et féministe, on voyage a chaque page et on aimerai que ça dure un éternité...

Je me suis retrouvé parmi les divinités et les mortels qui vivent ensemble s’apprivoisent et se trahissent. Surpris de penser que ça n’était pas si fantasmagorique que ça. Que tous les personnages se tiennent. Et j’ai reconnu autour de moi les mortels qui sont tous les jours aux prises avec leurs semblables et aussi des puissances qui n’ont pas les même règles du jeu, dans un fantastique mano a mano.