Circé : Le livre de Madeline Miller

« Néanmoins, dans une existence solitaire, il existe des moments rares où une autre âme plonge tout près de la vôtre, comme les étoiles qui s'approchent de la terre une fois par an. Pour moi, il avait été ce genre de constellation-là. » #x1f33a Circé avait sommeillé dans ma bibliothèque pendant un bon moment avant que je débute ma lecture. J'ai regretté de ne pas l'avoir fait plus tôt ! Cette réécriture mythologique est une merveille et m'a enchantée du premier au dernier mot. Elle m'a un peu rappelée Médée de Christa Wolf mais m'a encore davantage marquée. #xNaN Le mauvais traitement des dieux à l'égard de Circé dans le roman est à l'image du sort qu'il lui est réservé dans l'imaginaire collectif et les arts. Si l'on connait Circé, ce n'est finalement qu'à travers un regard masculin, notamment celui d'Ulysse. Quel bonheur, de voir une autrice se ressaisir de cette figure si longtemps délaissée pour lui redonner son éclat ! Ce roman nous fait découvrir une personnalité complexe, une femme curieuse et vive qui ne cesse de réaffirmer son indépendance sans pour autant perdre sa bienveillance. J'ai été fascinée par son cheminement : l'immortalité confère à Circé le pouvoir de se relever après chaque trahison, d'acquérir un regard plus lucide sur la nature des hommes et d'apprendre à s'épanouir sans chercher l'approbation des autres. #x1f437 Impossible de parler de Circé sans évoquer la beauté de cette narration enchanteresse. Constamment tentée par la veine épique, Madeline Miller crée une atmosphère intimiste qui oscille entre prose poétique et confession. La voix de Circé est incertaine, mais dotée d'une grande sagesse qu'elle doit à sa sensibilité. En se mêlant à celles d'autres grandes figures mythologiques, comme Dédale, Ulysse ou Pénélope, elle donne naissance à des dialogues profonds et bouleversants.

Ce livre est passé de mains en mains jusqu'à atterrir chez moi grâce à quelqu'un que j'apprécie beaucoup. Il est resté ensuite à trainer une bonne année sans que je n'arrive à me décider à l'ouvrir, pleine d'à priori... Je me suis finalement lancée pendant les vacances, et je n'ai pas regretté! J'avais lu l'Odyssée il y a quelques années et offert un livre sur la mythologie grecque quand elle était plus petite, qu'on a beaucoup regardé ensemble. Circé m'a non seulement permis de me rafraîchir la mémoire mais aussi de mieux comprendre les enjeux entre nymphes, Olympiens et mortels, et enfin de passer des moments agréables de lecture. Circé, si vous vous souvenez comme moi, vit sur une île où elle reçoit un jour la visite d'Ulysse et de ses hommes lors de leur périple de retour pour Ithaque. Elle transforme d'abord les hommes en pourceau pour les punir de leur obscénité et devient ensuite la maîtresse d'Ulysse. Pour moi, ça s'arrêtait là. Ce roman reprend l'histoire de Circé telle qu'elle apparait dans différents récits comme l'Odyssée mais aussi celui de la Toison d'or ou encore l'Enéide. Fille du Dieu olympien Hélios (Dieu du Soleil) et de Persée, elle se retrouve isolée éternellement sur l'île d'Aeaea par son père à la demande de Zeux après avoir usé de ses pouvoirs et transformé la nymphe Scylla en monstre marin, par jalousie. Sur cette île, elle apprendra la solitude, la beauté de la nature, et elle s'nstruira à la sorcellerie par le biais des plantes qu'elle cultive. Elle accueillera Hermés, le messager, Dédale l'inventeur, Médée et Jason ou encore Athéna, mais ce sera l'année passée auprès d'Ulysse qui changera leur destin à tout jamais. En fait, j'avais peur que le style soit bâclé, un vrai turn off pour moi. Au contraire, j'ai beaucoup aimé l'évocation de la nature de l'île et le récit, tout simplement. Ulysse en prend pour son grade, Circé se présente comme une femme résolument indépendante et responsable de ses actes, et le personnage de Télémaque est à contre courant des hommes virils. Bref, c'est moderne et intelligent, tout en restant instructif, ce qui m'allait très bien. On m'a dit que le Chant d'Achille valait le coup aussi donc je suppose qu'un de ces jours, je le lirai.

C’est le premier roman inspiré de la mythologie que je lis. J’ai donc découvert plusieurs personnages, ce qui était assez intéressant. L’histoire en elle-même ne m’a pas vraiment transporté ou happé mais le développement du personnage de Circé m’a convaincu. En effet, c’est un personnage qui va mûrir puisqu’on va la suivre du début de sa vie à l’infinité. Ça fait clairement du bien de voir un personnage féminin avec ce tempérament qui conserve ses faiblesses malgré tout.

Ma fille, dès son jeune âge était, et est toujours, fascinée par la mythologie. C’est par elle que j’ai découvert les douze Titans, fils et filles de Gaïa et Ouranos, et les différents dieux de la mythologie grecque. Ce que je savais de Circé se rapporte à l'épopée d’Homère, l’Odyssée. Le poète antique la qualifie de magicienne ou d’enchanteresse capable de métamorphoser autrui par ses différentes potions. Elle vit punie et exilée sur l’île d’Ééa pour avoir utilisé la magie. Dans ce roman, on en apprend tellement plus mais, pour savoir ce qui fait réellement partie de la mythologie grecque ou de l’imagination de Madeline Miller … Je n’en ai aucune idée ? Cela n’enlève rien à cette histoire passionnante.