Comment je suis devenue un robot : Le livre de Nadia Coste

Margot est victime d'un accident devant son collège : un parent d'élève, trop pressé, la renverse alors qu'elle traversait. Elle est amputée d'une main et d'un pied. Devenue handicapée, elle a beaucoup de mal à s'adapter à son nouveau corps, à la douleur et à la réaction de son entourage. Nous la suivons de sa réadaptation à son retour au collège. Pour survivre, elle décide de devenir un robot et de vivre à l'extérieur de son corps. J'ai beaucoup aimé ce roman. Les chapitres sont tantôt racontés par Margot, tantôt par sa meilleure amie Ambre. Celle-ci se définit comme féministe et a pourtant du mal à accepter sa poitrine, trop grosse, alors qu'elle distance le regard des autres. Je me suis évidemment reconnue dans ce personnage. Par ailleurs, le cheminement de Margot, du rejet à l'acceptation finale, est très intéressant à lire et plein d'humanité. L'autrice décrit bien toutes les étapes de la rééducation, des soins au choix des prothèses. De plus, le récit s'arrête également sur l'état d'esprit du père qui a renversé Margot et de son fils, qui doit subir les brimades des autres élèves. Il est dévoré par les remords. Bref, je trouve que c'est un roman qui brasse plein de valeurs positives sur l'acceptation de soi et de son corps, que l'on soit handicapé.e ou non. Les émois et les préoccupations des adolescent.es sont bien décrits (je me base sur ma propre histoire pour affirmer cela). Il ouvre également sur le handisport. A mettre entre toutes les mains.

Spoilers. Une thématique intéressante mais je n'ai pas été convaincue par l'alternance des points de vue à chaque chapitre (Margot, la fille qui devient handicapée, Ambre, sa meilleure amie) car certains ne font parfois qu'une page ou deux, et il m'est arrivé à plusieurs reprises de ne pas faire attention et de me rendre compte que ce n'était pas le bon narrateur que j'avais en tête. Il y a une certaine confusion à ce niveau, amplifiée par le fait que le changement de point de vue n'apporte pas toujours un angle particulièrement intéressant ou pertinent. Dans ce livre, on suit les différentes épreuves de Margot : son accident, la douleur, les médecins, le rapport au corps et aux membres amputés, les prothèses, le regard des autres, l'acceptation du handicap, les défis...

Après avoir été renversée par une voiture alors qu’elle traversait le passage piéton pour se rendre au collège, Margot se retrouve amputée d’une main et d’un pied. Si c’est elle qui est la plus marquée, la relation avec sa famille se retrouve aussi totalement chamboulée. Sa mère s’est mise en congé longue durée afin de pouvoir conduire Margot à ses différents rendez-vous médicaux, mais depuis ce jour, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Margot ne supporte plus non plus la manière infantilisante dont elle est traitée par ses parents. Et ne parlons pas de la relation avec ses camarades. Ils disent la comprendre, mais ne sont pas à sa place. Un fossé se creuse entre ses préoccupations et celles des autres élèves de son âge. Être trop maigre, trop grosse, avoir trop ou pas assez de poitrine… Margot est à des années-lumière de ce genre de questions, alors même avec sa meilleure amie, le contact devient difficile. Et puis Margot se renferme, elle devient insensible, plus rien ne l’atteint. Jusqu’au jour où elle rencontre une équipe d’handisport et réapprend à vivre et à apprécier les petites choses du quotidien. L’auteure nous propose un récit poignant d’une adolescente confrontée au handicap. Les répercussions sur sa vie à elle mais aussi sur son entourage. En parallèle elle traite de l’important sujet que revêt l’aspect physique chez les adolescents. Le mal être qu’ils peuvent exprimer à cause des dictats de la société. Un roman court mais percutant qui vaut le détour.

Le titre de ce roman est à double sens. Je suis partie sur une interprétation et l’autrice sur une autre. Elle a su jouer avec l’ambigüité. Vous ne comprenez pas de quoi je parle, ce n’est pas grave, je ne veux pas dévoiler certaines choses alors il faut le lire ! Ne vous laissez pas abuser par cette couverture rose, la vie n’est pas toute rose, la douceur qu’elle suggère est vraiment en arrière plan. On s’en prend plein le cœur dès le départ. Les scènes et les phrases sont percutantes. C’est un roman à deux voix. Deux narratrices avec une alternance dans les chapitres. Dans un premier temps on se dit qu’on va avoir deux points de vue sur le même problème. Mais heureusement cela va plus loin et chacune va dériver sur son problème personnel, ses interrogations et la recherche de solution, car la réponse est en soi. J’ai dit heureusement car c’est plus original et plus ouvert. C’est un roman qui a été écrit dans le cadre du feuilleton des incorruptibles en 2016 avec des classes de 4e. L’autrice nous explique cela en fin de volume. Je ne sais pas dans quelle mesure la collaboration avec les ados a permis à Nadia Coste de bien mettre en exergues les différents problèmes qui les touchent au quotidien, avoir une ado à la maison doit aussi aider ! Je trouve que ça rend bien compte des questionnements actuels, tout en montrant qu’il y a un côté déjà vu. Si la trame nous montre comment Margot va surmonter cette épreuve, on découvre aussi l’étendu des dommages collatéraux, et c’est toute la thématique autour de la différence et du rejet que l’on voit se dessiner. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Ambre. Peut-être parce qu’il est plus facile de s’identifier à elle et à son problème. Ce roman montre aussi que tous les soucis des adolescents, notamment ceux liés au corps, sont une source d’angoisse et même si on ne vit pas quelque chose d’aussi radical que Margot, on peut souffrir.