Darwin : le dernier chapitre : Le livre de Michel Moatti

Lecteurs ne vous y trompez pas. Classé dans une collection « littérature » ce roman se lit comme un polar, voire un roman d’aventures, une véritable énigme dont il vous importera de connaître le dernier chapitre. Inspiré de carnets de voyage et de témoignages bien réels, reliés par l’imagination de Michel Moatti, vivez ce moment historique où la science fait son virage fondamental, taillant en brèche les convictions religieuses. Non, les vivants ne sont d’immuables créatures divines, l’humain n’est pas l’aboutissement. 1881, Darwin est un brillant naturaliste, recommandé par son professeur et mentor auprès du capitaine FitzRoy pour payer chèrement sa cabine à bord du Beagle, vaisseau armé par la couronne britannique pour compléter des relevés géographiques au large de la Terre de Feu, du Cap Horn et rendre à son peuple d’origine quelques « indiens » maintenant civilisés et évangélisés après un séjour londonien. Loin de La croisière s’amuse, l’expédition va connaître bien des déboires… C’est avant tout la confrontation de la religion avec les convictions du jeune Darwin qui va occuper tous les débats. Un long périple de 5 ans va conforter Darwin dans son inspiration selon laquelle le vivant est en perpétuelle évolution. Il ose même avancer une « filiation » entre le singe et l’humain en recherchant le chaînon manquant. Cependant le contexte n’est pas propice à Darwin, atteint du « mal de mer » à peine le pied posé à bord. Nous allons souffrir avec lui et ses désordres, découvrir les peuples du bout du monde, natifs, quand les boutons de nacre valent plus que l’or, ou émigrés économiques (déjà) pour trouver meilleure fortune, l’accompagner comme le choléra dans cette belle aventure. Les paysages primaires y sont somptueux et grandioses. L’auteur nous offre une véritable fresque nautique du temps glorieux des grandes découvertes. J’ai adoré cette lecture dépaysante, documentée avec une mise en perspective de notre époque et de son rapport à la nature et au vivant. J’aurai l’occasion d’en discuter avec l’auteur en septembre et je m’en réjouis. Je remercie les éditions Hervé Chopin pour leur enthousiasme à me faire partager cette découverte

Tout le monde connaît, au moins de nom, Charles Darwin et sa révolution scientifique sur l'origine des espèces. C'est ce que j'en connaissais. Avant de lire ce roman. La théorie de Darwin repose sur quantité d'observations réalisées, notamment, pendant un voyage scientifique à bord du Beagle de 1831 à 1836. C'est ce voyage que s'emploie à nous raconter l'auteur. Il le fait brillamment, en alternant des personnages ayant existé comme Darwin ou Robert Fitzroy, le capitaine du Beagle mais également des personnages fictifs comme Morgan Moss, le cartographe de bord. Chacun prend la parole de façon alternée. Là aussi, les souvenirs écrits réels de Charles Darwin côtoient le journal de bord fictif de Moss. La force de ce roman est justement ce mélange des genres qui n'altère en rien la rigueur historique globale du récit ni le rythme de l'intrigue du roman. Car intrigues il y a. Le personnage du révérend Wilberforce permet de mettre en avant le choc entre science et religion. Celui de l'enquêteur Hope amène une part de mystère supplémentaire aux morts qui surgissent. Ce récit permet également de croiser les velléités colonialistes sous couvert de "bon sens" et "supériorité sociale". Seul bémol : certaines situations sur le Beagle reviennent régulièrement et m'ont parfois semblé redondantes... Sans que cela gâche ma lecture. En bref : je vous souhaite d'être happés par un voyage de cinq années autour du monde, par vents et marées, de découvertes en angoisses.

Le jeune Charles Darwin, -22 ans en 1831-, s'embarque dans un voyage de cinq années autour du monde, au cours duquel il élabore sa célèbre théorie. Il rédige un journal de bord, minutieux, attentif à la moindre erreur, et passionnant, autant pour les rudes conditions de la marine à voile que pour la description des mondes qu'il découvre. C'est le travail d'un observateur, scrupuleux, méthodique et modeste. Un auteur de romans policiers, Michel Moatti, reprend ce périple de manière originale. Frappé par la maladie de Darwin, durant tout le voyage, il imagine un scénario criminel visant à l'éliminer ! La totalité du voyage du Beagle est fidèlement restituée, avec un vrai talent de vulgarisation. Mais l'imagination vient remplir les "blancs" du récit, à l'aide de quelques personnages inventés. Michel Moatti, qui garde de l'universitaire, qu'il est par ailleurs, le respect de la source, oriente le récit, sans le transformer, vers un "page-turner" réussi, qui vient aussi s'inscrire dans les grandes séries maritimes britanniques (C. S. Forrester, Alexander Kent, Patrick O'Brian, William Golding) et française (Robert Escarpit : Les voyages d'Hazembat en 3 vol.). L'intérêt pédagogique de son travail est de montrer comment s'élabore la fameuse théorie de Darwin, y compris son effet disruptif face à un monde religieux resté rigide concernant le récit de la création, où la cosmogonie de la petite semaine (six jours) exerce un empire sourcilleux. Passionnante et instructive lecture de vacances !

Montons à bord du SMS Beagle pour une mise à jour des cartes marines grâce à un équipement sophistiqué (en tout cas pour l'époque!) En plus de cette mission de la plus haute importance, le navire embarque un passager pas encore prestigieux mais nous le savons, qui va le devenir : Charles Darwin. Nous suivons les aventures du bord et des escales grâce aux journaux de Darwin lui même et d'un autre membre de l'équipage. Le roman est passionnant, tant par sa justesse des descriptions de la vie en mer, des difficultés de navigation de l'époque, de l'importance de ces missions que par l'intérêt de suivre un Darwin qui s'intéresse à tout et qui échafaude les prémices de sa théorie de l'évolution. Les dialogues sont savoureux, les débats enflammés, tout y est pour passer un agréable moment. Darwin est aussi attachant que certains personnages sont détestables ! Un peu déçue par la soi- disant enquête policière qui à mon sens n'apporte rien au récit d'un voyage qui est suffisamment palpitant par lui même. Un très bon moment de lecture pour moi en tout cas