Des femmes remarquables : Le livre de Barbara Pym
" Des femmes remarquables passe, en Angleterre, pour l'un des meilleurs crus, et à juste titre. Mildred Lathbury, qui s'épuise elle-même par son excès de vertu et contemple avec consternation les reflets gris et ternes que lui renvoient les miroirs du presbytère trop assidûment fréquenté, est l'un des personnages paradoxalement les plus réussis de Barbara Pym. Son drame ? Être une chic fille qui sait prêter aux autres une oreille trop aisément compatissante et qui a toujours une bouilloire sur le feu pour le thé quand on sonne à sa porte. "
De (auteur) : Barbara Pym
Avis Babelio
Rhodopsine
• Il y a 2 semaines
Londres, début des années 1950. La crise du logement est terrible. On boit le thé (est-ce un thé de Chine? non, juste pas assez infusé. Oh, vraiment?), on s'occupe de la paroisse ((le bouquet, devant l'autel, ou à côté? mais très chère, il a toujours été posé à côté!), on s'inquiète de cette veuve qui emménage chez le pasteur (oui, oui, la crise du logement, vous dis-je), on se rend à un congrès, une vente de charité, un restaurant, on épie (non, pardon, on aide sa voisine), on tombe amoureuse (non, pardon encore) du mari de la voisine, du collègue de la voisine. Bref, voyage dans le temps, voyage dans un autre univers, dépaysement assuré, acidulé, ironique, cruellement drôle.
AliceLG
• Il y a 2 mois
Mildred Lathbury, fille de pasteur, orpheline est célibataire. Elle travaille comme une sorte d'assistante sociale pour femmes nécessiteuses et consacre le reste du temps à sa paroisse, s'attachant à rendre tous les services qu'elle peut. Elle vit seule depuis que Dora Caldicote, son amie de lycée est partie enseigner en province. Elle n'en est pas mécontente car elle est assez attachée à son indépendance et Dora était pénible à vivre. Mildred se préoccupe peu de son apparence et mène une vie tranquille qui cesse le jour où les Napier s'installent dans la maison (lui militaire, elle anthropologue). Au même moment le pasteur Julian Mallory qui vit avec sa soeur Winifred, décide de louer une chambre de son presbytère à une veuve de pasteur, Allegra Gray. Mildred est curieuse de découvrir ses nouveaux voisins qui l'impliquent rapidement dans leur vie de couple tumultueuse en la prenant comme confidente d'abord puis en lui demandant toutes sortes de services (Mildred semble d'ailleurs se sentir tenue de préparer le thé pour toutes les personnes qui frappent à sa porte). Le paradoxe est que tout le monde prête à Mildred une vie vide alors qu'elle est tout le temps occupée, investie de missions diverses et obligée de manger à la va vite des repas qui ne sont guère passionnants. En l'occurrence Helena Napier lui confie s'être attachée à son collègue, Everard Bone que Mildred trouve de prime abord antipathique avant d'apprendre à le connaître (d'autant plus qu'en semaine, ils fréquentent la même église). Mildred, de son côté, ne peut s'empêcher de trouver Rocky Napier séduisant. Elle passe des soirées avec les Napier et Bone, assiste aux activités de la Société d'Anthropologie... Chemin faisant, elle se met à réexaminer sa vie, son rapport à la féminité et à la séduction. Elle a envie d'échapper à sa vie bien réglée, de se sentir moins terne, rencontrant la résistance de membres de son entourage encroûtés dans leurs habitudes (les Caldicote, Dora et son frère) ou les encouragements de certains qui sont moins intellos mais plus gentils (les discussions de Mildred avec Madame Norris, sa femme de ménage, sont assez drôles et portent beaucoup sur la différence entre les femmes célibataires et celles qui "réussissent" à se faire épouser). A dire vrai, Mildred se déprécie elle-même pas mal et a du mal à dire non. Elle souffre de solitude à certains moments mais elle aussi attachée à son indépendance, craint d'être envahie (voir les passages sur son amie Dora Caldicote qui pend ses culottes moches partout quand elle lui rend visite). Elle reste attachée à son esprit critique, fidèle à ce qu'elle et n'est en rien engagée dans une quête désespérée d'un mari, ce que beaucoup de gens autour d'elle ont peine à comprendre. [masquer]En témoignent les réactions quand le pasteur annonce son intention d'épouser Allegra Gray. Tout le monde est persuadé que Mildred est la cheffe de file des éconduites qui auraient voulu épouser Julian. Au point que Mildred renonce à expliquer à Julian et aux autres, qu'elle n'a jamais été amoureuse de lui et s'inquiète juste (à juste titre) pour Winifred qui a consacré toute sa vie à son frère.[/masquer] J'ai adoré ce roman et particulièrement Mildred. C'est le genre de personnage qu'on aurait aimé avoir comme soeur ou comme amie. Le roman est plein d'un humour doux-amer comme j'aime, il combine légèreté et profondeur. Certaines scènes sont hilarantes, d'autres d'une poèsie à la Sempé (comme la visite au bureau de William Caldicote, Mildred observant les personnes qui travaillent dans l'immeuble d'en face). J'ai trouvé très subtile la description des rapports entre Mildred et Everard. Pour avoir cotoyé des chercheurs en sciences sociales, j'ai trouvé comique la glamourisation des anthropologues. Surtout j'ai aimé la finesse avec laquelle Pym fait ressortir les ambivalences de Mildred qui rend service sans se voir comme généreuse, s'efforce de bien faire mais sans jamais être bien pensante, sans perdre un esprit critique assez corrosif. Qui souffre de solitude et d'une certaine forme d'assignation (quand Julian Mallory se plaint de n'être pas vu comme un homme alors qu'il éprouve des sentiments virils, cela semble faire écho à la façon dont Mildred aimerait être reconnue, vue comme une femme un peu intéressante - et pas seulement comme une femme "remarquable"). Ou encore qui a envie de changer des choses pour se sentir moins terne sans pour autant renoncer à ce qu'elle est. Encore une fois (encore plus que lorsque j'ai lu "Comme une gazelle apprivoisée"), je me suis sentie chez moi dans l'univers de Pym qui dit beaucoup de choses en décrivant des scènes prosaïques du quotidien (le détail d'une diner, des conversations lors d'une vente de charité, l'organisation d'un déménagement).
Leya-niess
• Il y a 9 mois
» Mildred Lathbury, une anglaise célibataire ayant passé la trentaine, travaillant à mi-temps dans un centre d’aide aux femmes. Ni jolie, ni dénuée de charme, elle offre une écoute bienveillante à tous ceux qui croisent son chemin, allant parfois se fourrer malgré elle dans de drôles de guêpiers. Courtisée sans qu’elle s’en rende compte ( le pasteur, le mari infidèle qui vient d’emménager, le frère de sa meilleure amie, l’ami anthropologue), elle paraît avoir été cataloguée parmi les « vieilles filles » et « bonnes copines qu’on n’épouse pas ». Barbara Pym nous offre un fameux tableau de l’Angleterre des années 50, tout en touches fines et humaines, parfois terriblement drôle. En 1977, dans le supplément littéraire du Times, le poète Philip Larkin écrivit à propos de Barbara Pym qu’elle était « l’écrivain le plus sous-estimé du XXe siècle « . Pym s’inscrit dans la lignée de Jane Austen, pour notre plus grand plaisir. Inutile de préciser que si vous aimez Austen, vous aimerez Pym !
eugenange
• Il y a 11 mois
Il y avait bien un quart de siècle que je n’avais pas lu Barbara Pym. Je l’avais découverte au début des années 90. Bien qu’alors défunte, elle faisait alors son deuxième come-back. Le premier avait eu lieu à la fin des années 70 quand deux critiques éminents la désignèrent comme l’écrivain la plus sous estimée du siècle. Les arguments vous manquent souvent pour expliquer aux autres les raisons pour lesquels vous aimez tant cette auteure, quand ce n’est ni le début, ni la fin du roman, pas plus que l’intrigue, bien plate, qui vous semblent le plus importants. Le principal est ailleurs.... L’arrivée du beau et jeune pasteur dans la paroisse, et l’activité extraordinaire qu’il déploie déjà, est le genre d’événement central inaugurant la suite des événements. C’est à partir de cette palette très restreinte, identique de livre en livre, auquel s’ajoutent souvent un archéologue, ou un missionnaire de retour d’Afrique, que cette écrivaine a donc pourtant réussi à convaincre deux critiques qu’elle était la plus sous-estimé du siècle. Quand tant d’autres soutiendront que c’est un miracle qu’elle ait pu être publié. C'est une sorte de Marcel Proust au féminin, mais avec des phrases bien plus courtes, sans affectation, mais douée d' un même talent d’observatrice et de témoignage du monde d’hier. Celui de l’après guerre dans un Londres encore plein de décombres, où l’on bricole des solutions pour s’en sortir et où les appartements collectifs rappellent la promiscuité du monde soviétique, et de leurs fameuses cuisines, où les habitants d’un immeuble Moscovite se croisaient et échangeaient. Le monde de Barbara Pym n’a rien à voir avec celui des meurtres gores qu’on peut trouver dans les polars américains. Ses livres ne vous empécheront pas de dormir, mais vous apaiseront. Les protagonistes ne lâchent jamais la moindre injure, bien qu’ils admettent parfois avoir des pensées inconvenantes. Mais sans jamais les expliciter, si ce n’est par ce processus de pensée d’éducation morale, qu’on taxerait de parfaite hypocrisie de l’autre coté de la Manche, mais qui est bien dans la culture Britannique. Tout cela confère à ces récits une sorte de clair obscur, et de tendre ironie où la distanciation émotionnelle de la narratrice lui fait retenir ses mots, et ses jugements. Et tout à coup dans ses non dits, on est saisi par la lumière, comme dans un tableau de maître, sans savoir d’où elle tombe. Pourtant le décor est parfois proche du dérisoire, et le rideau de douche est bancal. Mais il a la grâce des jardins ouvriers, beaux de l’attention et du soin qu’on leur confère. Tout son art est fait de supputations à peine exprimées, d’allusions et d’incertitude sur l’évolution des choses. La légereté et le rire, surviennent dans les moments les plus incongrus, avec une autrice se régalant de situations ou le "no sense" et l'autodérision, sont des soupapes à la crise, et à l'amertume. Peut être que les gens qui avaient connu la guerre à Londres, avaient accumulés sur le tas, en guettant la chute des V2, ce genre de profil philosophique fait de tendre attention au monde, dans lequel l'abandon se teintait tout de même de méfiance. Mais aurait elle eut cette capacité discursive et d’autocritique amusée, s’il elle n’avait pas été secrétaire au sein d’une publication anthropologique ? Cela devait lui donner une vraie qualité d’expertise, quand elle traversait Trafalgar square, et observait ses contemporains, au retour d’une conférence sur les pygmées, comme son héroïne, Mildred! Au fil des pages, je me suis pris de sympathie pour cette chic fille, voulant toujours aider les autres, est souvent mal payée au retour, renvoyée à son rôle de médiatrice juste bonne à faire le thé, et consoler les âmes blessées. Ces femmes étaient peut être remarquables, mais pas tellement remarquées. Nous retiendrons leur énergie, dans cette époque difficile où l’Europe après guerre peinait à se relerver. Cet élan vital et cette générosité au monde, qui leur fait toujours voir le meilleur, entre la tasse de thé à moitié vide, ou à moitié pleine.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782264017161
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- Collection ou Série
- Littérature étrangère
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 336
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- Dimensions
- 179 x 111 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
8,60 € Poche 336 pages