Dompter les vagues : Le livre de Vendela Vida

Elle a treize ans, vit dans une famille aisée, va dans un collège privé dans un quartier chic de San Francisco avec trois copines. Ces quatres la forment une bande inséparable qu’un grain de sable sous la forme d’un monsieur qui veut savoir l’heure va enrayer. A partir de ce moment-là rien ne va plus et le roman se transforme en thriller dont raconter la suite sera passible d’un renvoi.

Adolescence dorée dans un quartier de San Franciso. Dans cette histoire, le lecteur suit la fin de l'enfance d'Eulabee. A ce moment de sa vie, elle se cherche. Entre la vérité et le mensonge, le regard des autres, celui qu'elle porte sur les autres et celui qu'elle porte sur elle-même, la confiance en soi. Cette période de la vie est décortiquée par Vendela Vida : la personnalité de chacune se dévoile, les adolescentes qui se trouveront, celles qui se perdront, celles qui se racontent des hisoitres, celles qui sont sûres d'elles ou le paraissent, les mythomanes, les sincères... Les amitiés qui vont, qui viennent... C'est la transformation de fillettes en femmes. Mon avis sur cette lecture : en apparence, pas grand intérêt. J'ai eu un peu de mal à m'intéresser réellement à ce moment de vie de ces jeunes filles. En reposant le livre et y réfléchissant un peu plus, on peut voir cette histoire comme une bonne analyse de cette jeunesse dorée américaine des années 80. Les réseaux sociaux n'existent pas encore, mais la superficialité apparaît déjà, le besoin de reconnaissance... Merci à Babelio et son opération Masse Critique, merci aux Editions 10/18 pour m'avoir permis de découvrir cette auteur.

1985, San Francisco. Eulabee, Maria Fabiola, Julia et Faith fréquentent le même collège privé pour filles. Toutes vivent dans le quartier riche de Sea Cliff dans des maisons avec vue sur le Golden Gate Bridge où on jauge le niveau de richesse du voisin. Eulabee et ses amies règnent en majesté sur ces rues qui mènent droit à l’océan et s’amusent à duper les adultes avec des mensonges plus ou moins innocents lorsqu’elles ne sont pas occupées à penser aux garçons. Tout change subitement un matin sur le chemin de l’école lorsqu’un homme à bord d’une voiture leur demande l’heure : Maria Fabiola assure avoir été témoin d’un acte obscène, mais Eulabee n’a rien vu de tel et refuse de corroborer le récit de son amie devant la police. La sanction est sans appel : Eulabee est exclue de la bande. Quelques temps plus tard, le quartier apprend avec stupeur que Maria Fabiola a disparu… Si comme moi vous vous attendiez à un drame ou un thriller avec un tel point de départ, vous serez un peu surpris.e ! Avec un ton grinçant qui m’a fait éclater de rire plus d’une fois, Vendela Vida croque avec acidité la Californie clinquante des années 1980’s, où le fric et l’obsession des apparences fabriquent des privilégiés désabusés et des gosses de riches en mal d’attention. Il serait toutefois injuste de réduire « Dompter les vagues » à une comédie noire sur la société américaine et son frisson pour le sensationnel : à travers le personnage d’Eulabee, qui observe avec beaucoup de sarcasme l’hypocrisie de tout ce petite monde et qui va plonger malgré elle dans les noirceurs de l’âme humaine, « Dompter les vagues » est aussi un roman d’une acuité douloureuse sur le début de l’adolescence, cet âge fragile où l’arrogance peine à masquer l’érosion de l’insouciance. À l’arrivée, cette petite pépite a quelques airs de « L’amie prodigieuse » qui aurait téléporté sous le soleil californien les bandes de filles de Sofia Coppola dans la série « The White Lotus » : mélange détonnant mais très entêtant !

J'ai acheté ce livre un peu par hasard dans ma librairie de vacances car j'étais à court de lecture. Initialement, je voulais un gros pavé qui me tienne plus que quelques jours, mais ce livre m'a attiré et j'ai préféré écouter mon instinct. Grand bien m'en a pris ! J'ai adoré l'ambiance de ce livre qui dépeint l'adolescence et ses tourmentes avec beaucoup de finesse et de justesse. D'une certaine façon, il est construit comme un polar (c'en n'est pas un), et les pages se tournent toute seule tellement on veut lire la suite ! J'ai aimé aussi découvrir ce San Francisco des années 1980 que je ne connaitrais jamais car, comme Eulabee, je ne suis pas née à la bonne époque.