Entre deux mondes : Le livre de Olivier Norek, Guillaume Orsat

Un très bon Norek, efficace dans une construction qui nous de pile progressivement l’intrigue profonde, instructif quand il évoque l’univers de la jungle de Calais, poignant dans le destin des personnages dont on ne se demande jusqu’au bout ce qui va leur arriver.

J'ai découvert Olivier Norek depuis peu et après avoir lu les 3 premières enquêtes de Coste, j'ai attaqué Entre deux mondes assez confiant. J'étais en dessous de la réalité, quelle claque ce livre. Dès les premières pages on est dans l'action et très vite dans l'horreur ordinaire des migrants qui tentent de rejoindre l'Europe. Les pages s'enchaînent et on arrive au 1/3 du livre sans s'en rendre compte. Le reste sera peut-être un peu moins intense mais tout aussi intéressant. Plus que la partir romancée, c'est l'enfer de la jungle de Calais qui prend aux trippes. Je suppose que ce qui est raconté est malheureusement vrai en grande partie et avoir le point de vue de tous les partis (habitants, policiers, migrants, humanitaires) permet d'avoir une vue d'ensemble d'un problème sûrement insoluble. On ne peut pas vraiment dire que le démantèlement était une solution... Merci Mr Norek.

Dans l'ensemble, je trouve que c'est une belle histoire, mais j'ai eu beaucoup de mal à accrocher, ce n'est pas un livre qui reste dans les mémoires en mon sens. Terminer un chapitre ne me donne pas forcément envie d'en entamer un autre. L'histoire manque un peu de fluidité (certains petits déroulés au poste de police étaient lourds et pas utiles).

Thriller sans concession ou livre sociétal sur le camp de Calais ? A vouloir être les deux, ce livre n'est ni l'un, ni l'autre. Les personnages principaux sont attachants, certains arcs prenants, beaucoup d'événements absolument déchirants, mais ce double but est un vrai problème. Les éléments policiers sont souvent abandonnés ou ne mènent nul part, la majorité des migrants sont d'horribles caricatures, définis uniquement par leur pays d'origine auquel est associé un trait de personnalité, et beaucoup d'erreurs/mensonges sont véhiculés, ce qui est un problème pour un livre qui se veut presque documentaire.