Et c'est ainsi que nous vivrons : Le livre de Douglas Kennedy

2045. Les États-Unis tels que nous les connaissons aujourd’hui n’existent plus : une nouvelle guerre de Sécession a séparé les états de l’Union. À l’est et à l’ouest se trouve la République Unie (ou RU) où la liberté de mœurs est totale mais où la surveillance est constante grâce à l’implant de puce. Les États du Centre forment la Confédération Unie (dite CU). Cette dernière est, quant à elle, dirigé d’une main de fer par les Douze Apôtres, une puissance religieuse où les valeurs puritaines régissent la société. Les deux blocs aux valeurs profondément différentes s’opposent et s’affrontent, luttant à tout moment contre une infiltration du camp adverse. L’Agente Samantha Stengel, des services secrets de la République, qui a voué ces dernières années à son travail est envoyée de l’autre côté de la frontière afin d’éliminer une agente ennemie surentraînée. Mais gare à elle, car dans cette bataille idéologique et politique, tous les coups sont permis ! --- Avis : Douglas Kennedy nous emmène dans des États-Unis dystopiques désunis et belliqueux où les idéologies religieuses, morales et politiques déchirent le peuple. Ce roman interroge le lecteur sur ce qu’est la liberté. Et au regard de l’actualité de ces dernières semaines, le plus glaçant est que ces mêmes États-Unis pourraient, à tout instant, sombrer dans ce chaos… Tirons bon usage de cette fiction pour que jamais elle ne devienne réalité ! Et comme preuve du désordre actuel, sachez que le livre n’a (toujours) pas été publié États-Unis.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec Douglas Kennedy. Peu familière de son style, j’avais tout de même été happée par le résumé… et j’ai bien fait !J’ai adoré ce roman : une dystopie géopolitique, un suspense bien mené, et un rythme qui ne faiblit jamais.On tourne les pages avec envie, la tension est constante, et le monde décrit fait froid dans le dos, d’autant plus qu’il semble plausible… De toute façon, tout devient imaginable… Gros point fort : aucun cliché lourd. Même les scènes d’espionnage sont captivantes, et ça, c’est rare !Le seul bémol ? Le twist final, un peu trop prévisible qui se voit comme le nez au milieu de la figure. Un excellent roman, à lire et à faire lire en espérant qu’il reste de la pure fiction.

J’ai cru que ce livre proposait une vision dystopique des Etats-Unis tels qu’ils pourraient être en 2045, à la suite d’une guerre civile ayant opposé les Conservateurs-républicains et les Progressistes-démocrates. Il est d’ailleurs intéressant de noter que la dystopie est de plus en plus souvent abordée dans les films et la littérature américaine contemporains, preuve que cette société doute de plus en plus d’elle-même, et aborde le futur avec anxiété alors qu’hier elle le construisait avec assurance. Et c’est ainsi que nous vivrons aborde trop de thèmes et inévitablement d’une façon trop superficielle pour m’avoir séduit. L’existence de deux camps qui se font face et s’affrontent à travers une lutte secrète, rappelant la guerre froide, et la création par l’auteur d’une Zone Neutre, rappelant Berlin, sont alléchants pour le lecteur, qui se lance dans les premières pages. Ensuite, on découvre peu à peu l’histoire de l’héroïne, qui devra mener sa mission contre un membre de sa famille dont elle ignorait l’existence. Placer la genèse de ce roman dans les années Trump, Biden éclairent l’intrigue d’un jour qui en nourrit le réalisme. Aborder les thèmes des choix de sociétés imposés entre le progressisme qui s’appuie sur la technologie pour surveiller les citoyens et le libertarisme qui fonde sa stabilité sur un intégrisme religieux est intéressant. Hélas, trop de thèmes sont survolés, et j’ai été perdu par trop de détours empruntés par l’auteur. Par exemples les descriptions de films, de décors, n’apportent rien, ce qui est d’autant plus dommage que le cœur du roman repose lui-même sur des sujets que le lecteur aurait voulu être davantage développés. Le suspense, car il s’agit d’un roman, n’est pas insoutenable, dévitalisé par des facilités auxquels l’auteur s’adonne (des avancées technologiques dont un camp dispose sur l’autre, ce qui est peu crédible), ou ce que je juge comme étant des fautes (‘132 balles en 3,2 secondes tirées par un tireur d’élite pour abattre sa cible, or aucune arme légère ne peut ni ne pourra tirer à une telle cadence et le propre d’un tireur d’élite est de n’en tirer qu’une seule, tant la précision est amoindrie par le recul). Je m’arrête là, les exemples où je n’ai pas été emporté mais plutôt quitté par l’intrigue sont nombreux. Je mesure ainsi mieux le travail gigantesque qu’un auteur doit consacrer à une œuvre qui se veut crédible mais futuriste, immisçant une intrigue romanesque dans un cadre dystopique qui se doit d’être oppressant. Dans « Et c’est ainsi que nous vivrons », l’ambition de l’auteur a été trop grande, ce qu’atteste la conclusion du livre totalement en décalage avec l’idée de départ.

Un roman qui se lit assez rapidement. Douglas KENNEDY reste dans son style très factuel comme nombre d'auteurs américains, une lecture facile en somme. En revanche, le scénario est comme toujours très bien ficelé et haletant. Quant à l'histoire, elle peut déranger. Est-ce le futur qui nous attend ?