Ailleurs, chez moi : Le livre de Douglas Kennedy, Christophe Brault

C'est quoi ? être américain, tel est l'un des principaux sujets de ce livre qui est pas un biopic, mais une collection de souvenirs de moments de vies de Douglas Kennedy. Il nous livre une belle étude de l'évolution de son pays natal adorée : l'AMERIQUE ; une collection d'évènements vécus par l'auteur depuis les années 60 jusqu’à nos jours. Narrateur, le jeune garçon de 10 ans, fuit la maison familiale le soir et les week-end pour s'éloigner des disputes incessantes entre ses parents. Il fréquente assidument la bibliothèque, les cinémas et les cafés devant des clients étonnés d'y voir un jeune lisant le NY Times. Sa mère ne l'aime pas (elle le lui a dit) et son père infidèle le traite de "petit branleur intello". _Faits marquants : 1960 lors de sa parade dans la ville, le président Kennedy repère le jeune Doug sur les épaules d'un policier et lui fait signe avec un pouce en l'air. Le 22 Novembre 63 c'est l'assassinat de JFK. Quelques jours plus tard, Doug très choqué, a 8 ans voit en direct l'assassinat de Lee Osvald à la télé. _Histoire : Douglas évoque la création de Boston par des puritains en 1630, celle de Nieuw Amsterdam en 1635 par les Néerlandais, puis la révolution après La guerre remporté contre les Anglais en 1681. _Les présidents : 1933 Roosevelt "la seule expérience s'apparentant au socialisme", 1956 le conservateur Eisenhower, 1980 Reagan et son conformisme, 1989 Georges W. Bush : tous ses pouvoirs étatiques qui mèneront TRUMP au pouvoir.#8195;

Douglas Kennedy nous livre là un livre mâtiné d’autobiographie qui sert de fil conducteur, d’une analyse de l’Amérique d’aujourd’hui et de celle de sa jeunesse, d’un pronostic des Etats-Unis de demain et en fait, un essai sur la qualité d’être américain, pour lui, qui est un américain avec un pied à l’extérieur. On retrouve dans sa façon de procéder, un narrateur observateur un peu dans le style de Richard Ford avec son personnage Bascombe qui donne une vision pleine de nostalgie du siècle dernier et plus pessimiste pour celui d’aujourd’hui. Il y aussi un peu de Philip Roth et du Bellow chez lui mais en plus accessible car son style littéraire est sans fioritures. Un voyage au cœur des Etats-Unis et de celui des américains, un voyage pas si simple car Douglas Kennedy se défini comme new-yorkais plutôt qu’américain une nuance à laquelle il tient. Cela va le mener à parler de l’American way of life et du conformiste du début du siècle, le précèdent, au délitement de l’Amérique d’aujourd’hui qui se fractionne en deux entités totalitaires et irréconciliables l’une laïque sous contrôle électronique et l’autre conservatrice sous contrôle de Dieu. Le conformisme est la règle de l’Amérique qui pourtant donne une autre image dans l’imaginaire des autres surtout les européens. On notera un passage intéressant sur l’essor de la religion qui, sans être érudit mais assez complet, se lit bien. Douglas Kennedy explique le coté protéiforme du christianisme et le retour aujourd’hui aux fondamentaux religieux avec pour corollaire, créationnisme et rejet de la théorie de l'évolution. On y apprend aussi qu’une constitution laïque a été créé pour permettre aux multiples courants religieux d’exister. Bref l’Amérique est religieuse. Un texte assez informatif historiquement parlant sans toutefois apporter de scoop. Ensuite une petite disgression sur le jazz apparemment la musique américaine par excellence. Curieux car le jazz n’a pas été une musique de masse mais plutôt une musique d’élites universitaires et lettrés côte East, Douglas Kennedy est catalogué comme tel, et locale donc du sud pauvre et noire : pas la norme à proprement parler américaine « wasp » plutôt branchée classique européenne mais bon KD musicologue averti c’est fait plaisir en nous donnant un avis partial mais argumenté. Quand même l’âme de la narration est autobiographique. Pour terminer Douglas Kennedy raconte ses craintes de la dernière décennie au sujet d’une Amérique pouvant devenir totalitaire malgré les lois législatives et politiques mais surtout eu égard à la mentalité de l’individu américain lui-même en pleine régression morale vers une spiritualité de plus en plus traditionnaliste et sectaire. Le mythe de l’argent étant plus fort que jamais. Un voyage sympathique au coeur des USA

Toujours aussi gouleyant le style de Douglas Kennedy. Je me régale toujours. Son "Ailleurs chez moi" apporte un éclairage formidable sur les mentalités américaines et l'emprise que je n'aurais jamais cru aussi forte des côteries religieuses (baptiste et autres) sur le succès de Trump. Je comprends mieux maintenant. Et puis, le chapitre enthousiaste sur le jazz m'a fait découvrir d'autres classiques que je vénère.

Merci aux éditions Belfond pour cette lecture. Dans Ailleurs, chez moi, Douglas Kennedy nous invite à plonger dans son passé, en revenant sur son enfance et les événements marquants qui ont façonné son parcours. À travers cet ouvrage, l’auteur se livre de manière plus personnelle et intime que dans ses romans habituels. Ce livre est un mélange de mémoires et de réflexions sur la société, la politique et les idéaux de l’auteur. Kennedy parle abondamment de ses convictions politiques et de son regard critique sur le monde. Il nous décrit comment ses expériences de jeunesse, ses rencontres et ses prises de position ont influencé son écriture et sa manière de penser. À travers ses souvenirs, il dresse un portrait de la société américaine et des changements qui ont façonné sa vision du monde, de l’amour, de l’art et de la politique. L’auteur nous offre une perspective différente de celle que l’on trouve dans ses romans, en nous permettant de mieux comprendre les racines de ses influences littéraires et intellectuelles. Ce livre est un voyage à la fois personnel et universel, qui nous amène à réfléchir sur nos propres croyances et valeurs. Si vous êtes déjà amateur des œuvres de Douglas Kennedy, Ailleurs, chez moi vous permettra d’en apprendre davantage sur l'homme derrière les romans. C'est une lecture intéressante, à la fois introspective et sociale, qui mérite d’être découverte.