Et que dieu me pardonne : Le livre de Claire Norton, Aline Chetail

Une belle découverte. La première partie du livre est prenante. Un vrai page-turner. L'écriture est simple mais douce. L'émotion est là. On alterne entre pleurs et effroi. Ça n'enlève toutefois pas la frustration d'avoir vu venir le cliffhanger dès le début (c'était assez prévisible). La seconde partie est plus décevante. L'ambiance thriller laisse place à des passages tout droit sortis d'un livre de développement personnel. Les passages avec la vieille femme sortie de nulle part, qui sort des phrases de philosophie de comptoir, m'ont un peu agacée. Un mélange détonnant qui laisse derrière lui quelques incohérences et passages ubuesques. Pour autant, on reste dans un roman bien écrit. Les personnages sont attachants. L'autrice réussit le pari de faire ressentir de l'empathie aussi bien pour cette maman endeuillée que pour ce "monstre", qui n'en est finalement pas un.

Ce qui arrive à Elodie est la pire chose qui puisse arriver à des parents : perdre son enfant. Puis être rongée par la culpabilité : je n'ai pas su le protéger, être envahie par la haine : mon enfant est mort, son assassin est libre. « Toi, tu ne ferais pas de mal à une mouche » lui disait Maëlle. Mais que serait-elle capable de faire à son assassin quand elle estime que la justice des hommes n'a pas rendu un verdict équitable. Stéphane, le père, est peu présent dans cette histoire. C'est le calvaire d'Elodie que l'on suit tout au long du récit, cette descente aux enfers, cette soif de vengeance qui la ronge, qui la détruit. « La haine est une ogresse qui a besoin de nourriture » et Elodie se consume. Alors, que va-t-elle choisir, la vengeance ou le pardon ? C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai lu ce roman. Claire Norton excelle à nous faire ressentir les sentiments qui traversent cette mère désespérée. Une lecture pas facile car qu'y a-t-il de pire que la perte d'un enfant dans des circonstances qu'on imagine abominables. Pour me remettre, je vais lire "La cerise sur le gâteau" d'Aurélie Valognes. Il faut savoir varier les plaisirs. Bonne lecture.

COUP DE #x2665 #x1f62d Suite à la disparition tragique de sa fille, Élodie, une mère brisée, décide de prendre les choses en main. Animée par la douleur et la colère, elle va franchir l’impensable pour obtenir des réponses et rendre justice à son enfant. #x1f631 Claire Norton signe ici un huis-clos haletant, qui m’a tenue en haleine du début à la fin. À chaque chapitre, j’avais cette irrépressible envie de connaître la suite, d’aller plus loin dans cette confrontation entre une mère et l’homme qu’elle pense coupable. #x1f979 Au-delà du suspense, c’est un roman profondément psychologique. L’autrice explore avec finesse les thèmes de la douleur, de la vengeance, mais aussi de la résilience et du pardon. On partage chaque émotion, chaque doute, chaque frisson. #x1f499 J’ai été touchée par la force de cette mère, par son cheminement intérieur et par la réflexion que ce livre suscite sur les limites de la justice et les abîmes de l’âme humaine.

Peut-on faire justice soi-même ? Peut-on pardonner à ceux qui nous ont fait du mal ? Le premier thème est un thème au combien déjà traité dans de nombreux romans, mais ce qui change ici, c’est la manière dont Claire aborde ce sujet. Un huis-clos entre le soi-disant meurtrier et la mère de l’enfant assassiné. L’autrice prends son temps pour nous exposer les points de vue de chacun (on sent bien que tout n’a pas été dis lors du procès et que le meurtrier n’est peut-être pas celui qu’on croit). Les points de vue changent ; qui est qui ? Qui est le monstre ? Qui mérite d’être jugé ? C’est assez fascinant comme l’écriture, les intonations, le rythme assez lent, peuvent nous entrainer sur différentes pistes. On se pose beaucoup de questions et je pense que c’est le but de ce genre d’écriture. Le thème du pardon est quant à lui un thème pour lequel je n’ai jamais eu l’occasion de lire un bouquin à ce sujet. Il doit certainement en exister. Là aussi, Claire l’aborde d’une façon subreptice pour, en fin de compte, nous éclater au visage comme une évidence. Livre plein de réflexions existentielles avec peut-être, et là c’est mon avis personnel, à la fin, certaines longueurs. Je pense que c’est un défaut que j’ai par rapport à ma lecture des thrillers où souvent, le rythme à la fin du bouquin augment jusqu’à son paroxysme. Cela reste une très bonne lecture que je recommande.