Journal de la guerre au cochon : Le livre de Adolfo Bioy Casares

Un titre intriguant pour un récit dystopique où ce ne sont pas les cochons qui sont chassés, mais les vieux qui sont sauvagement tués. Le vieux Vidal, qui sort très peu de son appartement qu'il partage avec son fils sauf pour rejoindre "les garçons", les amis qui le suivent depuis sa jeunesse, regarde avec circonspection des vieux de sa connaissance se faire tabasser à mort. Contrairement à ses amis, plus lucides, il aura du mal à admettre que les jeunes se sont mis en tête que ceux de sa génération étaient nuisibles, sales, inutiles au regard des jeunes et que le nouveau jeu était de les éliminer... et hop un lancer de vieux dans un stade en attendant que le match commence. Les événements dégénèrent vite sans que pour autant Vidal ne saisisse vraiment - ou n'accepte de saisir - la tragédie en cours. L'auteur écrit bien sûr sur cet aveuglement général et réconfortant face à une dictature qui s'installe et sur les traques à venir en Argentine. Cette volonté de ne pas voir ce qui se passe réellement est ce qui m'a semblé le plus intéressant ici et je pense que c'est un roman salutaire sur ce point là. En revanche, ça se confirme: le style de Bioy Casares ne me correspond vraiment dans le sens où je ne parviens pas à me sentir concernée par le récit et les personnages, malgré le thème mais je suis certaine que ce livre restera en moi longtemps.