La Colère : Le livre de S. A. Cosby

Une histoire de vengeance donc… Puisque la police ne mène pas l’enquête, les pères des victimes (deux ex-taulards) vont s’en charger. Ils sont décidés à retrouver les assassins de leurs fils et autant vous prévenir que rien ne les arrêtera. J’ai préféré l’amitié entre les deux hommes à l’enquête qu’ils mènent ensemble. J’ai trouvé touchante leur remise en question. De repenser certaines idées arrêtées. Les réflexions sur le racisme mais encore sur le rejet d’une personne à cause de sa sexualité. La culpabilité de leurs actes manqués. Leurs changements de points de vue. Plus largement, ça me conforte dans l’idée que toute personne capable d’analyse est une personne douée de raison. En définitive, il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis! « Un bon parent aime ceux qui aiment ses enfants. Parce que l’amour c’est l’amour, point. » J’imagine bien Ike et Buddy Lee prendre vie à l’écran. Ce serait même une merveilleuse idée! Une chose est sûre, ils ont marqué mon esprit. Hâte de découvrir un autre titre de l’auteur. J’ai eu raison de m’écouter

Deux homosexuels sont abattus d'une balle dans la tête. Le drame éveille la colère des deux pères, Ike, l'homme noir de l'histoire, et Buddy Lee, l'homme blanc. Ils se lancent ensemble dans une Vandetta pour trouver les coupables et se faire justice lorsque l'enquête piétine. Voilà en quelques mots de quoi traite le second roman de Cosby, que j'avais déjà croisé il y'a peu sur ses routes oubliées. Il aborde cette fois-ci des thèmes assez lourds (le racisme et l'homophobie entre autres) dans une Amérique décomplexée où il semble naturel de brandir le drapeau des confédérés. Heureusement, on rit un peu avec Buddy Lee, ce génial opportuniste. Il est loin d'être parfait et il en est tout à fait conscient, c'est ce qui me l'a rendu si attachant. Jusqu'à présent il n'avait pas conscience de ses privilèges d'être un homme blanc et hétéro. Ses échanges avec Ike mettront en lumière ses contradictions et les idées reçues qui gangrènent son jugement. C'est vraiment la facette du livre que j'ai préféré. Je regrette juste que ce bouquin ait pris la forme d'une enquête. Je m'attendais à un traitement différent, plus psychologique et introspectif. (Exemple : le film "Prisoners"), où le coupable est déjà connu et où l'inaction de la justice allume une colère froide et viscérale. Là, j'ai trouvé la manière assez "Hollywoodienne" et cela m'a moins plu. J'aurais aimé que l'auteur accorde plus d'importance également à Isiah et Derek, les deux fils assassinés. Ils n'apparaissent dans le récit que sous la forme de souvenirs assez peu exploités et trop succins. S'attacher à eux, c'était aussi s'attacher davantage au combat de leurs parents. Il faut désormais que je me procure "Le sang des innocents". La plume de Cosby est décidément percutante et j'apprécie ce qu'il raconte.

Isiah et Derek étaient gays, mariés ensemble, pères d'une petite Marianna. Isiah était black et Derek était blanc. Isiah et Derek sont morts, assassinés, ensemble. Pourquoi ? C'est la douloureuse question à laquelle leurs pères Ike et Buddy Lee vont devoir répondre. Tous les deux avaient violemment rejeté leurs fils. La honte, l'incompréhension de leurs "choix", leurs "vies de péché" dans cette Virginie du sud traditionnaliste, masculiniste, religieuse, nationaliste. Et maintenant avec la douleur, le regret, la colère, il va falloir vivre. Mais d'abord.. d'abord.. retrouver celui ou ceux qui ont fait ça. Et leur faire payer. Cher. Très cher. Shawn Cosby signe ici son deuxième roman. Bien plus noir et plus violent que Les routes oubliées. Parce que Ike et Buddy Lee ne sont pas des enfants de chœur. Tous deux ont déjà fait de la prison. Tous deux ont déjà tué. On s'attache très vite à ces deux quinquagénaires. Ike, le black réinséré qui vit confortablement de son entreprise de jardinage mais qui a honte de ce qu'il a dit et fait à son fils. Il ne le comprenait pas mais il l'aimait quand même. Maintenant il est trop tard.. Ike est prompt à la colère et extrêmement déterminé. Buddy Lee, lui c'est le petit blanc pauvre qui vit seul dans un mobil home pourri. Alcoolique et malade mais plus en colère encore ! Largué par la mère de Derek qui n'a rien trouvé de mieux qu'épouser un juge candidat au Sénat, bien coincé, bien haineux envers les "dégé.nérés" LGBT.. A cela s'ajoute Tangerine, une jeune femme détentrice d'un secret qui fuit une bande de bikers, les Sang pur. Des bikers avec ce que cela comprend de pire aux USA... Alors, très vite, on sait que cela va être très noir, et sanglant, et violent. Que cela ne va pas être joli joli et que ça finira mal. Très très mal. Pour nos deux pères justiciers, au minimum. Shawn Cosby nous parle d'acceptation de soi, et des autres. De la colère, de la haine pure. De l'Amérique profonde religieuse nationaliste d'extrême droite. De "virilité", de rejet. Mais aussi de l'évolution de ces deux pères qui se remettent en question, qui ont honte d'eux et qui sont en colère. Dès le chapitre 2, on a été saisi par la noirceur de la situation. Le drame ne se relâche jamais, la tension monte jusqu'à l'explosion de violence finale. Paradoxalement on a envie de ralentir la lecture parce qu'on ne veut pas lire ce qui ne va pas manquer d'arriver à ces deux hommes auxquels on s'est attaché. Et en même temps, on veut savoir si le/les coupable(s) va/vont payer ! Mais tout cela ne peut que finir dans le sang.. Alors oui, la fin est terrible mais on finit aussi les larmes aux yeux.. Shawn Cosby a fait un bond en avant depuis son premier roman avec ce livre incroyablement fort aux thèmes de société difficiles qui divisent la société américaine. Hollywood (Jerry Bruckheimer en l'occurrence) ne s'y est pas trompé en achetant les droits. Alors, vous pouvez courir chez votre libraire préféré en toute confiance. Je vous garantis que vous ne serez pas déçus !

Après avoir refermé Le Sang des innocents, que j'avais dévoré et adoré, je ne pensais pas que S.A. Cosby pourrait faire mieux. C'était sans compter sur La Colère. Un titre simple, brut, presque rugueux… et pourtant, quel coup de maître. Si Le Sang des innocents m’avait bouleversé, La Colère m’a littéralement laissé sans voix. Ironie du sort : La Colère a été publié avant Le Sang des innocents. Si j'avais su, je l’aurais lu bien plus tôt. Et quelle découverte cela aurait été ! Car ce roman dépasse toutes mes attentes. S.A.Cosby y tisse une histoire d’une intensité rare, portée par deux hommes que tout oppose (couleur de peau, mode de vie, valeurs) Réunis dans une quête commune : retrouver les assassins de leurs fils respectifs. Deux pères hantés par l’amour qu’ils n’ont pas su donner, confrontés à leurs failles, leur rage, leur douleur. C’est une fresque sur la résilience, le pardon, la violence, celle qu’on inflige aux autres et celle qu’on retourne contre soi-même. C’est touchant mais c'est également très puissant. Avec La Colère, S.A. Cosby ne se contente pas d’écrire un polar noir : il écrit un drame humain, viscéral et incandescent. Un incontournable