Le Sang des innocents : Le livre de S. A. Cosby

Une vraie pépite! Ça faisait un moment que ça n'était pas arrivé donc il faut le souligner, je suis totalement fan de cet auteur! Voici mon 1er livre de celui-ci mais je sais déjà d'avance que ce ne sera pas le dernier. L'écriture est impactante et incisive comme je l'aime. On se retrouve en Virginie avec Titus qui nous montre à quel point il est difficile pour un Noir d'avoir un poste à responsabilité dans la justice. Tout le monde vous en veut! Pas assez bien pour les Blancs et trop du côté de la justice pour les Noirs. Un entre deux monde très compliqué à gérer. J'ai vraiment adoré l'intrigue et le développement des personnages. J'ai hâte d'en lire d'autres de cet auteur dont j'avais déjà beaucoup entendu parlé.

Le roman se déroule dans le comté rural de Charon, en Virginie, aux abords de la baie de Chesapeake. Titus Crown, ancien agent du FBI, est devenu le premier shérif noir du comté de Charon. Cela n’est pas sans provoquer de vives tensions : un bon nombre de Blancs sont méfiants voire hostiles, certains Noirs le considèrent comme traître à la cause noire car incarnant l’autorité au service des possédants, des Blancs. Le comté est rongé en profondeur par de multiple problèmes sociaux : la crise des opioïdes, les inégalités raciales persistantes, le poids du passé ségrégationniste exacerbé par une poignée de suprémacistes blancs désinhibés. Un jour, Latrell, un jeune Noir, abat Mr. Spearman, professeur très apprécié dans le lycée local. Latrell est abattu par l’équipe de Titus. C’est l’évènement déclencheur d’une enquête haletante et oppressante où le lecteur que je suis a été littéralement happé de bout en bout. Plus encore que l’intrigue, je salue l’intelligence du récit à exposer et creuser sans concession les fractures raciales du Sud des États-Unis. Le racisme — institutionnel, culturel, mais aussi de tous les jours —, la ségrégation, la mémoire prégnante de l’esclavage, les tensions communautaires, la religion évangélique hypocrite sont présentés avec pudeur et exploités avec retenue. Tout ceci est porté par un personnage fort et complexe, ce shérif noir, Titus. Tiraillé entre les attentes de sa communauté et les exigences de sa fonction, ses dilemmes moraux et éthiques sont criants de vérité. Ils rendent Titus humain et attachant. La plume est percutante, capable de combiner dialogues forts et passages introspectifs. Une peinture sociale du tréfonds du Sud américain comme j’en ai rarement lu. Vraiment une réussite.

Traduit de l'anglais par Pierre Szceciner Terrible ! Et tout ça en évitant les détails sordides. Titus Crown est un shériff noir, ancien du FBI, à Charon, une petite ville de l'état de Floride, où sa couleur de peau est considérée comme une « preuve d'incompétence » par certains de ses concitoyens. Il se doit donc d'être irréprochable en toutes circonstances : dans sa vie privée et publique, dans sa tenue, dans ses enquêtes, dans ses propos. Car pour eux, ce n'est « qu'un nègre avec une étoile ». Un secret flotte dans le sillage de Titus. La culpabilité le ronge. On en découvrira bien sûr la raison, que je tais. C'est un polar, bien sûr : morts, enquête, suspense etc. Mais c'est aussi et surtout un roman social comme le souligne David Joy dans la préface, plein d'humanité malgré toutes les horreurs. On s'attache à certains personnages autant qu'on en déteste d'autres. Le racisme est omniprésent, il est au coeur même de l'intrigue et Titus le subit malgré sa position. Ce récit n'est pas un coup de coeur. C'est un coup au coeur. Je vais suivre cet auteur, que je ne connaissais pas. Bonne lecture.

À la fois polar et roman social, j’ai beaucoup aimé ce roman. Le petit bémol est le nombre de personnages secondaires qui ne facilitent pas la fluidité de lecture. Cela dit, l’histoire est prenante et le personnage du héros est très dense, puissant, creusé et intéressant.