La formule de Dieu : Le livre de José Rodrigues Dos Santos

Il y a quelques passages que j'ai survolé, voir certains carrément zappés. Mais au delà de l'histoire qui est une copie ringarde et ratée d'un Dan Brown, les réflexions sont étonnantes, intrigantes et profondes. C'est un livre qui fait réfléchir (et plus encore) quand on le referme. De plus, toutes les données scientifiques sont vrais et toutes les théories exposées dans ce livres sont défendues par des professionnels reconnus. J'ai dû au minimum, douler le chiffre de mon QI en lisant ce livre. Excrément intéressant, par contre il faut s'accrocher. Mais c'est une bonne chose.

Le lecteur alterne entre thriller et roman d'espionnage, et chapitres dédiés à mieux comprendre les théorèmes astrophysiques et scientifiques qui doivent servir à percer le mystère de la formule de dieu. Parfois dur à suivre mais une conclusion bien amenée qui donne à réfléchir sur notre place dans l'Univers.

Notre univers est né du Big Bang. Cela est scientifiquement établi et communément admis. Mais qu’y avait-il cinq minutes avant le Big Bang ? Qui l’a créé ou déclenché ? Sommes-nous le fruit d’une infinité de hasards ou bien d’une volonté ordonnée qui aurait tout prévu, tout programmé ? Derrière l’intrigue rocambolesque d’un manuscrit sensé délivrer le secret d’une bombe atomique surpuissante, ce roman de vulgarisation scientifique s’appuie sur les dernières progrès de la physique pour offrir à ses lecteurs de vertigineux frissons à propos de ces questions. « La révélation du principe anthropique, associée à la découverte que tout est déterminé depuis le commencement des temps démontre qu’il y a eu une intention de créer l’humanité. Le mystère est de savoir pourquoi. Pour quelle raison avoir créé l’humanité ? Quel est le but ? Pourquoi diable sommes-nous ici ? Pour quelle raison avons-nous été créés ? _ Ce sont là des mystères insondables… _ Peut-être qu’ils ne sont pas si insondables que cela. (..) La réponse est inscrite ici dans la formule de Dieu … » Un roman extraordinaire qui, même si ses démonstrations scientifiques m’ont assez fréquemment perdu en route, a piqué ma curiosité et m’a emmené avec plaisir jusqu’à son étonnante conclusion qui donne à réfléchir.

C'est la deuxième aventure de Tomas Norhona que je lis et je retrouve avec plaisir les thèmes si particuliers de J.R. Dos Santos à la limite du roman d'aventure et d'espionnage et de la vulgarisation historique et scientifique. Il est vraiment très fort pour brosser des contextes de géo-politque internationale mêlés à des thématiques ésotériques et scientifiques, ici l'existence de Dieu et la transcription métaphysique des dernières avancées de la physique et la prolifération des armes nucléaires sous la guerre froide mais surtout à notre époque. Comme dans le premier opus que j'avais lu (vaticanuum), j'ai trouvé les mêmes défauts et les mêmes qualités. Les défauts concernent surtout sa partie “thriller” et espionnage avec un héros auquel on ne s'attache pas tant que ça, des dialogues un peu artificiels et beaucoup de coïncidences (par exemple son père meurt au moment où l'ultimatum de la CIA se finit, son père a comme par hasard exactement la clé de chiffrage du manuscrit qui dort dans une enveloppe). Les qualités, elles, concernent surtout la partie vulgarisation scientifique et érudition des différents personnages rencontrés, que ce soit les réflexions d'Einstein en début de livre sur les contradictions qu'on trouve dans la Bible et dans la Torah et le fait que ces contradiction ne l'empêche d'ailleurs pas du tout de croire en un principe divin dont la preuve est pour lui la complexité infinie de la vie. La vulgarisation des physiques et mathématiques modernes est vraiment très intéressante, sur la physique des grands objets qui est déterministe, la physique des particules (physique quantique) qui est incertitude et comment la théorie du tout d'Einstein avait comme ambition de résoudre cette contradiction. La physique du chaos et le théorème de l'incomplétude permettent au père du héros de conclure que le monde est déterministe mais indéterminable. Cela rejoint les questions de libre arbitre et de fatalité et quelque part de la divinité qui se retrouve dans les lois naturelles qui sont absolues, éternelles, omniscientes et omniprésentes. Certaines notions sont vraiment très compliquées et je n'ai pas tout compris mais j'ai adoré cette relecture métaphysique et philosophique des expériences récentes de physique (l'expérience d'Aspect en particulier). La capacité de vulgarisation de l'auteur est vraiment impressionnante et permet de rendre intelligible des notions hautement complexes. Je n'ai cela dit rien compris à la théorie des cordes, j'ai toujours du mal avec la notion de radiation cosmique de fond (radiation fossile du big bang) et de la relativité du temps (le temps passe plus lentement sur le soleil que sur la terre). Si il y a un autre défaut au livre, c'est d'ailleurs qu'il aborde peut-être trop de notions mais la présentation de ses arguments est vraiment passionnante. Les parallèles entre la physique occidentale et la pensée mystique orientale sont passionnants. On a du coup le droit à une description des principes du bouddhisme, de l'hindouisme (des védas et des upanishads) et du taoïsme: Le brahman, le darmakaya et le Tao sont inexprimables, tout comme l'univers à travers le théorème de l'incomplétude, le principe d'incertitude et la physique du chaos. La danse de Shiva dans l'hindouisme qui régit la création et destruction du monde est mise en parallèle du Big bang, de l'expansion de l'univers et du Big crunch. Le dualisme de l'univers en mouvement permanent de la pensée philosophique orientale avec la masse et l'énergie, le temps et l'espace, l'onde et la particule avec le ying et le yang. La problématique du libre arbitre lié aux différentes religions est aussi abordée : tout est déterminé car le futur et le passé coexistent (toujours un peu de mal avec cette notion). Si tout est déterminé, tout est écrit depuis le début de l'univers. Dans quel but? Créer l'homme (principe anthropique)? Créer l'intelligence (principe anthropique final). L'intelligence biologique (la vie) ne survivra pas mais l'intelligence artificielle oui. Tous ces débats donnent envie de se pencher sur les recherches de théléologie (finalité de la création).