La nuit des temps : Le livre de René Barjavel

Un monde idéal disparu, amour, passion, beauté, nostalgie, science fiction, mystère, suspense. Lu en une nuit dans ma jeunesse. Ce n'est qu'à un âge plus avancé que j'ai réalisé que le monde idéal de Barjavel était peuplé de blonds aux yeux clairs cultivés et pacifiques. Les méchants sous-évolués étaient étaient des bruns à la peau foncée...

René Barjavel est un écrivain et journaliste français, auteur de nombreux livres de science-fiction. La nuit des Temps publié en 1968 a reçu le prix des Libraires. Le livre se compose de 3 grandes parties, tout d’abord la découverte en Antarctique du Puits, les restes d’une civilisation ancienne vieille de 900 000 ans « c’’était trop énorme à avaler, ça dépassait l’histoire et la préhistoire », ensuite la découverte de la chambre cryogénique d’Élia et Coban, les personnages venus de l’ancienne civilisation et la dernière partie dénoue l’histoire de leur présence. Dans cette ancienne civilisation, deux mondes s’affrontent – Gondawa, le monde d’Élia et Coban et Énisoraï. Gondawa est un monde dans lequel l’avancée technologique permet à chacun de vivre harmonieusement. « A Gondawa, il n’y avait pas de pauvres, il n’y avait pas de riches » Énisoraï est un monde plus difficile, plus destructeur où règne l’impérialisme. Une ancienne civilisation qui a tout l’attrait d’une civilisation futuriste, technologie avancée, cryogénie, sérum universelle… comme la nôtre ? René Barjavel nous mettrait nous en garde contre la fin d’une civilisation. Tout peut arriver, semble-t-il nous dire si nous n’y prenons pas garde. Le livre est agréable à lire. Poétique, dans lequel nous suivons aussi l’histoire d’amour d’Éléa et PaÏkan, une belle fable. Tous les ingrédients sont présents pour en faire un bon livre – deux civilisations anciennes différentes, notre civilisation, la science, la technologie, l’amour, les mises en garde de Barjavel. Qui résoudra l’équation universelle de Zoran ? « Le Tout allait être donner grâce à l’équation de Zoran ». A lire !

Il y a de la philosophie, de la science, des rebondissements et de l’amour, le tout parfaitement dosé qui en fait une œuvre magistral. Pour ma part, c’est une pépite, un Roméo et Juliette version SF. Quand on sait que ce livre à été écrit en 1970, c'est impressionnant de voir à quel point l'auteur est en avance sur son temps. Un grand nombre des problématiques philosophiques et éthiques qui sont soulevées sont toujours d'actualité. Un livre qu'on est triste de refermer.

Je me suis plongée avec bonheur dans ce roman dont le souvenir était très lointain. On va dire que la moitié du livre m’a passionnée, la découverte de cette sphère d’or pur, les corps, le froid, la « de mange machine et puis les corps parfaits de Coban et Eléa. La suite m’a parue plus longue. Pourtant, bien évidemment, on ne peut qu’être conforté dans la stupidité et la cupidité de l’être humain. On découvre cette sphère en or vieille de 900 000 ans et des pays veulent la voler, on s’aperçoit du système de nourriture qui n’oblige plus à aucune culture et les industriels veulent la détruire etc… Trop vrai même si un groupe composé de chercheurs et politiques du monde entier essaient de sauver l’expérience, mais c’est sans compter l’absurdité de l’envie de destruction. « malgré toutes les réalisations de Gondawa que tu nous avais montrées, il ne pouvait pas nous venir à l’esprit que vous fussiez supérieurs. Votre réussite ne pouvait être qu’accidentelle. Vous nous étiez inférieurs puisque vous étiez avant ». être persuadés que les petits hommes verts intelligents viennent du futur, que l’Humanité ne peut que progresser, alors que là, Barjavel nous décrit une société futuriste mais qui a vécu 900 000 ans avant nous, donc, nous assène le fait que nous sommes peut être en train de régresser. L’histoire d’amour entre Eléa et Paikan permet une fin à laquelle je ne m’attendais pas. Il y a par contre des choses que l’on n’écrirait plus en 2025 (racisme, technologique, misogynie) . Et c’est normal, sorti en 1968, beaucoup de choses ont changé depuis, cela ne m’a pas gênée, il faut remettre les textes dans leur contexte. Les chapitres sont courts, le style fluide, c’est juste que je me suis ennuyée dans certaines évocations de la vie d’Eléa. Reste que ce livre est un témoignage de plus de la folie des Hommes, de leur incapacité à tirer des leçons de leurs actes et l’on ne peut que marteler, comme Hoover « quel gâchis, quel gâchis ».