La route des indes : Le livre de Simone Van Der Vlugt

Comme pour Tracy Chevalier (avec qui je la compare souvent), je ne rate jamais un roman de Simone van der Vlugt car j'adore la manière dont elle parvient à chaque fois à nous embarquer dans un moment particulier de l'histoire des Pays-Bas, nous faire découvrir un univers et nous proposer un beau portrait de femme via l'héroïne mise à l'honneur. La Route des Indes n'échappe pas à cette règle : malgré un début un peu long à mon goût, on est complètement dépaysé dans ce roman qui nous propose une touche d'exotisme en nous racontant un petit morceau de l'histoire coloniale néerlandaise. La première partie du roman m'a semblé un peu longue car on est plongé directement dans l'intrigue (donc pas facile de saisir tout de suite qui est qui et où l'autrice veut nous emmener) et le départ pour Batavia subissant des reports, on s'ennuie tout autant que l'héroïne dans l'attente du fameux départ. Heureusement les choses s'améliorent à partir du moment où Eva embarque pour sa nouvelle vie : tout le passage sur le trajet en bateau jusqu'à l'autre bout du monde est passionnant et riche en émotions. Même chose pour toute la partie qui se déroule à Batavia : c'est très intéressant de découvrir cette colonie, le contexte politique et les relations (compliquées) avec les peuples qui étaient installés là avant... A travers le personnage d'Eva, l'autrice propose une réflexion très intéressante sur la colonisation et ses conséquences tragiques (comme l'esclavage), dommage que ce ne soit pas plus développé. Comme souvent avec les romans de Simone van der Vlugt, le personnage d'Eva est très attachant et assez admirable de par sa manière de gérer les coups du sort (et ils sont nombreux) mais aussi par sa volonté de vouloir exister en étant plus que la femme du gouverneur ou de profiter de sa position pour tenter de faire changer (un peu) les mentalités. J'ai découvert dans la postface que Eva Ment et d'autres personnages de cette Route des Indes ont réellement existé, ça donne presque envie de relire ce roman en ayant ces informations en tête. J'ai aussi apprécié le fait que Simone van der Vlugt mentionne les recherches qu'elle a faite aux archives pour écrire ce roman et les documents qui lui permettent de savoir ce qu'est devenu tel ou tel personnage. Bref, La Route des Indes est un très bon roman historique (malgré un début un peu long), que je vous conseille volontiers si vous aimez ce genre et / ou si vous êtes fan de Tracy Chevalier ;)

Voici un très beau roman historique, qui se passe au 17eme siècle, entre Amsterdam, les océans indien et atlantique et l'Indonésie actuelle. C'est l'histoire incroyable de l'établissement de Batavia (aujourd'hui Djakarta), comptoir hollandais, sur la route des épices. Dans l'Amsterdam qui développe son commerce lucratif des épices , Eva Ment, fille d'un marchand, va rencontrer et épouser Jan Coen, gouverneur général de Batavia. Et comme il faut peupler ce territoire commercial, pour affirmer la puissance et l'exclusivité du commerce de la VOC (compagnie des Indes Orientales), la Hollande y envoie ses jeunes aventuriers. Évidemment, à cette époque, les voyages sont longs et dangereux, mais l'Europe aussi est infestée de Peste, et tourmentée par les guerres entre royaumes rivaux. On va donc suivre Eva Ment, femme courageuse, qui va apprendre beaucoup lors de cette expérience terriblement enrichissante mais dure, incertaine, effrayante pour une jeune fille de bonne famille. Simone Van der Vlugt montre aussi l'envers du décor de la "success story" de cet énorme trust que fut la Compagnie des Indes Orientales, ses guerres commerciales,son rôle politique et l'héritage qu'elle laissera sur les côtés indonésiennes. A travers son héroïne, Eva, qui s'interroge sur les relations avec les autochtones (la colonisation, l'esclavage), le rôle des femmes envoyées sur cette île (la reconnaissance de leurs droits et de leur statut), c'est l'affirmation de la femme moderne, en quête d'indépendance et d'un rôle à jouer dans la société. Ce roman historique est aussi un véritable roman d'aventure, d'abord par le très long voyage qui mène aux terres exotiques de l'Asie, par la mer, un périple qui fait rêver. Comme d'habitude, avec Simon van der Vlugt, j'ai donc passé un très bon moment de lecture, que je conseille à celles et ceux qui veulent se dépayser et profiter de ces pages pour voyager...

Amsterdam au XVIIème siècle, Eva Ment, 18 ans, la fille d’un marchand de tissus rencontre Jan Pieterszoon Coen, 37 ans, gouverneur général de Batavia aujourd’hui Jakarta. Ils se marient à Amsterdam et leur fille nait là. Ils finissent par embarquer de nuit et en cachette avec une partie de la famille d’Eva vers Batavia. Le voyage est mouvementé et après 7 mois de navigation, ils arrivent à destination. Mais la vie dans les colonies n’est pas simple et pour Eva, éprise de liberté, l’adaptation n’est pas simple. De plus le Jan des colonies n’est pas le Jan d’Amsterdam. Sa mère, son frère, sa fille et son mari décèdent au moment où elle met au monde sa deuxième fille. Dès lors, elle décide de rentrer à Amsterdam. Simone van der Vlugt est une conteuse extraordinaire. Ici, en l’occurrence, elle nous narre une histoire vraie. C'est un roman historique. Eva et Jan ont réellement existé. Ses descriptions sont tellement réalistes que nous sommes malades lors des tempêtes, nous avons chauds sous le soleil des tropiques. Un récit d’aventure exaltant.

Un roman historique qui nous plonge dans les Pays-Bas des années 1623. La Compagnie des Indes orientales a ouvert la route du commerce des épices, très fructueuse pour le pays. Cette route des Indes est également très convoitée par les anglais, espagnols, portugais. Comme elle nous y a habitués, Simone van der Vlugt s'est fortement documentée sur cette période. Jan Coene, gouverneur de Batavia sur l'île de Java, est revenu à Amsterdam, principalement pour y trouver femme. Il a 37 ans et a des vues, surtout sur Eva mais sur des seconds choix également, au cas où il essuierait un refus d’Eva. Eva Ment qui a 17 ans tombe sous le charme de Jan. Le père d’Eva avait une fabrique de tissus mais les affaires ne sont plus brillantes. La mère d’Eva voit cette union d’un très bon œil. Jan pourrait les aider financièrement. Eva et Jan se marient mais la décision de quitter son pays, sa famille n'est pas aisée pour Eva. Après réflexion elle donnera son accord et partira accompagnée de sa fille à peine âgée de qq mois, de sa mère, de sa sœur aînée, d’un frère. Le voyage en mer est loin d'être un long (7 mois) voyage tranquille. Et la vie sous les chaleurs moites à Batavia, ville bâtie par les hollandais, où l’on y retrouve le nom des rues d’Amsterdam, est loin d'être des plus agréables. Eva aura des esclaves pour l’aider dans le ménage, pour l’accompagner dans la ville qui n’est pas toujours très sûre. Elle sera choquée par cet esclavage qui est tout à fait courant dans ces régions. Lorsqu’elle retournera à Amsterdam elle donnera la liberté à ses esclaves, ce qui étonnera grandement les européens de l’île. On s'attache aux personnages bien étudiés, aux situations vécues tant sur terre à Amsterdam que lors du voyage en bateau qui dure près de 7 mois ou à Batavia. Eva qui admirait son mari réalise qu’il n’est pas tout à fait celui qu’elle pensait être. Elle apprend qu’il a été très cruel pour les autochtones. A Batavia il est difficile d’échapper aux maladies locales et les proches d’Eva en seront victimes. Après 3 ans passés à Batavie Eva rentrera au pays où elle aura des difficultés à retrouver ses marques. Le pays qu’elle a quitté n’est plus le même. J’ai bien aimé cette lecture. Simone van der Vlugt a l’art de nous immerger dans une époque, dans les lieux où vivent ses personnages auxquels on s’attache.