La survie des civilisations - Après 1177 av J-C. : Le livre de Eric H. Cline

Après nous avoir expliqué comment les grandes civilisations de l'âge de bronze (Egyptiens, Hittites, Mycéniens, Assyriens) se sont effondrées, vers 1177 av. JC, Cline nous raconte la renaissance de l'âge de fer, analysant comment certains se sont plus ou moins bien adaptés (Egyptiens, Assyriens) et d'autres ont disparu (Mycéniens, Hittites). Avec, bien sûr, quelques leçons à tirer pour nos sociétés, dont d'aucuns disent qu'elles se rapprochent dangereusement, elles aussi, de l'effondrement. Lecture intéressante et stimulante, certes, mais, à mon humble avis, beaucoup de pages inutiles (litanie de rois oubliés, nombreuses répétitions) : une cinquantaine de pages auraient suffi pour livrer l'essentiel du propos.

Cet ouvrage fait suite en quelque sorte à celui consacré à l'année 1177 (à peu près) et au grand effondrement des civilisations de l'âge du bronze et se centre sur les capacités plus ou moins grandes des civilisation concernées en matière de résilience. Le style est très agréable et l'auteur envisage une histoire globale en donnant des coups de projecteurs à la fois sur la sphère méditerranéenne et sur la sphère du Moyen Orient, ce qui reste rare en matière d'histoire où nous avons souvent affaire à des spécialistes d'un univers. C'est vraiment la plus value de cet ouvrage de travailler sur cette grande échelle car pour les reste nous n'apprenons rien de nouveau. La dernière partie et le lien avec l'époque actuelle est moins historique mais n'est pas dénuée d'intérêt d'un point de vue intellectuel.

Suite de "1177 avant J-C, le jour où la civilisation s'est effondrée", ce livre montre les diverses manières dont les sociétés méditerranéennes de l'âge du bronze récent ont pu s'adapter aux effets de l'effondrement. Travail et utilisation du fer ont joué un rôle dans cette adaptation qui aura ainsi déterminé pour les sociétés concernées le passage de l'âge du bronze à celui du fer. S'inspirant des découvertes archéologiques mais aussi du rapport 2012 du Groupe d'experts intergouvernemental (GIEC) sur l'évolution du climat, l'auteur propose le concept de "cycle adaptatif" face aux catastrophes et une classification des sociétés organisées selon leur degré de résilience. C'est donc dans cette optique que l'ouvrage présente les sociétés méditerranéennes après "l'effondrement" de la deuxième moitié du XII. siècle avant J.-C.. Un livre passionnant pour les amoureux de l'Histoire, à lire et relire pour une bonne vision globale de cette période complexe de la région méditerranéenne et même au-delà avec les royaumes néo-hittite et babylonien ainsi que d'autres "peuples bibliques" dont Israël.

Notre auteur est historien, professeur et archéologie. 1177 av. JC est la date qui sépare son premier livre de celui-ci. Dans le premier, avant cette date il indiquait pourquoi les grandes civilisations se sont effondrées : sécheresse, maladies, guerres, etc. Dans cet ouvrage, après cette date donc, il vient nous (r)enseigner sur ce qui se passe après les catastrophes - quand il faut reconstruire les organisations sociales, les cohabitations politico-géographiques, les denrées et autres matières premières. Il fait un point exhaustif sur l'état des découvertes et connaissances sur ces civilisations, principalement méditerranéennes, et son savoir est impressionnant, (très) documenté, réfléchi. Nous avons là un expert de ces questions - et c'est rien de le dire ! Son travail est énorme et modeste en plus. Ceci étant dit, il faut être féru d'archéologie pour tourner ces pages : les détails ne manquent pas, et ce livre est bien plus "pro" que néophyte. Avec ces deux ouvrages, évidemment, il nous éclaire aussi sur les nôtres de civilisations modernes déclinantes, autour de cette notion d'effondrement programmé. Mauvaise nouvelle : de nombreux critères sont réunis pour qu'il ait lieu (outre cette théorie très intéressante dite des "Cycles adaptatifs" qui va dans le sens de l'inéluctable). D'autant, si y on ajoute que l'homme a créé une situation climatique qui menace sa propre survie. Bonne nouvelle : une génération future y survivra. Et si notre auteur en fait partie (!), il pourra écrire un troisième volume : "bis repetita" (et en sous-titre : "la survie des civilisations quand l'histoire se répète et que l'humanité n'apprend pas de ses erreurs : 3000 ans plus tard")