La vie à deux : Le livre de Dorothy Parker

Je ne connaissais pas du tout Dorothy Parker alors, lorsque j'ai entendu parler d'elle, j'ai emprunté deux recueils de nouvelles à la médiathèque, intriguée par cette autrice dont je ne savais rien. Eh bien, je l'adore ! Déjà, elle a eu une vie un peu triste (succès fulgurant dans la vingtaine puis elle tombe dans l'oubli et meurt seule et alcoolique, à 73 ans). Ensuite, son tout premier livre paru, un recueil de poèmes, s'intitulait Assez de cordes pour me prendre. Tout de suite, j'ai senti qu'elle allait me plaire. Dans ce recueil, elle explore les relations amoureuses (+ quelques nouvelles sur la famille et sur les rapports entre les Blancs et les Noirs aux États-Unis), à l'aide de personnages désespérés, tristes, pathétiques ou méchants dans lesquels on se retrouve un peu, il faut l'avouer. Elle croque avec une grande ironie les défauts de l'espèce humaine. Certains la trouvent dure (elle a l'humour mordant) mais j'ai, pour ma part, senti beaucoup d'empathie dans la plume de l'autrice. Les nouvelles de La vie à deux sont traduites par Benoîte Groult, qui a également préfacé l'édition 10/18.

Il y a une délectation et une cruauté gourmande dans les descriptions de la vie ordinaire et les affres de la bourgeoisie américaine. Tout y passe, le suicide, l’alcoolisme, le divorce, les châtiments corporels avec une acuité et une maîtrise de l’ellipse qui font de ces nouvelles un instantané d’une époque.

Ironique, grinçant, d'une finesse délicieuse, Dorothy Parker brosse dans ces nouvelles une vision acide de la vie à deux. Un recueil réjouissant par la modernité de son point de vue, la justesse des situations et des personnages, que je relis parfois juste pour le plaisir.