Le Chant des géants : Le livre de David Bry

Dès les premières pages, Le Chant des géants me frappe tel un coup de tonnerre : une tragédie épique aux accents antiques, où l’on ressent le souffle des récits fondateurs et les amours déchus à la manière de Tristan et Iseult. Suivre Bran, Ianto et Sile, c’est comme accompagner des héros à la Tolkien : ils s’insinuent en vous, s’ancrent durablement dans la mémoire d’une lectrice. Ianto, d’un sang-froid glaçant, et Bran, empli d’insouciance et de musique, déchirés par la jalousie et le devoir ; Sile, guerrière au cœur brisé, tiraillée entre devoir et désir : ces personnages résonnent longtemps après la lecture. Lire ce roman, c’est comme assister à une bataille : le rythme est implacable, on tourne les pages sans pouvoir s’arrêter. Le Chant des géants coche toutes les cases de l’épopée médiévale mythologique, et mérite amplement les distinctions qu’il a reçues.

Le Chant des Géants nous entraîne dans un univers de fantasy sombre et immersif, où mythes, magie et luttes de pouvoir se conjuguent pour façonner le destin des personnages. David Bry construit un monde riche, peuplé de créatures impressionnantes et de protagonistes attachants, offrant une lecture captivante et émotionnellement intense. Le roman suit un héros confronté à des forces gigantesques et à des secrets anciens qui bouleversent sa vie. Entre combats épiques, alliances incertaines et révélations surprenantes, il doit naviguer dans un monde où chaque décision peut avoir des conséquences dramatiques. L’intrigue alterne habilement action, tension et moments introspectifs, maintenant le lecteur en haleine tout au long du récit. Le Chant des Géants explore des thèmes universels tels que le courage, le destin, la loyauté et le sacrifice. Les personnages sont nuancés et complexes, chacun portant ses propres blessures et ambitions. Le roman questionne également la responsabilité face au pouvoir et aux choix imposés par les circonstances, tout en montrant la force des liens humains et des alliances inattendues. La plume de David Bry est fluide et immersive. Les descriptions permettent de visualiser un univers fantastique détaillé sans alourdir le récit, et les dialogues sont naturels et crédibles. Les passages introspectifs donnent de la profondeur aux émotions et aux motivations des personnages, tandis que le rythme alterne efficacement moments de tension et scènes d’action spectaculaires. Le roman se distingue par son univers riche et immersif, ses personnages attachants et ses scènes d’action impressionnantes. L’intrigue mêle habilement politique, magie et relations humaines, offrant une lecture captivante et équilibrée. Certaines descriptions ou passages introspectifs peuvent ralentir le rythme pour les lecteurs qui préfèrent une action continue. De plus, la densité de l’intrigue peut demander une attention particulière pour suivre tous les enjeux et les relations entre les personnages. Le Chant des Géants est une lecture immersive et épique, parfaite pour les amateurs de fantasy sombre et riche, où le destin, la magie et les luttes de pouvoir s’entrelacent pour créer une saga captivante.

Trois géants qui dorment en rêvant, un conteur, une histoire : celle de deux frères, deux princes, qui vont devoir se battre pour sauver ce qui leur est cher... J'ai voulu découvrir ce livre suite à la chronique enflammée de @jo_read_and_geek et je ne m'attendais pas du tout à ça, je n'ai pas été déçue ! C'est mon premier livre de @david__bry et j'ai déjà envie d'en lire d'autres ! Sa plume est fluide, précise et enchanteresse. Je me suis laissée portée, au rythme du conteur, à la chaleur du feu et au chant de la flûte vers ce monde surprenant rêvé par des géants. J'ai adoré la complexité des personnages et de l'histoire, tous deux tout en nuances et surprenants. J'ai adoré ce monde médiéval fantastique avec ses croyances, ses myhtes, ses différents royaumes et ses enjeux géopolitiques. J'ai adoré vivre si fort toutes les émotions des personnages, rire et pleurer avec eux, avoir peur pour eux, les aimer et les détester. Enfin, j'ai adoré l'objet livre qui est juste splendide avec sa couverture cartonnée, son signet et ses illustrations. Vous l'aurez compris, ça a été pour moi un gros coup de coeur et je ne peux que vous le conseiller. ~Yagi

L'île de Oestant est née des rêves de trois géants Baile, Fraech, et Leborcham. Leurs songes donnent vie à ce monde, à ses habitants. Ils rêvent des paysages, des champs et récoltes, des habitants, d'amour, de gloire, de guerre, de musique et de morts... Les immortels, êtres mystérieux et secrets, veillent sur les rêves des géants. Une histoire nous est contée, comme si nous étions réunis au coin du feu, avec d'autres habitants. Le lecteur suit l'histoire au travers des yeux de Bran, fils cadet du roi de Lonan. Une attaque à l'initiative du royaume de Riveste contre des soldats de Lonan vient menacer la paix, qui était maintenue depuis une décennie. Après que le roi de Riveste ait proposé à Ianto - le Prince aîné de Lonan, une coupe empoisonnée, les deux frères retournent sur leurs terres avec une certitude : la guerre est à venir. Dans le même temps, une mystérieuse brume envahit les terres de différents royaumes, engloutit des villages entiers, les habitants se trouvant alors forcés d'abandonner leurs maisons. [masquer] Morfessa le voyageur est envoyé à la suite du conclave enquêter sur la brumenuit. Ce mystérieux personnage maitrise les passages au travers les brumes, parcourt le monde et connait les histoires des temps anciens. Malgré son savoir et ses pouvoirs, il se trouve impuissant face à la brume nuit. Cela renforce l'ombre grandissante qui menace l'île de Oestant toute entière. [/masquer] Le chant des géants est un livre empli d'action, ou tout s'enchaîne avec fluidité. Le style très direct participe également à cette facilité de lecture. Le roman fait une part belle aux batailles, et apporte son lot de revirements, de trahison, mais aussi d'amour et de loyauté. Ce mélange permet rapidement au lecteur de s'attacher aux personnages. J'ai particulièrement aimé Sile, femme, mère, guerrière. Au centre de l'intrigue, nous suivons le déchirement entre deux frères, les rêves fous de conquête de l'un, le sens de la morale de l'autre. [masquer]En effet, l'on apprend rapidement que l'embuscade des guerriers de Riveste, tout comme le poison, résultent d'un coup monté. Ianto, et son lige sadique Ronan, sont à l'origine du complot. Si Lonan remporte la bataille contre Riveste, c'est au prix de la vie du roi Lothar (indirectement causée par Ianto). Après cette victoire en demie teinte, Ianto s'empare de la couronne d'obsidienne, qu'il dit lui être confiée par les immortels. Il se proclame Haut roi, roi des rois, et affiche son ambition d'unifier tous les royaumes. Ceux qui refuseront de lui prêter allégeance seront combattus. Ianto se révèle avide de pouvoir, colérique et fier. Bran, autrefois insouciant, se plaisant à jouer de la flûte, boire et chercher la compagnie des femmes, grandit d'un coup. Il ne peut accepter la traîtrise de son frère, qui a indirectement causé la mort de leur père. Il ne peut pas davantage cautionner que Ianto se marie avec Sile, princesse de Riveste, prisonnière de guerre, dont il est amoureux. Impuissant à raisonner son frère, entouré de seigneurs autrefois fidèles à Lothar et tournant le dos à Ianto ; la fracture entre les deux frères ne fera que se creuser. [/masquer] À noter : certaines critiques évoquent le thème du triangle amoureux, selon moi, il n'en est rien. [masquer]Bran tombe éperdument amoureux de Sile, dès qu'il croise son regard, pendant la bataille. En revanche, Ianto, rusé et calculateur, choisit de faire de Sile son épouse, afin de mettre la main sur le royaume de Riveste. [/masquer] Si la fin est tragique, elle apporte néanmoins une note douce-amère, empreinte de poésie. Bien que les motifs de Ianto ne soient pas explicitement décrits, ils peuvent être devinés par le lecteur. Ces nouvelles informations donnent un tout autre autre relief à la lecture, et viennent nuancer totalement ce personnage. [masquer]Les tragédies s'enchaînent : Ianto a capturé le fils unique de Bran et de Sile, Grimoald. Il menace de le brûler sur le bûcher le lendemain au zénith, s'ils ne se rendent pas. Bran analyse cette manœuvre comme une manipulation visant à ce que Ianto apparaisse comme un souverain magnanime. Bran, Sile, et leur entourage, Caem le lige loyal, son père le seigneur Sigebert, tout comme Lohengrin prince de Ravelin, refusent de se soumettre. Lors de la bataille du lendemain, Bran et Sile voient les flammes du bûcher brûler. Sile, folle de rage, perce les lignes ennemies afin d'atteindre Ianto : elle veut sa vengeance. Bran la verra tomber, totalement isolée au milieu des guerriers de Lonan. Les tragédies s'enchaînent, donc, et le lecteur sait qu'un combat Ianto vs Bran est inéluctable. "Lui ou moi". Quand cet ultime combat survient, Ianto finit par avoir le dessus, mais hésite à assener le coup final. C'est son lige, Ronan, qui achève Bran en le transperçant de son épée, de dos. Ianto s'insurge contre son lige. Il ne voulait pas que Bran meurt. Il voulait mourir, et qu'il revienne à Bran la charge de raconter l'histoire, et l'opportunité d'élever son fils. Nous apprenons en effet que Grimoald a été épargné par Ianto - qui pourtant a voulu faire croire à sa mort. Au début du roman, lorsque Bran découvre que son frère a fait prisonnier un immortel, il s'étonne d'abord d'être mis à l'écart des informations. Puis il rend visite à cet immortel, Suantraige le conteur. Ce dernier lui confie ne pas être prisonnier, il est là de son propre gré, il observe. Bran, en début de roman, échappé de justesse à la mort, combattu par un immortel. Il apprendra plus tard que Suantraige voulait ainsi simplement récupérer sa flûte. Bran accusera son frère d'avoir voulu sa mort, en lui offrant ladite flûte. Pourtant l'immortel l'épargne. Il aurait pu le tuer, ou revenir à un autre moment récupérer sa flûte. Mais il n'en fait rien, car alors, il n'y aurait pas eu d'histoire. La majeure partie du roman fait croire que Ianto est à l'origine des guerres, des déchirements familiaux, des morts. En réalité, entre les lignes, l'on comprend que Suantraige l'immortel est venu trouver Ianto et lui a expliqué la situation. La brumenuit qui envahit les terres est conséquence de l'absence de rêves de Baile, géant de la musique et de la mort. Afin d'éviter qu'il ne plonge définitivement dans un sommeil sans rêve, il fallait raconter une histoire, la plus tragique d'entre toutes. Pour cela (selon mon interprétation), Ianto accepte d'endosser le rôle du tyran, du "méchant de l'histoire". Il accepte lui aussi une forme de sacrifice. À partir de là, tout est organisé par Suantraige et Ianto pour dresser les frères l'un contre l'autre : la flûte, Sile, la mort de Lothar, les manoeuvres traîtres de Ianto, la capture de Grimoald, le bûcher, la mort de Sile... Tout sera fait de manière à ce que l'histoire continue. Ainsi, lors de la déroute des armées de Ravelin, Ianto ayant envoyé un royaume allié attaquer les chariots de provision, il aurait pu achever Lohengrin, Bran, Sile... Mais rappelle ses troupes. À la toute fin du roman, Grimoald - devenu roi - raconte à son tour l'histoire à sa fille. Pour honorer la mémoire de ses parents, Bran et Sile. Son oncle Ianto. Tous ceux qui ont souffert - la reine Annaig par exemple, se sont sacrifiés au cours des guerres - Caem le fidèle lige. Pour que Baile continue de rêver. Pour que la prochaine génération puisse vivre. [/masquer] J'ai adoré cette lecture, son ambiance celtique et nordique, ses personnages. Si l'histoire est tragique, elle n'en est pas moins poétique.