Le goût du bonheur - tome 3 Florent : Le livre de Marie Laberge

3 ème volet de cette saga, très intéressante et palpitante. Cependant je ne comprends pas le titre. Il n'est pas en adéquation avec les deux premiers qui traitent effectivement des deux héroïnes dont il est question. Dans ce 3ème opus, Florent n'arrive qu'en 4ème partie du roman et encore très succinctement. Il aurait pu s'intituler "la famille", car on en apprend beaucoup sur Fabien, Jeanine, Béatrice, Germaine et Lionnel, Reine, Isabelle, Pierre, Leah, Alex, ou encore Rose et James. Mais il reste malgré tout très axé sur Adélaïde et Paul. Son véritable titre aurait dû être Léa, car c'est elle que l'on découvre profondément. Je suis désolée de ne pas avoir plus de matière sur Florent, qui est un personnage clé et totalement indissociable d'Adélaïde. Il n'en reste pas moins que si le titre n'est pas ad hoc, la saga est géniale et inlâchable jusqu'au dernier chapitre.

Ce troisième opus de la trilogie 'Le goût du bonheur' est placé sous le signe de la folie: folie de Kitty dont on a vu la conséquence à la fin du tome précédent, folie de Pierre, folie de Francis, folie de Reine même si on ne peut pas dire à proprement parler qu'elle soit folle et finalement la peur d'Adélaïde de tout ce qui ressemble à de la folie. La folie n'est pas le seul élément de ce roman; on voit évoluer et grandir tous les membres de la famille d' Adélaïde et ceux qui gravitent autour. L'autrice n'a oublié personne malgré qu'on ne voit pas beaucoup Guillaume dans cette histoire. J'ai beaucoup aimé cet opus comme j'ai aimé les précédents. Cette histoire m'a replongé dans le Québec de mon enfance. Le contexte social y est très bien décrit, la condition féminine dont je n'avais pas vraiment conscience à l'époque y est bien démontrée non seulement à travers les personnages principaux mais aussi à travers des personnages secondaires forts. La perception de l'homosexualité à l'époque y est aussi très bien démontrée à travers le personnage de Florent. Finalement j'ai passé un excellent moment de lecture avec cette trilogie de Marie Laberge. J'ai aimé autant la forme que le fond grâce à la très belle plume sensible de l'autrice, quelle superbe conteuse. J'ai bien les sagas familiales et celle-ci est la meilleure que j'aie lue depuis très longtemps. Incroyable que ça m'ait pris 25 ans pour la découvrir.

Malgré le drame, Adélaïde doit survivre, pour ses enfants. Florent est toujours là pour la soutenir, mais il est empêtré dans ses envies et ses peurs. Pendant ce temps, les enfants grandissent... Ce très gros roman développe très longuement les états d'âme de ses héros...et pourtant je ne me suis pas ennuyée une seconde. C'est sulfureux, scandaleux, violent et parfois presque exagéré et glauque, un peu trop glamour et sensuel aussi, mais on oublie vite qu'on est dérangé face à certaines situations, parce que cette famille devient presque la nôtre. J'ai vibré et souffert avec les McNally et Miller, et après plus de 3 000 pages et près d'un an, je suis émue de laisser Adélaïde, Florent, Léa, Fabien, Leah, et tant d'autres personnages croisés depuis que j'ai commencé Le goût du bonheur au bord du Saint-Laurent.

S'agissant d'un tome 3 je ne peux pas vraiment en parler si ce n'est pour dire que ça se passe au Canada dans les années 50 et 60 et qu'on suit la vie d'une famille et des gens qui les entourent mais aussi l'évolution d'une société aux mœurs très policés. On assiste aux bonheurs et aux malheurs. On s'attache, on s'énerve face à certaines réactions, on sourit quand ce qu'on attendait depuis longtemps arrive enfin... Avec ce 3e tome c'est une saga qui s'étend sur un peu plus de la moitié du 20e siècle qui se termine. Je n'avais pas envie de quitter ces personnages que j'ai vu grandir et évoluer, que j'ai appris à aimer aussi et pour lesquels j'avais une grande tendresse. Marie Laberge m'a transportée dans un autre temps et c'était tout simplement génial.