Le jeu de la dame : Le livre de Walter Tevis, Garance Thénault

Kentucky années 50. Elisabeth Harmon, dite Beth, vit dans l’orphelinat local. A 8 ans, elle découvre par hasard les échecs et cette passion ne la quittera plus. A 18 ans elle devient championne des Etats-Unis et ce succès l’amène à la consécration suprême : aller affronter les Russes, maitres parmi les maitres, chez eux, lors d’un tournoi à Moscou. Pour Beth, une seule issue possible : gagner ! Je rassure tout de suite les hésitants face à un tel sujet : je n’y connais rien aux échecs et je ne sais pas y jouer. De plus, je n’ai pas vu la série diffusée il y a quelques années. Donc, a priori, ce roman n’aurait jamais dû me tomber entre les mains. Et pourtant, cette histoire de jeune fille prodige à la personnalité atypique m’a intéressée bien plus que prévu. Dans ces années 50 où l’homme possède tous les pouvoirs et la femme aucun, Beth est un OVNI. Le monde des échecs est exclusivement dominé par les hommes mais cela ne lui pose aucun problème. Pour elle il y a des joueurs, des compétiteurs, et rien d’autre. Il faut dire que la jeune fille a surtout appris à survivre seule, que ce soit dans sa jeunesse ou son adolescence. Petite, elle apprend les échecs avec le factotum de l’orphelinat, situation totalement incongrue dans une société où chacun doit rester à sa place. Plus tard, adoptée par un couple en instance de séparation, elle restera indépendante dans ses démarches et c’est sa débrouillardise qui fera le reste. Alors, être la seule femme dans un tournoi d’échecs, ce n’est pas très grave. Le succès arrivant, elle découvre les à-côtés de la célébrité. Les interviews la déconcertent, les hôtels la stupéfient, les salles de jeu la laissent sans voix. Mais elle reste focaliser sur les échecs, refaisant inlassablement les parties dans sa tête, recherchant les erreurs commises et enregistrant de nouvelles combinaisons. Elle travaille aussi énormément sur des ouvrages spécialisés, des biographies de grands maîtres, des magazines. Sa peur de perdre la rend professionnelle jusqu’au bout des ongles. Alors vous allez me dire : mais si on n’y connait rien aux échecs, ce doit être barbant à lire ? Eh bien non, car Beth a des failles. Après tout, elle reste un être humain avec ses émotions et ses décisions. Beth est sujet à une addiction aux calmants, et plus tard à l’alcool. Je me suis toujours demandée si cela aller la faire chuter, d’où un certain suspense. Et puis il se passe des choses dans sa vie privée dont elle est obligée de tenir compte. Si elle ne vit que pour les échecs, la vie se rappelle à elle aussi. Enfin, le contexte politique fait que ce tournoi à Moscou est bien plus qu’un tournoi d’échecs. En mélangeant tous ces aspects de l’histoire, on obtient un récit assez captivant, où l’ambition de Beth l’amènera à devenir la meilleure dans son domaine : les échecs. J’imagine que les amateurs de ce jeu seront encore plus captivés. Pour ma part, je garde un bon souvenir de cette lecture originale, et je n’hésiterai pas à lire un des autres romans de Walter Tevis.

Un roman percutant developpant un univers fermé que je ne connaissais pas du tout. Les echecs je n'y connais rien, cela ne m'attire meme pas et pourtant... pages après pages je me passionne, mots après mots je m'accroche a la vie de Beth... Ce milieu très masculin qui se voit chamboulé par cette jeune fille venu d'un orphelinat et qui a tout apris dans un sous sol... comment cette jeune fille frele et discrete reussi ses coups? et comment va t'elle survivre dans ce monde de requin...?

J'ai beaucoup apprécié l'écoute de ce roman même si, n'ayant que de très vagues notions d'échec, certains passages tactiques ou techniques m'ont un petits peu perdue. L'ambiance des années 60 aux États-Unis est fidèlement retranscrite par Walter Tevis et m'a agréablement fait voyager dans le temps. Beth Harmon, génie des échecs, peut par certains côtés être antipathique (pas très humble et plutôt froide la demoiselle) mais on fini tout de même par s'attacher à son personnage plus fragile qu'il n'y parait. Il faut dire que ses débuts dans la vie sont chaotiques. Elevée dans un orphelinat après la mort de ses parents, elle y découvre les échecs mais aussi les drogues auxquelles elle deviendra accro. L'Histoire d'une ascension due au talent mais aussi à beaucoup de travail. À lire, passionnant.