Le meilleur des mondes : Le livre de Aldous Huxley

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LES GRANDS TEXTES DU XXe SIÈCLE

Voici près d'un siècle, dans d'étourdissantes visions, Aldous Huxley imagine une civilisation future jusque dans ses rouages les plus surprenants : un État Mondial, parfaitement hiérarchisé, a cantonné les derniers humains " sauvages " dans des réserves. La culture in vitro des fœtus a engendré le règne des " Alphas ", génétiquement déterminés à être l'élite dirigeante. Les castes inférieures, elles, sont conditionnées pour se satisfaire pleinement de leur sort. Dans cette société où le bonheur est loi, famille, monogamie, sentiments sont bannis. Le meilleur des mondes est possible. Aujourd'hui, il nous paraît même familier...

De (auteur) : Aldous Huxley
Traduit par : Jules Castier

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Adrien01

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

[masquer]Le meilleur des mondes est un roman dystopique mettant en scène une société entièrement basée sur le fordisme. Les êtres humains n'échappent pas à cette industrialisation à outrance, ces derniers sont fabriqués puis conditionnés pour répondre à des tâches bien définies. Les humains sont dès leur conception séparés en castes avec notamment les Alphas qui correspondent à l'élite, puis viennent les Bêtas, Gammas, Deltas et enfin Epsilons. Les castes inférieures sont souvent produites par fournée de plusieurs dizaines d'individus parfaitement identiques car issus du même embryon. La société peut de premier abord sembler utopique car les humains étant conditionnés durant l'enfance, ils sont prédestinés à aimer leur vie d'adulte quel que soit leur caste. De ce fait, tout est mis en œuvre pour maintenir le bonheur de chaque individu : consommation intense de biens, cinéma sensoriel, divertissement toujours plus nombreux, jeunesse conservée tout au long de la vie, etc... La sexualité des individus est aussi débridée, le concept de mariage et globalement de famille ayant disparu, tout le monde appartient à tout le monde. Toute forme de frustration, malaise ou mélancolie n'a pas sa place dans ce monde. Dans l'hypothèse où un de ces sentiments ferait son apparition, le soma est là pour régler les problèmes. Cette drogue permet aux gens de "prendre des vacances" en s'échappant de la réalité sans effets secondaires. Au fil de la lecture, on se rend compte que ce bonheur est mis en place pour veiller au bon fonctionnement de la machine humaine. Un individu heureux remplira sans problème son devoir à la société sans réaliser que tout est mis en place pour satisfaire son conditionnement. Le bonheur est donc ici une prison dans laquelle est placée l'homme afin de mettre sa vie entière sur des rails prédéfinis bien avant sa naissance. Un autre défaut de la société moderne réside dans son objectif : créer un monde stable. Il n'y a pas de crises, pas de guerres, pas de discordes qui pourraient venir troubler l'ordre des choses. Deux notions sont cités comme des dangers : la science et l'art. Ces dernières peuvent donner à l'homme une finalité à atteindre, une remise en question, une recherche de progression. La première est cloisonnée par des lois arbitraires dont la remise en question est interdite. La seconde est limitée à des créations dont le seul but est de procurer un plaisir instantané sans recherche de propos. Les œuvres anciennes et l'histoire de l'homme précédent la société moderne ont disparu laissant leur place à des biens de consommation. Cette stabilité prend pour moi le sens de stagnation car le passé et le futur importent peu, seul le présent compte. L'évolution de la civilisation humaine semble s'être figée dans cet état dont elle ne ressortira jamais car même le progrès est un danger. Par exemple, le temps de travail des classes inférieures pourrait facilement être réduit grâce à la technologie existante, mais cela aurait pour seul effet d'augmenter le temps de loisir qui finirait par se traduire par une simple augmentation de la consommation de soma. Cependant, même dans cette machine parfaitement stable et huilée peuvent apparaître des bogues. Le personnage de Bernard Marx est un bon exemple. Ce dernier a un physique plus ingrat que la plupart des Alphas qui sont sensés bénéficier des meilleures conditions à l'état de fœtus pour se développer normalement. Ses congénères le considèrent uniquement par le prisme de cette fabrication défectueuse. Cela a créé chez lui un mal être et une attirance pour des sentiments jugés malsains comme la solitude. Le personnage du sauvage est très intéressant car il permet de confronter une société plus traditionnelle avec ce nouveau monde. Sa manière de s'exprimer est d'ailleurs opposé à cette appellation de sauvage. Ce dernier utilise souvent des répliques issues de pièces de Shakespeare, ce qui lui donne ironiquement un niveau de langage plus complexe que les habitants du monde civilisé. Au début curieux de découvrir le nouveau monde, le sauvage finit par le repousser. Cela intervient notamment lorsque Lenina lui fait des avances pour avoir une relation avec elle. Les valeurs qu'il a développées durant sa jeunesse sont opposées au conditionnement de Lenina. Dautre part, la scène de l'hôpital est un fort traumatisme pour le sauvage. En effet, il voit sa mère mourir en étant détachée de la réalité à cause du soma. Un groupe d'enfants jumeaux est aussi présent au même moment (le contact de la mort fait partie de leur conditionnement, pour dédramatiser cet événement). Ils considèrent sa mère comme un vieil objet à jeter sans compassion ni pour elle ni pour son fils. Ces deux événements sont le déclencheur de son rejet de la société, cela ayant été initié par son malaise en voyant des usines remplies de travailleurs identiques, par les œuvres d'art sans but, par le fait d'être considéré comme une attraction à voir... Le dialogue entre le sauvage et Mustapha Mond est intéressant car ce dernier justifie l'organisation de la société sous les remises en question de son interlocuteur. Le sauvage finit par revendiquer le droit d'être malheureux plutôt que rester enfermé dans un bonheur factice. En résumé, j'ai beaucoup aimé ce livre car il amène une réflexion sur notre monde actuel. C'est un récit très en avance sur son temps (écrit il y a bientôt 100 ans!) qui fait écho au 21eme siècle.[/masquer]

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chzjx5mwqy_1737142676333

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

La fin est sympa et le début est ignoble, pas simple à lire parce que très mal écrit, c’est un classique pour sa vision futuriste du monde sous un regard dystopique mais c’est tellement mal écrit que ça gâche toute l’oeuvre. Couverture très jolie nonobstant.

shadowthrone

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

Huxley avait tout compris. Ou presque. 1932. Un type sous mescaline nous pond un bouquin sur un futur où on fabrique des humains comme des voitures. Il ne savait pas encore que nous irions bien au-delà : nous allions volontairement nous transformer en marchandises, pièce par pièce, clic par clic, jusqu'à l'oubli de nous-mêmes. Vous l'avez lu, ce fameux "Meilleur des mondes"? Non? Trop occupé à nourrir la bête algorithmique de vos données? À vendre des fragments de votre conscience contre quelques secondes d'oubli? C'est justement ça qu'Huxley n'avait pas prévu : que nous serions les architectes enthousiastes de notre propre disparition. Les bébés en éprouvette? Nous avons fait mieux. Nous avons commencé à modifier le code génétique. Déconstruire l'humain pour le reconstruire "optimisé". Bientôt, la question ne sera plus "qui sommes-nous?" mais "qu'avons-nous été?". Les vestiges d'une espèce qui s'est auto-effacée. La promiscuité dans le roman? Un jeu d'enfant. Nous avons transformé l'intimité en performance, l'amour en transaction, le désir en algorithme. Nous nous accouplons comme des machines en quête de validation, incapables de supporter la vulnérabilité qui fait de nous des êtres humains. La solitude n'a jamais été aussi dense qu'au milieu de nos connections infinies. Le soma d'Huxley paraît presque innocent comparé à notre pharmacopée numérique. Chaque notification, une petite mort. Chaque scroll, un clou dans le cercueil de notre attention. Nous ne nous droguons pas pour échapper à la réalité – nous nous droguons pour échapper à nous-mêmes. Et le silence, ce silence insupportable où l'on pourrait entendre l'écho du vide qui nous habite. [masquer]John le Sauvage s'est pendu.[/masquer] C'était la réaction logique d'un être authentique face à l'abîme de notre simulacre d'existence. Aujourd'hui, nous n'avons même plus cette lucidité. Nous nous suicidons à petit feu, jour après jour, en souriant pour les caméras. La dépression, l'anxiété et le désespoir ne sont pas des dysfonctionnements – ce sont les derniers soubresauts d'une humanité qui se souvient vaguement d'avoir été vivante. La hiérarchie d'Huxley – Alphas, Betas, Gammas, Deltas, Epsilons – avait au moins le mérite de la transparence. Notre système est bien plus pervers : nous sommes tous des produits, certains simplement avec une valeur marchande plus élevée. Nos corps, nos pensées, nos rêves – tout est quantifié, monétisé, exploité. Et nous applaudissons cette dissection de notre humanité. Le vrai génie d'Huxley? Avoir compris que l'apocalypse ne viendrait pas dans le fracas et les flammes, mais dans le murmure d'un consentement collectif à l'extinction. Pas besoin de dystopie imposée quand on peut la construire soi-même, brique par brique, jusqu'à s'emmurer vivant dans un tombeau de confort. "Communauté, Identité, Stabilité." La trinité macabre d'un monde en putréfaction. La communauté est devenue surveillance mutuelle. L'identité, un produit à consommer. La stabilité, cette stase morbide où la vie s'est retirée mais où le corps continue de bouger. Huxley voulait nous mettre en garde. Mais il n'avait pas prévu que nous lirions son œuvre comme un mode d'emploi, avec cette avidité morbide de ceux qui, au fond, savent qu'ils participent à quelque chose d'irrémédiable. Nous ne sommes pas simplement en train de réaliser sa prophétie – nous sommes en train de la transcender vers des abysses qu'il n'aurait pas osé imaginer. Alors continuez. Scrollez jusqu'à l'oubli. Consommez jusqu'à l'évidement. Existez dans ce simulacre jusqu'à ce que la distinction entre vous et votre avatar numérique s'estompe complètement. Et quand ce malaise existentiel vous étreint dans la nuit, cette terreur sourde de n'être plus rien, rappelez-vous : c'est le dernier vestige de votre humanité qui se débat avant de s'éteindre. [masquer]John s'est pendu[/masquer] parce qu'il était encore humain. Nous, nous n'avons même plus cette excuse. Nous sommes déjà des fantômes, hantant les ruines de ce que nous aurions pu être.

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lexeia63

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

Ce livre est assez étonnant. J’en entends parler depuis longtemps comme étant un chef d’œuvre de science-fiction, et j’en connaissais vaguement les grandes lignes. Il était temps de le lire ! Alors, que dire ? Premièrement, c’est troublant. Enfin, j’ai été troublée. Au début, ce n’est pas si évident à lire : beaucoup d’informations, parfois assez techniques. Pour terminer le chapitre 3, il faut vraiment avoir envie de s’accrocher, c’est difficilement lisible. Quant à certaines particularités de la société dont il est question dans l’histoire, elles peuvent mettre mal à l’aise. Pourquoi une note de 4/5, me direz-vous ? Tout simplement parce qu’après un « premièrement », il y a toujours un « deuxièmement ». Mon « deuxièmement », c’est que c’est à remettre dans le contexte : écrite en 1931, cette œuvre est assez époustouflante. C’est avant-gardiste. Je préfère ne pas en dire trop quant aux thèmes abordés pour ne pas vous en gâcher la lecture, mais sachez qu’il est question de la recherche du bonheur et du meilleur fonctionnement sociétal possible. C’est une dystopie donc forcément, rien n’est aussi beau qu’annoncé. Certains éléments font réfléchir, même (surtout ?) aujourd’hui. Bref, j’en conseille la lecture !

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Science-Fiction Dystopie
  • EAN
    9782266283038
  • Collection ou Série
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    320
  • Dimensions
    179 x 109 mm

L'auteur

Aldous Huxley

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