Le Sang des innocents : Le livre de S. A. Cosby

C'est l'histoire d’une petite bourgade de Virginie, Charon, dont l’histoire esclavagiste imprègne encore fortement les relations entre population blanche et noire de cet état sudiste. La guerre de sécession s’est terminée en 1865 mais les tensions sont toujours vives et ce n’est pas l’élection d’un nouveau Shérif noir, ancien du FBI, qui va apaiser cette situation. D’autant plus quand un jeune noir abat froidement un enseignant blanc au milieu du lycée… S.A. Cosby nous propose un roman noir, baigné de terroir américain, loin des grandes citées cosmopolites, un thriller social où toutes les peurs et les frustrations du quotidien viennent bousculer une population clivée dans ses communautés : communautés raciales comme communautés religieuses. L’auteur nous propose une enquête étonnamment posée et raisonnée malgré l’accumulation des meurtres et des découvertes macabres, dans cette Amérique imprégnée de violence où il y a plus d’armes à feu en circulation que d’habitant. Une écriture de qualité, des personnages profonds et réalistes, une intrigue qui évite les clichés et nous garde immergée dans cette ambiance étouffante. A travers le charismatique shérif, l’auteur en profite pour nous transmettre tout ce qu’il pense de ces postures : population blanche et noire mais surtout communautés religieuses qui, de façon très plaisante j’avoue, sont renvoyées violemment à leur contradictions et limites. Un très bon roman qui en appelle forcément d’autres de cet auteur ; auteur que j’ai découvert grâce à Babelio. Merci.

Titus Crown, ancien agent du FBI, est le premier shérif noir à avoir été élu à Charon, la terre de son enfance. Si son élection a fait la fierté de son père, elle a surtout provoqué la colère des Blancs, qui ne supportent pas de le voir endosser l'uniforme, et la défiance des Noirs, qui le croient à la solde de l'oppresseur. Entre tensions raciales et crise des opioïdes, la petite ville est comme le bois sec du Sud Américain, prête à s’enflammer. Alors quand un jeune noir vient de tirer sur le prof préféré du lycée, Titus sait qu’il va devoir résoudre rapidement l’enquête et contenir la ville avant que tout s’embrase. J’ai découvert l’année dernière S. A. Cosby avec « La colère », un livre marquant sur le racisme, l’homophobie et la vengeance. J’avais donc de grandes attentes en commençant son dernier polar traduit en France. Et cela ne pouvait pas commencer mieux : on est accueilli par une préface de David Joy qui nous redonne le contexte du roman et nous vente ses louanges. Pour l’avoir dévoré en quelques jours, je peux confirmer que la promesse est tenue. Avec « Le Sang des innocents », S. A. Cosby confirme sa position de maître du roman noir américain. L’enquête est déroulée sous nos yeux épatés, sans aucun temps mort ni passage superflu. Ce qui commença par une fusillade se transforme en traque d’un tueur en série où chaque habitant devient un suspect. Le personnage de Titus est bluffant de réalisme, complexe à l’image de l’humain, et centrale de part sa position de shérif noir. Tout ceci se déroule sur fond de haine suprémaciste célébrant l’histoire confédérée de la région, son passé esclavagiste loin d’être oublié et la présence très forte d’un fanatisme religieux qui au nom d’un dieu permet les pires atrocités. Un polar qu’on n’est pas prêt d’oublier.

Porté par une intrigue aux multiples ramifications, "Le sang des innocents" est un polar sanglant, classique dans sa construction mais riche par le personnage qui l'incarne. Au sein d'une région gangrénée par le racisme, la corruption et le fanatisme religieux - véritable terreau d'une haine séculaire - se dévoile une ambiance sombre, oppressante, transcrite et exploitée avec brio par S. A. Cosby. Ancien agent du FBI, Titus est aujourd'hui le premier shérif noir élu à Charon, un comté rural du Sud des États-Unis. Si cette élection fait la fierté de son père, elle a surtout réveillé la colère des suprémacistes qui ne supportent pas de le voir porter l'uniforme. De son côté, la communauté de Titus le pense à la solde des Blancs... Malgré tout, le shérif reste droit et tente de faire exercer la loi dans ce comté forgé par les violences institutionnelles, le racisme et la corruption. Seulement, lorsque Latrell, un jeune Noir, tire sur le professeur M. Spearman au sein du lycée avant de se faire abattre par la police, le maigre équilibre de Charon s'effondre. Titus est alors propulsé dans une course contre la montre pour découvrir la réalité et rétablir un semblant de calme avant l'implosion... Si le caractère inquiétant du roman est indéniablement incarné par l'intrigue, il s'établie avec d'autant plus d'efficacité à travers le contexte sélectionné par S. A. Cosby. Le sud s'illustre dans "Le sang des innocents" par ses tensions raciales et confère au roman son caractère étouffant. Par d'habiles incursions, l'auteur souligne, l'ombre du passé ségrégationniste et sa réalité dans le quotidien de la communauté. Sanglantes et sordides, les révélations confèrent une rythmique prenante et singulière au roman. Encouragée par le charisme et la droiture Titus, la narration se déploie et inquiète par sa noirceur. "Le sang des innocents" est un polar qui parvient à captiver tant par son intrigue que par ce qu'il illustre d'une société où le racisme détermine une appartenance identitaire et semble alors entretenu et glorifié par les suprémacistes. Écouté dans sa version audio interprétée par Jean-Paul Pitolin, "Le sang des innocents" endosse dans ce format un caractère plutôt froid. La rythmique et l'intonation quelque peu dénuée d'aplomb de Jean-Paul Pitolin semblent ne pas être en total adéquation à la narration de S. A.Cosby. Mais cet aspect de l'interprétation s'établie aussi comme une plus value, renforçant le caractère morbide et inquiétant de l'histoire ! Une écoute en double teinte certes, mais indéniablement prenante, surprenante et glaçante !

Direction le sud des Etats Unis d'Amérique, le comté de Charon en Virginie. Dans ce haut-lieu de l'esclavagisme et du racisme un shérif noir a été élu. Ancien agent du FBI, Titus Crown est revenu au pays pour s'occuper de son père. Il arbore avec fierté son étoile même si les blancs ont du mal à admettre son élection et si les noirs voient en lui un traître. Pas facile! Lorsque démarre le récit Titus est appelé pour une fusillade au lycée. Un adolescent noir vient de tirer sur un professeur blanc très aimé de tous. Cet acte incompréhensible est le début d'un roman qui nous capture. S.A. Crosby excelle à créer une ambiance oppressante et tendue. Il insère l'enquête dans le contexte historique de la région. A Charon les suprémacistes blancs défilent avec le drapeau des confédérés et cherchent à faire pression. Un contexte social très actuel pèse aussi sur l'intrigue, fanatisme religieux, crise des opioïdes, pédophilie, violences physiques, rien ne nous est épargné. Au milieu de ce tableau très sombre Titus est un personnage marquant. Empathique, attentionné mais surtout intègre et droit. Il est fier du rôle qu'il a à jouer dans sa ville. Sa vie personnelle et familiale nous apprend beaucoup sur ce qu'il est. S es forces et ses failles, son acharnement, ses tourments, ses désillusions et ses victoires nous prennent aux tripes. Un roman dense et percutant et un héros que l'on aimerait connaître.