Les 120 journées de Sodome : Le livre de Donatien Alphonse François Sade

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À l'école du libertinage, quarante-deux jeunes gens sont soumis corps et âmes aux fantasmes des maîtres du château. Premier chef-d'œuvre du marquis de Sade, tout à la fois scandale et révolution littéraire, chacune de ces cent vingt journées de Sodome est un tableau des vices et perversions les plus criminelles, découvrant avec un inimitable génie la face noire et inavouable de l'homme.

" Sade est au clavecin, il improvise, il fait monter les mots, il compose, en vrai musicien baroque (c'est un génie baroque), une Suite française, à la Bach. Quel charme, quelle fraîcheur. " Philippe Sollers

De (auteur) : Donatien Alphonse François Sade
Préface de : Gilbert Lely

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Avis Babelio

Sebastiend

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Résumé analytique des 120 Journées de Sodome de D.A.F. de Sade Contexte historique et genèse de l'œuvre Les 120 Journées de Sodome, ou l'École du libertinage, fut rédigé par le marquis de Sade en 1785, achevé en trente-sept jours selon les notes de l'auteur. L'œuvre se situe à la fin du règne de Louis XIV, une période marquée par des guerres qui ont enrichi une classe de financiers corrompus et de grands seigneurs aux fortunes obscures. C'est dans ce contexte de luxe et de désordres que Sade installe son récit, explorant de manière systématique et exhaustive les passions sexuelles et criminelles les plus extrêmes. L'auteur s'adresse directement au lecteur, l'avertissant du caractère impur et peu chaste de son ouvrage. Il justifie l'exhaustivité des descriptions par la nécessité de tout dire et tout analyser pour satisfaire les passions du lecteur. L'œuvre se présente comme "l'histoire d'un magnifique repas où six cents plats divers s'offrent à ton appétit", invitant le lecteur à choisir selon ses propres goûts et à laisser le reste. Les quatre scélérats : portraits des libertins Au cœur du récit se trouvent quatre figures masculines principales, unies par leur richesse colossale et leurs goûts partagés en matière de débauche. Le Duc de Blangis est le doyen de cette société macabre. Maître à dix-huit ans d'une fortune immense qu'il a accrue par ses malversations financières, il incarne l'archétype du criminel absolu. Sade le décrit avec un esprit très noir et méchant, une âme scélérate et dure. Il est né faux, dur, impérieux, barbare, égoïste, également prodigue pour ses plaisirs et avare quand il s'agit d'être utile. Sa liste de vices est exhaustive : menteur, gourmand, ivrogne, poltron, sodomite, incestueux, meurtrier, incendiaire, voleur. Sa philosophie radicale affirme qu'un homme devait non seulement se livrer à tous les vices, mais ne jamais se permettre une vertu. Pour lui, le juste est ce qui procure du plaisir, l'injuste ce qui cause de la peine, et le plus fort trouve toujours très juste ce que le plus faible regarde comme injuste. Physiquement, il possède une force de cheval et des attributs sexuels démesurés, capable de dix-huit fois dans un jour et de supporter cinquante-cinq assauts passivement. Il a commis des meurtres par unique principe de débauche et de libertinage. L'Évêque, frère du Duc de Blangis, a également fait fortune par la malversation. Âgé de quarante-cinq ans, il est physiquement moins imposant mais tout aussi dépravé. Idolâtre de la sodomie active et passive, il passe sa vie à se faire sodomiser. Il est capable de commettre les crimes les plus froids, comme en témoigne l'histoire de deux orphelins dont il détourne l'héritage pour les réduire à servir ses perfides voluptés. Il déteste le sexe vaginal, n'ayant couché avec une femme qu'une seule fois dans sa vie, celle de sa belle-sœur, uniquement dans le but d'avoir un enfant qui pourrait lui procurer un jour les plaisirs de l'inceste. Durcet, riche financier, est intimement lié au Duc et à l'Évêque. Tout aussi adepte des goûts dépravés, il se spécialise dans l'idolâtrie de l'anus et ses attaques favorites dirigées vers ce troisième temple. Sa philosophie justifie la cruauté envers les malheureux comme source de plaisir par comparaison de leur état au sien. Il affirme que la volupté qui naît de cette douce comparaison de leur état au mien n'existerait plus s'il les soulageait. Il considère l'aumône comme un crime réel contre l'ordre de la nature, car elle prive le riche de cette branche de plaisir en empêchant cette classe de se livrer à lui. Le Président de Curval est le plus âgé, approchant les soixante ans. Singulièrement usé par la débauche, il n'offre presque plus qu'un squelette. Il manifeste une saleté affreuse sur lui-même et y attache de la volupté, avec un orifice immense qui ressemble plutôt à une lunette de commodités qu'au trou d'un cul. Entièrement blasé, absolument abruti, il ne recherche que la dépravation et la crapule du libertinage. Sa décharge est rare et difficile, exigeant les excès les plus infâmes. Athée et blasphématoire, il possède une fortune immense qu'il doit à deux ou trois meurtres exécrables. Un exemple atroce de sa cruauté rapporte comment il condamna un homme à mort pour obtenir sa femme et sa fille, qu'il viola et empoisonna ensuite sous les yeux du mari exécuté. Il se délecte de la classe de l'infortune. Ces quatre hommes scellent une triple alliance par le mariage de leurs filles respectives, assurant que les jeunes femmes n'appartiendront relativement au corps pas plus à l'un des trois qu'à l'autre, mais également à chacun d'eux, instituant ainsi un partage systématique de leurs épouses. Les épouses et victimes principales Constance, femme du Duc et fille de Durcet, est décrite comme une beauté romaine, pleine de majesté et de noblesse, dotée d'un cul le plus exactement et artistement coupé. Malgré sa vertu naturelle, elle est rapidement flétrie par les quatre ou cinq attaques du Duc. Elle devient victime des brutalités de Curval, son beau-père, qui la hait et la maltraite, notamment à cause de sa grossesse. Adélaïde, femme de Durcet et fille du Président, est une jolie poupée blonde aux yeux bleus, d'une grande sensibilité et d'un esprit romanesque. Excessivement vertueuse et dévote, elle prie Dieu en secret et s'oppose aux vices de son entourage. Sa bienfaisance envers les pauvres est punie, et sa piété constitue une source d'irritation constante pour les libertins. Julie, femme du Président et fille aînée du Duc, est grande et grasse, mais avec une bouche mal ornée, les dents les plus infectes, et d'une saleté d'habitude sur tout le reste de son corps. Curval, son mari, l'aime précisément pour ces défauts et l'encourage à la malpropreté. Elle a peu de vertu et de grandes dispositions à la malpropreté, l'ivrognerie, la gourmandise et le putanisme, ayant été élevée dans un abandon total de principes et de mœurs. Aline, femme de l'Évêque et prétendument fille du Duc, a dix-huit ans. Jolie et mutine, elle est foncièrement indolente et paresseuse. Elle est en réalité la nièce et fille réelle de l'Évêque, qui l'a dépucelée par-derrière à dix ans. Dépeinte comme innocente et détestant les infamies dont elle est victime, elle craint le Duc et déteste l'Évêque et Curval. Elle sera traitée avec l'extrême cruauté et sera la première à périr des mains des libertins dans le caveau. Les historiennes et narratrices Quatre femmes mûres, expertes en débauche, ont pour rôle de raconter les passions pour exciter les libertins. Elles sont choisies pour leur esprit et leur expérience, pas nécessairement pour leur beauté. Duclos, quarante-huit ans, possède un grand reste de beauté et un très beau cul. Narratrice principale, elle est dépeinte comme insensible et amorale, adoptant une philosophie où la reconnaissance est un poids injurieux à l'humanité. Voleuse assumée, elle justifie le vol par une vision de l'égalité des biens. Elle est la favorite du Duc. Champville, cinquante ans, est mince, bien faite, avec l'air le plus voluptueux. Tribade, elle a été fille publique et maquerelle. Malgré son usage intensif, elle reste pucelle de l'anus. La Martaine, cinquante-deux ans, est une grosse maman bien fraîche et saine, douée du plus gros et plus beau fessier. Elle est barrée, une malformation génitale empêchant la pénétration vaginale, et n'a connu que la sodomie. La Desgranges, cinquante-six ans, est décrite comme la plus grande scélérate qui ait jamais existé, l'image du crime personnifié. Elle possède un cul flétri et des mutilations multiples : un téton, trois doigts, six dents en moins, fruits de guerre de ses propres débauches. Le château de Silling : forteresse de l'impunité L'action se déroule dans un château isolé, d'abord situé dans le Bourbonnais puis localisé en Suisse près de Bâle, dans la Forêt-Noire. Ce lieu, appartenant à Durcet, est une forteresse imprenable, coupée du monde extérieur par des mesures extrêmes : pont abattu, rochers escarpés, village de voleurs et contrebandiers gardant l'accès. Cette isolation garantit l'impunité et la liberté totale pour les libertins. L'intérieur du château est spécialement aménagé. Le salon des narrations est un espace circulaire avec un trône pour l'historienne, des niches pour les libertins qui écoutent les récits pour s'exciter, et des gradins pour les sujets de débauche à disposition. Des instruments de correction sont visibles sur des colonnes. Le cabinet des combats est un boudoir sourd et secret, fort chaud, très sombre le jour, destiné aux combats tête à tête ou certaines autres voluptés secrètes. Le caveau est un cachot souterrain dans les entrailles de la terre, fermé par trois portes de fer, rempli d'instruments de torture. C'est le lieu des supplices les plus extrêmes, où le crime amusait et où les libertins n'avaient plus d'autre intérêt que leurs passions et d'autres mesures à garder que les lois impérieuses de leurs perfides voluptés. De nombreux sujets y périront dans d'horribles souffrances. Règlements et organisation de la débauche Malgré le chaos apparent, des règlements fort sages sont établis et strictement appliqués, avec des punitions sévères pour toute infraction. Les victimes sont des êtres faibles et enchaînés, uniquement destinés aux plaisirs des libertins. L'obéissance est la seule vertu admise. Le plus petit acte de religion de la part d'un sujet, quel qu'il soit, sera puni de mort. Toute manifestation de sentiments vertueux est proscrite et punie. Adélaïde est sévèrement réprimandée et punie pour avoir prié. Les propos doivent être lascifs, les plus débauchés, et les expressions les plus sales, les plus fortes et les plus blasphématoires. Le nom de Dieu est prononcé uniquement accompagné d'invectives ou d'imprécations. Le ton des libertins envers les femmes et jeunes garçons est brutal, dur et impérieux. Des règles encouragent la saleté et la malpropreté, notamment l'interdiction de se laver ou de se torcher le cul sans permission, afin de stimuler le dégoût qui est une source de plaisir pour les libertins, particulièrement Curval et Durcet. Leurs excréments sont recherchés et consommés. La délation est encouragée et crue sans preuve, permettant de multiplier les vexations et l'injustice envers les sujets. Ces règles sont conçues pour exacerber les plaisirs des libertins en brisant toute contrainte morale ou sociale, transformant la honte et l'avilissement des victimes en source de volupté. Classification des passions L'objectif principal est de classer et systématiser toutes les formes de perversion. Les narrations des historiennes cataloguent ces passions divisées en quatre classes : les passions les plus simples et les écarts les moins recherchés racontés par Duclos ; les passions plus singulières impliquant plusieurs personnes ; cent cinquante manies des plus criminelles et outrageantes aux lois, à la nature et à la religion ; et enfin le récit détaillé de cent cinquante tortures menant au meurtre. Les pratiques détaillées incluent la défloration et les viols, particulièrement sur des enfants très jeunes, avec partage des pucelages entre le Duc, Curval et l'Évêque. L'inceste est fréquemment pratiqué ou désiré. La sodomie et la coprophagie sont très répandues, les libertins idolâtrant les culs. La consommation d'excréments est un plaisir recherché et une passion à laquelle les sujets sont contraints. La salive, l'urine et le vomi sont également consommés. Les flagellations et tortures physiques sont infligées aux sujets pour le plaisir des bourreaux. Les descriptions deviennent de plus en plus sadiques, incluant des mutilations : arrachage de dents, doigts, tétons, yeux, langue, bras, jambes, ainsi que brûlures, saignées, empalements et usage de poisons. Le meurtre constitue le point culminant de la débauche, décrit comme source de plaisir intense. Les libertins se délectent de la souffrance et de la mort d'autrui. Le Duc de Blangis passe des meurtres nécessaires aux meurtres de volupté. Philosophie transgressive du libertinage La philosophie des libertins, explicitée particulièrement par le Duc et Durcet, est radicalement transgressive et amorale. La vertu est vue comme une faiblesse et le crime comme une expression de la nature. Il n'y a pas de bien ou de mal intrinsèque ; tout est relatif aux mœurs, opinions et préjugés. La seule loi est celle de satisfaire n'importe aux dépens de qui ses désirs. La compassion et la reconnaissance sont méprisées comme des entraves. La charité est considérée comme un crime réel contre l'ordre de la nature. La dégradation devient source de plaisir : le plaisir est d'autant plus grand qu'il est obtenu par la transgression, l'avilissement et l'horreur. La saleté, la laideur, la maladie, la décomposition deviennent des objets de volupté. Thématiques fondamentales L'œuvre explore l'abolition de toute limite morale et sociale. Les libertins s'affranchissent de toutes les conventions, lois, religions et sentiments humains pour une quête absolue du plaisir. Le plaisir dans la transgression et la souffrance est central : la jouissance est décuplée par l'infamie, le dégoût, l'humiliation et la douleur infligées aux victimes. La systématisation de la perversion constitue une tentative encyclopédique de cataloguer toutes les formes de débauche, organisées méthodiquement. La nature du désir blasé pousse les libertins à des extrêmes toujours plus grands, recherchant le plaisir dans l'extraordinaire, l'affreux et le dégradant. Une misanthropie profonde et un rejet de la reproduction se manifestent par une haine de l'humanité, particulièrement des femmes enceintes et des enfants, avec des désirs de destruction de la progéniture. Le pouvoir absolu et l'impunité que confèrent la richesse et le statut social des libertins leur assurent une impunité totale, leur permettant de réaliser leurs fantasmes les plus monstrueux sans craindre la justice. Enfin, la déshumanisation des victimes les réduit à de simples animaux, des objets à la disposition des libertins, dépourvus de toute dignité ou droit. Les notes de l'auteur révèlent son processus créatif et ses intentions, montrant un souci de systématisation avec une table des personnages, un plan du château et une liste des fautes narratives pour améliorer l'impact de la débauche. Cette œuvre représente l'ambition sadienne de créer un catalogue exhaustif de la perversion humaine, fondé sur une philosophie nihiliste où le plaisir individuel, particulièrement celui tiré de la souffrance d'autrui et de la transgression radicale, constitue la seule loi.

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isaacportis

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Les 120 Journées de Sodome est une descente au cœur de l’excès, où Sade transforme la cruauté en principe et la transgression en outil de vérité. À travers une prose froide et clinique, il observe la nature humaine dépouillée de toute illusion, révélant le pouvoir à l’état brut et les pulsions dans leur nudité la plus radicale. Cette neutralité glaciale, presque élégante, rend l’horreur plus aiguë encore. Mais l’œuvre, inachevée, s’interrompt avant d’atteindre son apogée : un poison rare et raffiné, versé dans un flacon somptueux… mais resté à moitié vide.

florineszrinaldi

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

Une lecture éprouvante, mais fascinante. Ce n’est pas tant pour les scènes extrêmes (répétitives, oui) que je continue, mais pour ce que Sade dit du pouvoir, de la nature humaine et de l’hypocrisie sociale. On voit très vite que certains libertins sont plus cruels que d’autres, et que leur groupe fonctionne comme une machine : chacun pousse l’autre à aller toujours plus loin. La perversion semble presque naturelle chez eux, et c’est ça le plus dérangeant. Sade dénonce aussi des institutions comme l’Église ou la noblesse : elles prêchent la vertu tout en pratiquant le vice. Et certaines pratiques qu’il décrit, aussi honteuses soient-elles aujourd’hui, existent encore. Ce roman choque, mais il soulève surtout une vérité : la société cache ses pulsions au lieu de les affronter.

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perfectedMarginal

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 mois

J'ai lu les 120 journées de Sodome avant tout comme une performance littéraire extrême. Ai-je raison, ai-je tort ? Je l'ai lu avec une grande distance, conscient de l'ampleur de ce catalogue des horreurs. Et pourtant, malgré cette distance, j'ai l'impression d'en revenir comme on revient, vulnérable, d'une grotte humide et profonde, après plusieurs semaines de captivité. Sade l'annonce dans sa longue introduction : il écrit “le récit le plus impur qui ait jamais été fait depuis que le monde existe.” Au départ, comme je suis le genre de lecteur à m'amuser de tout, l'exagération sadienne a eu tendance à me tirer quelques ricanements. Puis, assez vite, je suis devenu le supplicié, et le livre, l'instrument de ma torture. L'oeuvre n'ayant pas pu être terminée, les quatre parties sont déséquilibrées. Sade est arrivé au terme de la première, étendue et détaillée, mais les trois autres sont restées sous forme de notes. Progresser dans la lecture, c'est progresser dans l'horreur. Cependant, en s'attardant excessivement dans sa première partie à faire sucer des étrons à ses personnages, Sade a hâté mon passage aux délires suivants. “Quand bien même les notes me conduiraient très vite sur le terrain de l'anthropophagie, cela serait toujours plus appétissant que d'imaginer tous ces mange-merde littéraux.” ai-je pensé. Oui, au contact de ce livre, on finit par avoir des pensées comparatives assez particulières, et c'est une chose que le divin marquis assume d'ailleurs pleinement. Alors je suis passé aux notes, aux trois autres parties. Il en va des 120 journées de Sodome comme de la contraction des longueurs. On accélère, et les récits des passions ignobles deviennent des vignettes littéraires répugnantes. le style dépouillé des notes ne diminue en aucun cas le roman. Au contraire, il apporte une frénésie qui se marie bien avec la folie de ce qui est exposé. Cela atteint même parfois une pureté qui n'aurait rien à envier aux haïkus. J'ai posté cette citation, par exemple, sur le site : “Il fout une vache, la fait engendrer, et fout le monstre.” Certes, ce n'est pas exactement ainsi que se conçoit un haïku - ni l'engendrement d'un monstre, d'ailleurs - mais j'imagine bien une sorte de Matsuo Basho zoophile et surexcité écrire quelque chose de similaire. Étonnamment, Sade ne m'a pas semblé insister sur la souffrance des victimes, qui serait source de jouissance. Il y a bien des pleurs et des grimaces par-ci par-là, mais la plupart du temps, les victimes subissent leur traitement comme des objets froids, dénuées de psychologie. Évidemment, il n'a pas eu le temps d'achever son oeuvre, mais il aurait pu distiller davantage cette dimension dans la première partie, et même dans ses notes. Finalement, ce qui est intéressant dans cet ouvrage, c'est surtout l'utilisation amorale du corps de l'autre. Autrui n'est qu'un instrument pour atteindre la jouissance. Encore que… certains instruments méritent qu'on en prenne soin. Ici, l'exploitation et la destruction spectaculaires du corps sont de mise tant qu'elles apportent l'éjaculation. C'est quasiment pragmatique. Comme une orange mise dans un presse-agrumes pour récolter un bon breuvage, le corps des autres, dans la dernière partie, est soumis à des mécanismes brutaux pour le plaisir de quelques monstres. Ce n'est qu'un assemblage d'éléments destiné à une volupté détraquée. La plus belle des femmes peut finir défigurée, le crâne scalpé, son sort serait considéré comme l'accomplissement de sa matérialité, en tant qu'objet d'extase. Quant aux conséquences psychologiques sur les victimes, le caractère gore de la fin est si simplement efficace que l'imagination du lecteur s'implique d'elle-même… En lisant cet ouvrage dégénéré, j'ai cru comprendre pourquoi les surréalistes se sont tant intéressés à Sade. Il comporte une dimension hallucinée, fiévreuse, déréalisée… On est fasciné, révulsé. C'est une bombe, un vestige obscur.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782264026996
  • Collection ou Série
    Domaine Français
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    448
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Donatien Alphonse François Sade

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9,50 € Poche 448 pages