Les 120 journées de Sodome : Le livre de Donatien Alphonse François Sade

Poche

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À l'école du libertinage, quarante-deux jeunes gens sont soumis corps et âmes aux fantasmes des maîtres du château. Premier chef-d'œuvre du marquis de Sade, tout à la fois scandale et révolution littéraire, chacune de ces cent vingt journées de Sodome est un tableau des vices et perversions les plus criminelles, découvrant avec un inimitable génie la face noire et inavouable de l'homme.

" Sade est au clavecin, il improvise, il fait monter les mots, il compose, en vrai musicien baroque (c'est un génie baroque), une Suite française, à la Bach. Quel charme, quelle fraîcheur. " Philippe Sollers

De (auteur) : Donatien Alphonse François Sade
Préface de : Gilbert Lely

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Expérience de lecture

Avis Babelio

florineszrinaldi

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Une lecture éprouvante, mais fascinante. Ce n’est pas tant pour les scènes extrêmes (répétitives, oui) que je continue, mais pour ce que Sade dit du pouvoir, de la nature humaine et de l’hypocrisie sociale. On voit très vite que certains libertins sont plus cruels que d’autres, et que leur groupe fonctionne comme une machine : chacun pousse l’autre à aller toujours plus loin. La perversion semble presque naturelle chez eux, et c’est ça le plus dérangeant. Sade dénonce aussi des institutions comme l’Église ou la noblesse : elles prêchent la vertu tout en pratiquant le vice. Et certaines pratiques qu’il décrit, aussi honteuses soient-elles aujourd’hui, existent encore. Ce roman choque, mais il soulève surtout une vérité : la société cache ses pulsions au lieu de les affronter.

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perfectedMarginal

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

J’ai lu les 120 journées de Sodome avant tout comme une performance littéraire extrême. Ai-je raison, ai-je tort ? Je l'ai lu avec une grande distance, conscient de l’ampleur de ce catalogue des horreurs. Et pourtant, malgré cette distance, j’ai l’impression d’en revenir comme on revient, vulnérable, d’une grotte humide et profonde, après plusieurs semaines de captivité. Sade l’annonce dans sa longue introduction : il écrit “le récit le plus impur qui ait jamais été fait depuis que le monde existe.” Au départ, comme je suis le genre de lecteur à m’amuser de tout, l’exagération sadienne a eu tendance à me tirer quelques ricanements. Puis, assez vite, je suis devenu le supplicié, et le livre, l’instrument de ma torture. Comme l'œuvre n’a pas pu être terminée, les quatre parties sont déséquilibrées. Sade est arrivé au terme de la première, étendue et détaillée, mais les trois autres sont restées sous forme de notes. Progresser dans la lecture, c’est progresser dans l’horreur. Cependant, en s’attardant excessivement dans sa première partie à faire sucer des étrons à ses personnages, Sade a hâté mon passage aux délires suivants. “Quand bien même les notes me conduiraient très vite sur le terrain de l’anthropophagie, cela serait toujours plus appétissant que d’imaginer tous ces mange-merde littéraux.” ai-je pensé. Oui, au contact de ce livre, on finit par avoir des pensées comparatives assez particulières, et c’est une chose que le divin marquis assume d’ailleurs pleinement. Alors je suis passé aux notes, aux trois autres parties. Il en va des 120 journées de Sodome comme de la contraction des longueurs. On accélère, et les récits des passions ignobles deviennent des vignettes littéraires répugnantes. Le style dépouillé des notes ne diminue en aucun cas le roman. Au contraire, il apporte une frénésie qui se marie bien avec la folie de ce qui est exposé. Cela atteint même parfois une pureté qui n’aurait rien à envier aux haïkus. J’ai posté cette citation, par exemple, sur le site : “Il fout une vache, la fait engendrer, et fout le monstre.” Certes, ce n’est pas exactement ainsi que se conçoit un haïku - ni l’engendrement d’un monstre, d’ailleurs - mais j’imagine bien une sorte de Matsuo Basho zoophile et surexcité écrire quelque chose de similaire. Étonnamment, Sade ne m’a pas semblé insister sur la souffrance des victimes, qui serait source de jouissance. Il y a bien des pleurs et des grimaces par-ci par-là, mais la plupart du temps, les victimes subissent leur traitement comme des objets froids, dénuées de psychologie. Évidemment, il n’a pas eu le temps d’achever son œuvre, mais il aurait pu distiller davantage cette dimension dans la première partie, et même dans ses notes. Finalement, ce qui est intéressant dans cet ouvrage, c’est surtout l’utilisation amorale du corps de l’autre. Autrui n’est qu’un instrument pour atteindre la jouissance. Encore que… certains instruments méritent qu’on en prenne soin. Ici, l’exploitation et la destruction spectaculaires du corps sont de mise tant qu’elles apportent l’éjaculation. C’est quasiment pragmatique. Comme une orange mise dans un presse-agrumes pour récolter un bon breuvage, le corps des autres, dans la dernière partie, est soumis à des mécanismes brutaux pour le plaisir de quelques monstres. Ce n’est qu’un assemblage d’éléments destiné à une volupté détraquée. La plus belle des femmes peut finir défigurée, le crâne scalpé, son sort serait considéré comme l’accomplissement de sa matérialité, en tant qu’objet d’extase. Quant aux conséquences psychologiques sur les victimes, le caractère gore de la fin est si simplement efficace que l’imagination du lecteur s’implique d’elle-même… En lisant cet ouvrage dégénéré, j’ai cru comprendre pourquoi les surréalistes se sont tant intéressés à Sade. Il comporte une dimension hallucinée, fiévreuse, déréalisée… On est fasciné, révulsé. C’est une bombe, un vestige obscur.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9782264026996
  • Collection ou Série
    Domaine Français
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    448
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Donatien Alphonse François Sade

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9,50 € Poche 448 pages