Les Guerriers de l'hiver : Le livre de Olivier Norek, Thierry Blanc

J'ai lu un livre qui m'a transporté dans les forêts glacées de Finlande durant l'hiver 1939, du 30 novembre 1939 au 13 mars 1940. "Les Guerriers de l'hiver" d'Olivier Norek raconte l'histoire méconnue de Simo Häyhä, surnommé "la Mort blanche", un tireur d'élite finlandais devenu héros national lors de la Guerre d'Hiver contre l'URSS. Avec son fusil sans lunette de visée, Simo Häyhä a abattu 542 soldats soviétiques - un record inégalé dans l'histoire militaire. Norek nous plonge au cœur d'un conflit oublié où la plus grande armée du monde affronte un état adolescent de 17 ans. La Finlande, 47 fois moins peuplée et 66 fois moins vaste que l'Union soviétique, a résisté 105 jours à l'envahisseur, aidée par son Général Hiver et le "Sisu", cet esprit de résistance finlandais. La force du récit réside dans sa capacité à nous faire vivre cette guerre à hauteur d'homme. Les personnages sont magnifiquement campés, de Häyhä aux soldats de son village de Rautjärvi, jusqu'au légendaire capitaine Juutilainen dit "l'Horreur du Maroc". Le bilan humain fut effroyable : plus de 400 000 soldats soviétiques sont morts, blessés ou disparus (officiellement 350 d'après Staline.. ), contre environ 70 000 Finlandais. Par -50°C, le froid devint un ennemi aussi mortel que les balles. Norek documente méticuleusement cette guerre, rappelant que cette défaite relative de l'Armée rouge encouragea Hitler à lancer l'opération Barbarossa en juin 1941. Impossible de ne pas faire le parallèle avec l'Ukraine actuelle face à la Russie, et le mépris de la vie humaine dans cette Russie éternellement en quête de territoires (conquêtes initiées par Pierre le Grand et Catherine II)

Plus le temps passe et plus Olivier Norek s'éloigne de la banlieue et du flic vengeur avec lesquels nous l'avions découvert. Si son précédent roman m'avait un peu perdu dans la brume, Olivier Norek signe avec ce roman un très beau livre historique. Non seulement il nous raconte de manière admirable la vie incroyable de ces soldats qui affrontent un envahisseur 100 fois plus fort mais aussi et surtout la vie extraordinaire d'un petit paysan qui va devenir héros national et résistant à l'invasion au sens premier du terme. Le style est parfait, pas ampoulée, simple, construit sur le principe d'un roman policier en montrant les stratagèmes des deux cans, les coups et chausse-trappes des guerriers. C'est un beau roman sur une petite histoire de la dernière guerre mondiale.

Magistral ! J’ai toujours peur quand un auteur sort de sa zone de confort mais là je suis bleufée. Je l’ai acheté car la critique était unanime mais je n’était pas convaincu pour être honnête. Je ne connaissais pas la Guerre de l’hiver pour être honnête et comme je l’ai dit j’avais peur de la direction que prenait l’auteur avec ce livre. Mais j’ai adoré. Nous suivons donc c’est 109 jours de guerre entre la Russie et la Finlande petit pays qui a eu son indépendance 20 ans plus tôt. Nous découvrons un peuple soudé, intelligent, tactique et des russes envahis par leur propagande et leur dictateur. J’ai découvert la légende de la Mort Blanche avec le sniper Simo, petit bout d’homme, jeune homme d’ailleurs lors de la guerre au talent et à l’intelligence incroyable.

Olivier Norek publie son roman "Les Guerriers de l'hiver" en août 2024. Cela fait un peu plus de deux ans que les Russes s'acharnent sur l'Ukraine. Le parallèle entre ces deux guerres est frappant. En 1939 comme en 2022, une grande puissance s'en prend à son voisin plus petit que lui. De même que Poutine pensait balayer l'Ukraine rapidement, Staline pensait envahir la Finlande en une dizaine de jours. L'image de David et Goliath s'impose naturellement. Comme les Ukrainiens aujourd'hui, les Finlandais d'hier ont opposé une résistance farouche, animée par leur Sisu, l'âme finlandaise synonyme de courage et témérité. Ce mot pourrait s'attacher aujourd'hui à l'âme ukrainienne. L'armée finlandaise était composée de plusieurs compagnies, compagnies constituées d'hommes d'un même village " Faites de fils d'un même village une compagnie de soldats, qu'ils soient sur le champ de bataille des frères, des amis, des voisins, ils auront ainsi sous leurs yeux ceux qu'ils doivent défence. Ce ne sont pas des étrangers dont ils voudront sauver la vie. Ils n'auront pas d'autre choix que de se battre, car qui oserait déserter lorsque son frère appelle au secours". Un parallèle peut être fait également entre la propagande soviétique, la désinformation qui a l'époque était faite soit par des banderolles tendues entre deux arbres, soit par des prospectus dispersés par l'aviation et la désinformation organisée par les Russes aujourd'hui. Et la haine de l'Occident qui semble omniprésente en Urss alors et en Russie aujourd'hui. Et bien sûr la mégalomanie de Staline et Poutine, ce dernier semblant être un clone du premier. Le roman parle des intérêts stratégiqueset économiques. Derrière l'invasion de la Finlande, concée entre l'Aigle et l'Ours, il y avait, d'une part le rempart contre l'Allemagne Nazie, l'exploitation des richesses de même qu'aujourd'hui l'attaque contre l'Ukraine vise à l'éloigner de l'Otan et à exploiter ses ressources minières. Grâce à ce livre, j'ai découvert cette guerre dont je n'avais jamais entendu parler. Ainsi, la résistance de ce petit pays qu'est la Finlande face à l'URSS a révélé à Hitler les limites de la puissance soviétique, l'amenant à réorienter plus tôt que prévu son offensive vers l'Est, affaiblissant ainsi ses défenses à l'Ouest et donc facilitant le débarquement des Alliés. Pour nous raconter cette guerre, Olivier Norek suit le parcours de Simo et de ses amis qui se sont battus au sein de la 6ème compagnie. On suit leur parcours, leurs espoirs et surtout leur évolution devant l'inadmissible : Tuer un être humain. Olivier Norek a écrit un très beau livre qui suit au plus près cette guerre et toute son horreur, qui nous parle des sacrifices énormes de ces soldats dévoués à leur pays. De même décrit-il bien l'impact de la politique de surveillance stalinienne sur les résultats de cette guerre. A lire absolument en ces temps incertains.