Les Testaments - Edition collector - Tirage limité : Le livre de Margaret Atwood
" J'ai puisé mon inspiration dans toutes les questions que vous m'avez posées à travers les années sur Galaad et ses rouages internes. Mon autre source d'inspiration, c'est le monde dans lequel nous vivons. " Margaret Atwood.
De (auteur) : Margaret Atwood
Traduit par : Michèle Albaret-Maatsch
Expérience de lecture
Avis Babelio
Elea57
• Il y a 5 jours
15 ans après la mise en place de Gilead – et 35 après l’écriture de la Servante Ecarlate – Margaret Atwood raconte la suite de sa célèbre dystopie. Et quelle suite captivante, passionnante et inattendue ! Elle constitue une étude sociologique du monde créé par Atwood en réponse à ses fidèles lecteurs. Une étude à la loupe des rouages de ce système autrefois bien huilé sur le point de s’effondrer. Les révélations ont lieu grâce au récit polyphonique de trois femmes. Issues de milieux différents, elles vont finir par se rencontrer. On retrouve tout d’abord la redoutable et fascinante Tante Lydia décrivant la décadence de Gilead. Bien que faisant partie des fondateurs du régime totalitaire, elle y a été forcée après une arrestation inhumaine alors qu’elle était juge. Cette information la rend subitement plus sympathique. L’ancienne juge réfléchit au système créé et aux problèmes qui perdurent dans ce pays. Certains comportements pernicieux et l’augmentation du taux d’émigration des Servantes traduisent une forte dégradation. Quant au cas de la disparition de « Baby Nicole », passée à la frontière par une Servante, il fascine toutes les âmes, quelle que soit leur origine. D’autre part, le rôle des Tantes est finement décortiqué. Il s’agit d’une élite de femmes toute-puissantes chargées d’instaurer des lois à destination des femmes. Recrutement, formation, prêche, accessibilité aux connaissances et aux secrets les mieux gardés nous sont exposés. Ce personnage nous apostrophe régulièrement et nous interpelle en jouant un double jeu, à la fois brillant et pernicieux. Une grande remise en question la traverse et nous présente une femme d’une grande humanité. Deux autres narratrices intéressantes et déterminées viennent compléter ce récit. Jade, une adolescente Canadienne entraînée pour infiltrer Gilead et Agnès, une jeune femme de bonne famille promise à un riche commandant. L’une ne connait ce monde qu’à travers les documentaires vus à la télé alors que l’autre a été forcée de grandir trop vite. Le mouvement clandestin Mayday est toujours efficace et les fanatiques plus que jamais présents. Le premier tome, centré sur la vie des Servantes, était d’un pessimisme exacerbé sur les dérives du totalitarisme. Je l’ai beaucoup apprécié pour son originalité et son côté visionnaire. Cependant, je trouve cette suite plus lumineuse, prédisant un avenir radieux et enthousiaste en dehors de ce système dégradant. Ce livre apporte à mon avis un éclairage indispensable à ce classique et constitue une réussite.
madamedekeravel
• Il y a 1 mois
Ce roman est à la fois un prequel et une suite de "La servante écarlate", que j'avais beaucoup aimé. D'ailleurs je pense qu'il faut "Les testaments" lire après "La servante écarlate" pour bien comprendre. Margaret Atwood prend la même recette et décline l'histoire sur trois témoignages qui se complètent et se répondent. L'histoire est glaçante, car cette dystopie n'est pas très éloignée de ce que nous vivons : un peu plus de violence, un peu plus de religion, un peu plus de passivité et on y est.
jphial
• Il y a 1 mois
J’aurai bientôt fait le tour de « La Servante écarlate »... L’excellente série au long cours (cinq saisons visionnées à ce jour) m’a incitée il y a quelque temps à remonter à la source du poignant roman de Margaret Atwood. J’ai poursuivi avec le film de Volker Schlöndorff, fidèle reflet du roman mais pâle adaptation au regard de l’inventivité des scénaristes de la série, qui ont su créer différents arcs narratifs à partir du roman de Margaret Atwood et enrichir les personnages d’une ambiguïté qu’ils n’avaient pas dans le roman. Par exemple, Serena Joy Warterford, loin d’être aussi soumise que Galaad l’exige des Epouses, devient dans la série un personnage complexe, déchiré par des forces contradictoires. Elle contribue grandement à étoffer l’intrigue, à complexifier les jeux de pouvoir qui se mettent en place et à approfondir la réflexion sur la résistance des femmes à l’oppression. Après « La Servante écarlate », la lecture des « Testaments » constituait une étape incontournable de mon périple cinématographique et littéraire. 34 ans se sont écoulés entre les deux romans, permettant de mesurer l’évolution de l’écriture romanesque de 1985 à 2019 : la mode du récit choral s’est solidement implantée ces dernières années, probablement influencée par l’écriture scénaristique. Dans « Les Testaments », Margaret Atwood déplace sa caméra et décentre légèrement son propos : on abandonne un récit traditionnellement rédigé selon le point de vue unique de June Offred, qui racontait sa vie de servante à Galaad. Le choix d’un point de vue interne donnait au lecteur la sensation d’être enfermé dans la tête de June, en même temps qu’elle était enfermée dans sa chambre, à attendre comme un objet rangé dans un placard que ses maîtres aient besoin de se servir d’elle – ou plus exactement de son corps. On découvrait la société dystopique de Galaad par petites touches, au fur et à mesure que June se remémorait sa routine quotidienne, son arrivée à Galaad ainsi que sa vie de femme libre, avant son enlèvement. L’approche était autant psychologique qu’initiatique. « Les Testaments » écartent quasi définitivement June du récit pour s’intéresser à d’autres personnages féminins, qui ont le mérite d’éclairer Galaad sous des angles différents : le point de vue des Servantes cède la place à celui des Tantes, chargées de l’endoctrinement des Servantes ; à celui des futures Epouses, jeunes filles vouées à se marier avec les haut responsables libidineux du régime dès qu’elles atteignent la puberté ; à celui de la Résistance qui s’organise à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières. Cette variation des points de vue, annoncée par le pluriel du titre « Les Testaments », constitue un complément à la lecture de « La Servante écarlate » plutôt qu’une suite. Ce second tome peut donc être lu indépendamment du premier. Mais quitte à n’en lire qu’un, mieux vaut lire le premier, qui pose les bases de cette société oppressive et régressive bafouant les droits des femmes. La lecture des « Testaments » n’aborde guère de thématiques nouvelles. Alors pourquoi « Les Testaments », 34 ans après « La Servante écarlate » ? On peut s’interroger sur les raisons de jouer ainsi les prolongations, après un film et trois saisons d’une série à succès. Margaret Atwood déclare avoir voulu répondre aux questions de ses lecteurs qui ne cessaient de l’interroger sur ce qui se passait après la dernière page du roman. Il est vrai que la fin malignement équivoque de « La Servante écarlate » ouvrait la porte à toutes les hypothèses et que les notes historiques ajoutées en appendice donnaient envie d’en savoir un peu plus sur la chute annoncée de Galaad. Il est vrai aussi que les menaces de régression et les privations de droits fondamentaux subies par les citoyens de nombreux pays, y compris ceux des Etats-Unis, entre 1985 et 2019, pouvaient aisément nourrir l’inspiration de la romancière et donner matière à réflexion. C’est donc sans trop d’arrière-pensées pécuniaires et avec un brin de curiosité que j’ai entamé ma lecture des « Testaments ». Le roman s’ouvre sur la confession manuscrite de Tante Lydia, l’une des quatre co-fondatrices de Galaad, déterminée à raconter tous ses secrets afin de faire tomber le régime. Son double jeu n’est pas sans rappeler la fonction donnée à l’ambigu et néanmoins adjuvant commandant Lawrence dans la série. Le ton légèrement ironique qu’elle emploie traduit d’emblée sa prise de distance avec un système qu’elle a pourtant contribué à mettre en place : « Galaad a un problème de longue date, cher lecteur : pour le royaume de Dieu sur terre, il a un taux d’émigration embarrassant. L’exode de nos Servantes par exemple : elles sont bien trop nombreuses à s’être enfuies. » L’utilisation de la deuxième personne du singulier et les adresses répétées au « lecteur inconnu » nous font entrer de plain-pied dans le récit. S’ensuit la transcription du témoignage oral du témoin 369A, prénommée Agnès. Cette enfant a grandi à Galaad et ne connaît que cet univers, dont elle ne perçoit pas tous les défauts. La naïveté du regard de l’enfant permet de faire ressortir par contraste les aberrations du monde dans lequel elle vit. Troisième fil narratif, la transcription des déclarations du témoin 369B, une adolescente âgée de seize ans qui vit au Canada et raconte peu à peu comment elle s’est retrouvée embringuée dans toute cette histoire. L’histoire se passe en partie au Canada, où des missionnaires femmes, les Perles, sont chargées de convertir les habitants au régime et de collecter des informations utiles aux renseignements généraux. La jeune Jade n’a ni froid aux yeux ni la langue dans sa poche : Galaad « était un pays vraiment épouvantable où les femmes ne pouvaient ni travailler ni conduire une voiture, où les Servantes étaient obligées de se faire engrosser comme des vaches, sauf que les vaches s’en tiraient mieux. » Ces trois voix narratives alternent tout au long du roman, le rendant assez agréable à lire, même si le style, le vocabulaire et la façon de parler ne diffèrent que peu d’une narratrice à l’autre et même si ce second tome n’a pas la puissance de dénonciation de « La Servante écarlate ». Là où « La Servante écarlate » creusait la soumission tragique de la population, écrasée par la terreur, le roman « Les Testaments » développe la mise en œuvre d’une résistance née des plus hautes sphères du régime et la discrète propagation de la rébellion au sein de Galaad. On découvre peu à peu comment le régime a fini par être dynamité de l’intérieur. La tension dramatique monte doucement en puissance. « La plupart du temps, [voilà] l’impression qu’on a ici, loin de la guerre, dans le calme du cœur de la tornade. Si paisibles, les rues ; si tranquilles, si ordonnées ; pourtant, sous la surface trompeusement placide, une vibration, du même genre que ce qu’on ressent à proximité d’une ligne à haute tension. On est tendus au maximum, tous autant qu’on est ; on vibre, on tremble, on est perpétuellement sur le qui-vive. On parlait autrefois de règne de la terreur, mais la terreur ne règne pas, pas vraiment. Elle paralyse au contraire. D’où cette douceur anormale. » La première partie du récit est sans conteste la plus intéressante. Elle retrace le quotidien des jeunes filles pré-pubères de Galaad à travers le point de vue d’Agnès (mariages forcés, pédophilie, emprise du sexe masculin sur le sexe féminin…). La vie empoisonnée au cœur de Galaad donne lieu à quelques belles images : « Le reste de la journée se déroulait à la façon d’une fleur toxique, pétale après pétale, avec une lenteur atroce. » On souffre pour ces filles menacées à tout instant d’être réduites à « un tas de pétales verts fanés. » Métaphore filée appréciable dans un roman qui comporte par ailleurs peu d’effets stylistiques… C’est surtout le point de vue de Tante Lydia que tout lecteur amateur de la série ne peut manquer d’apprécier : l’éclairage est enfin porté sur un personnage réduit jusque-là à sa fonction d’opposant. Tante Lydia raconte le pacte qu’elle a dû conclure avec le diable (le commandant Judd) pour survivre. On découvre son parcours de vie, les raisons qui l’ont poussée à accepter de collaborer avec l’ennemi. Le roman s’extrait quelque peu du manichéisme, dans la mesure où l’on découvre ce personnage tortionnaire de l’intérieur, avec son humanité, ses qualités et ses défauts, prisonnière de luttes de pouvoir mettant à tout instant sa vie en jeu. Tante Lydia guide le lecteur à travers le jeu des manipulations et des dissimulations qui régissent les rapports humains à Galaad. Elle le fait passer sans transition d’une époque à une autre : des prémices de Galaad à son déclin, en passant par sa période faste. Ces allers-retours temporels sont créateurs d’émotions. Tante Lydia revient ainsi sur les origines de Galaad, et retrace avec un réalisme qui fait froid dans le dos les évènements qui ont conduit à la création du régime : « Dans mon pays disparu, les choses avaient dégringolé en spirale pendant des années. Inondations, incendies, tornades, ouragans, sécheresses, pénuries d’eau, tremblements de terre. […] La décrépitude des infrastructures – pourquoi personne n’avait démantelé ces fichus réacteurs nucléaires avant qu’il ne soit trop tard ? L’effondrement de l’économie, le chômage, la dénatalité. » L’axiome qui a fait le succès de « La Servante écarlate » reste inchangé : « tout événement qui y survient doit impérativement avoir eu un précédent dans l’histoire des hommes ». Les événements ayant conduit à la création de Galaad s’enchaînent donc avec un réalisme saisissant : le renversement du gouvernement par des terroristes islamistes, la proclamation de l’état d’urgence, la fermeture des tribunaux, l’annulation des cartes bancaires pour les femmes, la promulgation par le gouvernement provisoire d’une loi décrétant que l’argent d’une femme appartiendrait désormais à son plus proche parent masculin, l’abolition de la Constitution et enfin les premières rafles. Le rassemblement et l’enfermement de centaines de femmes dans un stade, privées de l’hygiène la plus élémentaire, soumises à des traitements déshumanisants évoquant les pires atrocités nazies. Tout cela est glaçant. Les premières pages du roman accrochent l’attention du lecteur. Les atrocités de notre monde sont passées en revue : torture, pédophilie, propagande et culte de la personnalité, épuration des mœurs, fondamentalisme religieux, etc. La deuxième partie m’a paru nettement moins intéressante, mais elle satisfera sans nul doute les amateurs de romans d’aventures. Les pages se tournent aisément – jusqu'au survol malheureusement, le dernier tiers de l'œuvre requérant moins d’attention et suscitant moins d’émotions, même si l’intrigue multiplie péripéties et rebondissements. La tension dramatique n’est pas plus intense que dans « La Servante écarlate » mais paraît plus influencée par l’écriture scénaristique. Les trois arcs narratifs se rejoignent ainsi à mi-parcours et orientent l’ouvrage vers une conclusion placée ouvertement sous le signe de l’espoir par la couleur verte qui s’étale sur la page de couverture, remplaçant significativement le rouge sang de « La Servante écarlate ». Les personnages ne rencontrent pas d’obstacles insurmontables sur leur parcours vers la liberté, même si d’inévitables sacrifices sauront toucher les lecteurs. J’ai regretté l’acheminement du roman vers une conclusion assez convenue, réservant peu de surprises. Le lecteur désireux de voir les choses rentrer gentiment dans l’ordre sera satisfait, mais ce dénouement n’a ni la force ni l’ambiguïté de l’ingénieuse fin du premier tome. Ce fut au demeurant une sympathique lecture. Vivement l’arrivée de la saison six sur les plateformes, histoire de boucler définitivement la boucle.
missk_paris
• Il y a 1 mois
J’avais lu La servante écarlate lors du premier mandat Trump et je n’avais, déjà à l’époque, pu m’empêcher de faire le lien entre les politiques menées dans certains états américains et ce qui se passait dans cette dystopie. Autant vous dire que cette suite, écrite plus de trente ans après, se rapproche dangereusement de la réalité (ou inversement, certains libraires américains ont sélectionné des dystopies en précisant que ces livres étaient de la fiction et non un programme politique). Les Testaments ne se contente pas de nous ramener dans l’univers glaçant de Galaad. Il nous le décortique de l’intérieur. Trois voix féminines, trois points de vue, trois destins enchevêtrés. Et surtout, une contre-attaque. Là où La Servante écarlate décrivait la soumission d’une grande partie de la population, Les Testaments nous parle de résistance. Une suite nécessaire que l’on pouvait entrevoir dans l’épilogue de La servante écarlate, sous forme d’une conférence scientifique datant de 2195, qui nous révélait que la République de Galaad finissait par tomber. Nous y sommes ! Aux États-Unis, le retour en force du conservatisme extrême, la montée du masculinisme … Tout cela sonne comme un écho assourdissant à la théocratie de Galaad. Et ce n’est pas de la science-fiction. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles ce livre fait partie des bannedbood et la raison qui me l’a fait sortir de ma pal. Lire Atwood aujourd’hui, c’est se rappeler à quel point nos droits sont fragiles. Et à quel point la littérature peut être une arme. Alors vous savez ce qu’il vous reste à faire : foncez chez votre libraire indépendant !
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782221250518
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- Collection ou Série
- Pavillons
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 552
-
- Dimensions
- 224 x 142 mm
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25,00 € Grand format 552 pages